«Faire de la France l’un des leaders mon-diaux dans la valorisation de biomasse»
Christophe Rupp-Dahlem, élu en décembre dernier à la tête du pôle Industries et Agro-Ressources (IAR) implanté dans l’Aisne, a pour objectif de contribuer au développement de la bioéconomie et aux stratégies d’innovation.
Pouvez-vous nous rappeler les missions du pôle IAR ?
Depuis quinze ans, le pôle IAR accompagne ses adhérents et l’ensemble des acteurs de la bioéconomie dans tous les champs de la production et de la valorisation des ressources biologiques. Start-up, grands groupes, établissements universitaires et de recherche, collectivités locales... Ils sont nombreux à avoir sollicité l’appui du Pôle pour ses services, son expertise et son vaste réseau. L’ambition d’IAR est de faire de la France l’un des leaders mondiaux dans la valorisation de biomasse. Pour réussir ce challenge, le Pôle travaille à renforcer la compétitivité et l’industrialisation des entreprises de la bioéconomie par l’innovation, en structurant et fédérant un écosystème unique au monde.IAR compte aujourd’hui 430 adhérents avec par exemple les groupes Avril, Cristal Union, Lesaffre, Roquette, Soufflet, Tereos et Vivescia. Il accueille chaque année une quarantaine d’adhérents supplémentaires. Depuis sa création, plus de 350 projets collaboratifs d’innovation ont été soutenus, représentant deux milliards d’euros d’investissements. Une équipe d’une trentaine de personnes, placée sous la responsabilité de Boris Dumange, directeur général, et d’Antoine Peeters, directeur général délégué, permet d’animer toutes ces actions.
Vous avez été élu président du pôle IAR en décembre dernier. Pouvez-vous vous présenter ?
Natif de l’Aisne (Chéry-lès-Pouilly), diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Lille en 1983, j’ai réalisé la grande partie de ma carrière dans le groupe Roquette où j’ai occupé des responsabilités dans le support technique, le marketing, les ventes, l’innovation et les relations extérieures. Je suis depuis cinq ans directeur des Affaires publiques du groupe Roquette. Je suis président de Protéines France et de la Commission Thématique Inter filière Bioéconomie de FranceAgriMer. Je maîtrise et connais bien les rouages et la stratégie du Pôle IAR dont je suis membre depuis plus de dix ans. Mon action va d’ailleurs s’inscrire dans la continuité des actions menées par mon prédécesseur Yvon Le Hénaff : positionner le Pôle IAR en tant que représentant de la bioéconomie en France et au niveau européen.
Quelles sont vos priorités ?
Le pôle IAR oeuvre en faveur d’une politique d’innovation efficace, guidée par une nouvelle stratégie IAR 202. La mobilisation des différents acteurs intervenant dans notre secteur, l’encouragement à l’innovation, le développement et l’industrialisation de solutions aux niveaux français et européen et la promotion de la bioéconomie française dans une approche holistique font partie des actions majeures. Je souhaite que l’on continue à développer les offres de services, en particulier l’offre d’intelligence économique et le soutien à la participation de projets ou consortium européens. Le Pôle est historiquement investi à Bruxelles, ce qui nous a permis de nous positionner comme coordinateur et partenaire de certains projets européens qui ont des re-tombées économiques concrètes sur le territoire français comme les projets de premières unités industrielles d’Ynsect, d’Afyren ou plus récemment de Circa. Avec les plans de relance, il y aura des opportunités pour les entreprises pour se faire accompagner dans le développement de projets, soit par l’État français, soit au niveau européen. Nous allons également accélérer nos actions à destination de nouveaux domaines comme l’agroalimentaire, les bio-intrants et la cosmétique.
Où en est-on aujourd’hui dans les projets de recherche pour l’agriculture ?
Pour nourrir 10 milliards d’habitants à l’horizon 2050, l’humanité devra disposer de produits sûrs, sains et durables. C’est dans cette perspective qu’IAR avance et valorise les ingrédients innovants en mettant l’accent sur leur naturalité qui répond à une demande croissante des consommateurs. Les protéines végétales font partie des solutions pertinentes, tant sous l’angle de la santé que de l’environnement. L’idée est de mettre du végétal au coeur de l’assiette. Le pôle IAR anime déjà l’association Protéines France. Elle réunit des acteurs qui développent des solutions, par exemple pour produire des steaks ou des saucisses végétales. Les flexitariens représentent aujourd’hui 40 % des milléniums et le marché des protéines végétales pour l’alimentation humaine est en croissance de 15 % par an. En plus des protéines, nous nous intéresserons à d’autres ingrédients tels que les nouvelles fibres pré-biotiques, les ferments du futur… Tous ces sujets entrent dans le cadre d’une alimentation durable favorable à la santé et font l’objet d’une stratégie d’accélération.
Comment cela se passe sur le terrain ?
Nous avons aujourd’hui une réelle prise de conscience de l’intérêt de la bioéconomie pour répondre aux enjeux santé et environnement. La Commission Européenne vient de fixer un objectif ambitieux en termes d’empreinte carbone : baisser nos émissions de gaz carbonique de 55 % en 2030 (par rapport à 1990) et atteindre la neutralité carbone en 2050. La bioéconomie sera une des voies de cette décarbonation : par les bio-intrants pour une agriculture raisonnée, par les bioénergies (chaudière biomasse, biogaz et biocarburants), par les produits et matériaux biosourcés pour notamment le bâtiment et l’emballage et par des ingrédients cosmétiques et alimentaires d’origine végétale. La plupart des acteurs présents au sein du pôle IAR agissent dans ce sens du champ au consommateur.
Six axes stratégiques
Christophe Rupp-Dahlem a pour objectif est de contribuer au développement de la bioéconomie et aux stratégies d’innovation, notamment en tant qu’instrument essentiel dans l’élaboration des stratégies bioéconomie adoptées par les Régions Grand Est et Hauts-de-France qui visent toutes deux le leadership européen. Les actions du pôle IAR sont polarisées sur six axes stratégiques : bio-ressources, alimentation humaine et animale, chimie biosourcée et biotechnologies industrielles, produits et matériaux biosourcés, bioénergies, procédés et technologies. L’une des priorités de Christophe Rupp-Dahlem est de développer encore davantage l’axe agroalimentaire pour répondre à l’enjeu majeur de notre souveraineté alimentaire : «Je porterai cette vision avec détermination, animé par la conviction que la bioéconomie est une partie de la réponse collective aux grands défis économiques, alimentaires, sociétaux et écologiques de demain».
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