Une diminution du nombre d'exploitations agricoles
Les chiffres du premier recensement agricole publiés par la Draaf (Direction régionale de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt) sont explicites. Entre 2010 et 2020, le nombre d'exploitations a chuté et la taille moyenne des exploitations progresse.

Selon les résultats provisoires du recensement agricole, on compte 389.000 exploitations agricoles en France métropolitaine, soit environ 100.000 de moins qu'il y a 10 ans. Si la baisse est continue depuis les années 70, cette dynamique baissière est moins forte que lors de la précédente décennie : - 2,3 % par an entre 2010 et 2020, contre - 3,0 % par an entre 2000 et 2010.
La surface agricole utile française se stabilise toutefois à 26,7 millions d'hectares (baisse de 1 % par rapport à 2010) soit près de 50 % du territoire métropolitain. Moins nombreuses mais évoluant sur une surface constante, les exploitations s'agrandissent donc. En 2020, elles font en moyenne 69 hectares (ha), soit 14 ha de plus qu'en 2010 (+ 25 %) et 27 ha de plus qu'en 2000.
Une agriculture diversifiée
En 2020, 52 % des exploitations sont spécialisées en production végétale contre 45 % en 2010. Le nombre d'exploitations spécialisées en production végétale diminue moins fortement que le nombre total d'exploitations (- 9 % au lieu de - 21 %), malgré un recul en viticulture et en arboriculture fruitière. Quant aux exploitations maraîchères ainsi que certaines exploitations de grandes cultures, leur effectif, au contraire, s'accroît en 10 ans.
À l'inverse, les exploitations spécialisées en élevage sont celles dont les effectifs se réduisent le plus, en parallèle de l'accroissement des surfaces. Entre 2010 et 2020, leur nombre diminue de 31 % (- 64.000). La baisse est encore plus marquée parmi les exploitations combinant plusieurs types d'élevages, tels ceux de bovins conjuguant production de lait et de viande (- 41 %) ou parmi les fermes associant cultures et élevages (- 41 % également).
Une surface qui se maintient
La surface agricole utile française représente 26,7 millions d'hectares utilisés, soit près de 50 % du territoire métropolitain (55 millions d'hectares). Ce chiffre se stabilise puisqu'en 10 ans, il diminue seulement de 1 %.
La tendance est donc bien à la consolidation de l'espace du sol français dédié à l'agriculture après de forte diminution depuis les années 80. Cela signifie également que, malgré une baisse du nombre d'exploitations, la surface agricole reste stable, au service de notre souveraineté alimentaire et de la préservation des paysages.
Cet enjeu de préservation des sols, notamment autour de politiques de lutte contre l'artificialisation, est central pour notre agriculture. L'enjeu principal est de préserver les capacités de production également. Mais aussi, leur imperméabilisation a un impact sur l'accélération du cycle de l'eau et limite la disponibilité de l'eau dans le contexte du changement climatique. Par ailleurs, les sols peuvent également avoir un rôle important dans la captation de carbone. Par les plantes qui y poussent et les pratiques agricoles qui y sont développées, les sols ont un formidable rôle à jouer dans l'atteinte de nos objectifs de neutralité carbone d'ici 2050.
Le modèle des exploitations familiales reste majoritaire
En 2020, 759.000 personnes occupent un emploi permanent dans les exploitations agricoles. C'est l'équivalent de 583.000 emplois permanents à temps plein, soit une baisse de 12 % en 10 ans. Cette main-d'oeuvre permanente assume toujours la majeure partie de l'activité, mais la contribution des différents types d'actifs permanents au travail global de l'exploitation évolue différemment entre 2010 et 2020. Si la part des chefs d'exploitation et co-exploitants est stable, celle des aidants familiaux (hors co-exploitants familiaux) se réduit tandis que celle des salariés permanents non familiaux augmente. Les salariés saisonniers assurent le reste des heures travaillées dans les mêmes proportions en 2020 qu'en 2010. Du personnel externe d'entreprises de travaux agricoles (ETA), de coopératives d'utilisation de matériel agricole (Cuma) ou de groupement d'employeurs peut également être mobilisé. La part des exploitations qui y ont recours reste stable en 10 ans (56 %).
Une professionnalisation accrue des métiers agricoles
Alors que les exploitations agricoles font de plus en plus appel à des salariés permanents non familiaux (+ 4 points entre 2010 et 2020), les agriculteurs sont également de plus en plus diplômés.
