Tereos : première sucrerie française à produire du bio
2019 était une campagne test, 2020 est celle du développement : dès octobre, 500 ha de betteraves bio seront arrachées puis transformées à la sucrerie d’Attin (62).
Du sucre bio ? Oui mais du sucre bio de betteraves cultivées localement. Pour la deuxième année, Tereos accompagne des agriculteurs partenaires dans la culture de betteraves bio. «La France est le deuxième pays européen consommateur de produits bio, derrière l’Allemagne. Il y a une vraie demande en sucre bio de la part des consommateurs, et donc des industriels, et nous voulons y répondre», explique Laura Loffler, responsable du développement de l’activité bio au sein du groupe. Cette nouvelle activité faisait de Tereros, l’année dernière, la première sucrerie française à produire du sucre de betterave bio (Cristal Union produit cette année 1 000 ha de betteraves bio, ndlr), «et nous en sommes très fiers».
Concrètement, 200 ha ont été récoltés lors de la précédente campagne, et 500 ha répartis dans toute la zone d’approvisionnement de Tereos, cultivés par une soixantaine d’agriculteurs, le seront cette année. Arrachage prévu en octobre, «pour favoriser la rentabilité de la culture». «L’année dernière, le sucre, transformé à l’usine d’Attin (62) était à destination des industriels, précise Laura Loffler. Cette année, nous lançons deux nouvelles gammes : du sucre en petit conditionnement à destination du consommateur final, et de l’alcool bio, qui sera produit dans notre distillerie d’Artenay (45).» Pour les usines, la filière bio nécessite une organisation particulière : «Nous devons tout nettoyer avant l’arrivée des betteraves bio, et les traiter à part pour respecter les règles du cahier des charges.»
Entre 20 et 75 t à 16°
Pour les planteurs également, la toute nouvelle culture est délicate. Il s’agit d’agriculteurs bio, pas forcément coopérateurs à la base, mais qui disposent d’au moins 2 ha pour produire. Le challenge a notamment intéressé Jean-Michel et Nathanael Dransart, installés à Gouy-Saint-André, qui ont débuté leur conversion bio en 2012. «Nous faisions déjà des betteraves en conventionnel, témoigne Nathanael Dransart. Avec la conversion des dernières parcelles l’année dernière, nous avons voulu tenter les betteraves bios, même si on sait qu’elle peut poser problème.»
«Avec des rendements qui ont oscillé entre 20 et 75 t à 16°, nous sommes conscients de la difficulté de produire de la betterave bio», ajoute Xavier Dupuis, chef de projet agricole chez Tereos. Principal enjeu : la gestion de l’enherbement. «Pour cela, nous utilisons des combinaisons d’outils de désherbage, puis le manuel prend le relais. Nous procédons aussi à des essais agronomiques, comme la fertilisation, les variétés, la densité de semis…» La gestion des pucerons, très présents cette année, est également délicate. «Les betteraves bio sont semées plus tardivement, quand les auxiliaires sont présents, note Xavier Dupuis. Nous disposons aussi de produits de biocontrôle. Mais nous ne pouvons pas éviter les problèmes de jaunisse.»
L’accompagnement est plus que de mise : groupes WhatsApp, visites de parcelles, groupes d’échanges entre planteurs bio… «Nous fonctionnons différemment qu’en conventionnel, explique Jean-Michel Dransart. Nous avons un référent qui nous suit personnellement. C’est rassurant.»
Quelle rentabilité ?
Quant à la rentabilité : «nous n’avons pas d’historique, alors l’estimation est compliquée, confie Nathanael Dransart. Tout dépendra de la récolte, des taux de sucre et du rendement. Mais nous savons déjà que nous avons un nombre d’heures de désherbage à l’hectare assez conséquent !» Pour donner une visibilité aux planteurs bio, Tereos annonce un prix de base de 80 E/t, plus 200 E/ha pour couvrir les aléas de rendement, ainsi qu’une valorisation selon le prix de vente du sucre bio. L’objectif, pour l’année prochaine, est de poursuivre le développement de cette filière porteuse.
M. S. Lesne : «la fierté de la Région»
«De plus en plus de ménages veulent consommer du bio. Alors qu’un acteur régional comme Tereos se lance dans une filière bio fait la fierté de la Région», se réjouit Marie-Sophie Lesne, vice-présidente en charge de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et la bio-économie de la Région Hauts-de-France. L’élue rappelle que «l’opportunité économique crée l’engagement». Pour booster cette attractivité, elle rappelle que la Région soutient la conversion des exploitations en agriculture biologique (à travers notamment du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles, de l’aide à la multifonctionnalité, à l’agroforesterie, aux aides aux investissement et à la valeur ajoutée pour le versant picard et au pass Agri filières).
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