Le niveau de diplôme des chefs d'exploitation et co-exploitants a continué de s'accroître massivement entre 2010 et 2020. 55 % d'entre eux ont un diplôme au moins égal au baccalauréat, c'était 38 % en 2010 (soit + 17 points). Le nombre de diplômés du supérieur a augmenté également : 27 % en 2020 après 17 % en 2010 (soit + 10 points). Ce renforcement de la formation des chefs d'exploitations est fortement corrélé au renouvellement des générations en agriculture. En effet, les jeunes agriculteurs sont plus qualifiés que leurs prédécesseurs. Par exemple, un écart de 50 points sépare les chefs d'exploitations de moins de 40 ans ayant le baccalauréat (83 %) de ceux de plus de 60 ans (30 %).
Cette dynamique est également à mettre en perspective avec des résultats très encourageants pour l'enseignement agricole notamment pour l'année scolaire 2021-2022 : une hausse historique de 22 % du nombre d'apprentis (de 37.425 en 2019 à 45.717 en 2020) ; une hausse des effectifs élèves à la rentrée 2021 (de 154.404 en octobre 2020 à 155.620 en octobre 2021) ; un taux de réussite de 90,7 % lors de la session d'examens de juin 2021.
Un renouvellement encore difficile
La proportion de jeunes exploitants de moins de 40 ans reste stable (20 %) avec en 2020, 100.500 agriculteurs de moins de 40 ans. Cependant, celle des chefs d'exploitations et co-exploitants de 60 ans ou plus est celle qui s'accroît le plus avec 5 points supplémentaires en 10 ans (de 20 % en 2010 à 25 % en 2020). Aujourd'hui, 58 % des chefs d'exploitations et co-exploitants ont 50 ans ou plus, un chiffre en augmentation de 6 points depuis 2010. Ces chiffres montrent un vieillissement certain de la population agricole et le besoin d'engager une politique volontariste encourageant le renouvellement des générations en agriculture.
Au niveau européen, la France conserve tout de même une forte part d'exploitants ayant moins de 40 ans. Par exemple, au Royaume-Uni, celle-ci s'élève seulement à 12 % et, en Hongrie, à moins de 10 %.
France Relance et France 2030
Depuis 2020, plus de 4 milliards d'euros ont été alloués au service des transitions du monde agricole et notamment celles tendant vers une agriculture plus durable et plus qualitative. Ces soutiens à l'investissement se sont matérialisés via les plans France Relance et France 2030 dont l'objectif est à la fois de moderniser, d'innover et de déployer des nouvelles solutions au service de nos agriculteurs.
Après son lancement en septembre 2020, France Relance a permis d'accompagner déjà plus de 30.000 projets concourant notamment à la réduction des intrants dans les productions mais aussi au renforcement de l'alimentation locale et solidaire.
Préfiguré dès novembre 2021, via les appels à projets du Plan d'investissements d'avenir, France 2030 permet de soutenir la 3ème révolution agricole pour relever deux défis majeurs de notre agriculture : celui du carbone et celui de la nutrition.
L'enjeu de la féminisation de la profession agricole
La part des femmes à la tête des exploitations agricoles se stabilise à 27 % en 2020 (soit un 1 point de moins en comparaison à 2010) en France métropolitaine. 130.068 femmes sont cheffes d'exploitation, co-exploitantes et associées en 2020. Ces chiffres nous montrent que les métiers agricoles doivent être rendus plus attractifs pour les femmes. Cela passe aussi par une plus grande reconnaissance de leur travail (petites retraites des conjoints), mais aussi par une meilleure prise en compte des équilibres de vie (congé maternité, congé paternité...). Sur ces sujets, le gouvernement a notamment porté des réformes permettant une meilleure reconnaissance des femmes au sein des exploitations agricoles.
Depuis le 1er janvier 2019, les femmes cheffes d'exploitation ne parvenant pas à se faire remplacer après la naissance d'un enfant peuvent bénéficier d'une indemnité journalière (55,51 EUR par jour pour 2022). Dans le même temps, l'indemnisation des congés maternité en cas d'impossibilité de se faire remplacer a été étendue à l'ensemble des non-salariées agricoles dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2022. De deux semaines auparavant, la durée minimale d'arrêt de travail est désormais portée à huit semaines pour les travailleuses indépendantes et les exploitantes agricoles enceintes : pour pouvoir bénéficier de leur indemnisation, l'arrêt devra comprendre au minimum deux semaines de congé prénatal et six semaines de congé postnatal.
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