L'Oise Agricole 16 octobre 2021 a 11h00 | Par Actuagri

Les charcutiers soutiennent l'abandon de la castration à vif

Les entreprises de charcuterie-traiteur défendent une prise en charge des surcoûts par les consommateurs et appellent à une concertation sur l'évolution de la production en 2022.

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La viande de mâles entiers présente un certain nombre d'inconvénients pour les transformateurs.
La viande de mâles entiers présente un certain nombre d'inconvénients pour les transformateurs. - © Pixabay

Lors de la présentation de son rapport d'activités le 7 octobre dernier, la Fédération des entreprises françaises de charcuterie-traiteur (Fict) a indiqué vouloir accompagner les éleveurs et la filière porcine dans l'arrêt de la castration à vif des porcelets qui entrera en vigueur en janvier 2022. Les entreprises du secteur souhaitent «que le coût de la castration sous anesthésie ne soit pas supporté par l'éleveur» et qu'il soit «pris en charge par le consommateur, dans l'esprit de la loi Egalim 2», a indiqué le président du syndicat, Bernard Vallat, qui défend l'objectif «de développer la contractualisation pour faciliter la répercussion des coûts». La fédération milite pour «l'élaboration d'un accord professionnel sous l'égide d'Inaporc afin de formaliser un modus operandi entre les maillons de la filière».

Un risque de déséquilibre

Débouchés des trois quarts de la viande de porc produite en France, les entreprises du secteur appellent cependant à la vigilance sur les conséquences d'une évolution mal concertée de la production. «Nous alertons sur le fait qu'un développement excessif du mâle entier (...) provoquerait une pénurie de mâles castrés en France», les entreprises ayant besoin de viande de mâles castrés étant alors contraintes de «s'approvisionner auprès de fournisseurs étrangers», souligne Bernard Vallat. Ce dernier assure en effet que la viande de mâles entiers présente un certain nombre d'inconvénients pour les transformateurs. «La qualité et la quantité de gras des viandes issues de mâles entiers ne sont pas compatibles aujourd'hui avec la fabrication de certains produits, en particulier les salaisons sèches», insiste le président de la fédération. En outre, le fait de ne pas castrer les porcs «peut entraîner un pourcentage significatif de porcs à la viande odorante, qui ne peuvent pas être utilisées dans la plupart des produits».

Plus de bientraitance dans Le Porc Français

Pour faciliter la transition du marché dans les mois qui viennent, la fédération contribue à la réalisation d'études «pour améliorer l'utilisation de mâles entiers lorsque cela est possible et fiabiliser le tri des carcasses odorantes à l'abattoir» et identifier et déployer les solutions alternatives à la castration comme la castration sous anesthésie, mais aussi l'immuno-castration réalisée à l'aide de vaccin. Enfin, les transformateurs de porc se félicitent que le label Porc Français intègre désormais des critères liés à la bientraitance animale comme l'abreuvement, la lumière, la densité, la diminution de l'usage des antibiotiques et la conduite des animaux en abattoir. «Ce nouveau cahier des charges, en cours de déploiement dans les élevages, doit devenir la norme à la fin du premier semestre 2022», escompte la Fict.

Les dirigeants de la fédération se sont également félicités des dernières évolutions de la loi Egalim 2, dont ils assurent «partager l'objectif d'une sanctuarisation du revenu des agriculteurs en instituant la non-négociabilité des prix des matières premières agricoles». Le texte de compromis issu de la commission mixte paritaire, adopté à l'Assemblée nationale le 6 octobre, entérine quelques évolutions attendues par les transformateurs comme la reconnaissance des indices des pièces de découpe de porc (Inaporc-FranceAgriMer) dans les contrats, la création d'une clause de révision automatique des prix selon l'évolution des prix des matières premières agricoles ou encore le maintien de la date-butoir pour la conclusion des conventions. Le Sénat devait adopter définitivement le texte le 14 octobre 2021.

La Fict sereine sur l'appel de Yuka

Les dirigeants de la fédération des entreprises de charcuterie traiteur (Fict) ont assurés être «sereins» concernant la procédure d'appel introduite par la populaire application Yuka, qui permet de scanner les produits alimentaires et cosmétiques en vue d'obtenir des informations sur l'impact d'un produit sur la santé. L'application avait été en effet condamnée en mai dernier par le tribunal de commerce de Paris pour «pratiques déloyales et trompeuses» et pour «dénigrement» à propos de l'usage des nitrites dans la charcuterie. L'application associait des mentions très négatives aux charcuteries ayant recours aux nitrites, «alors que les entreprises respectent scrupuleusement la réglementation nationale et européenne» dans ce domaine et que les seuils français sont même inférieurs aux seuils autorisés par l'UE, argumente la Fict. Les tribunaux de commerce d'Aix-en-Provence et de Brive, saisis par des entreprises de charcuterie, ont rendu des jugements allant dans le même sens, «avec des attendus exceptionnellement étayés», ont fait valoir les avocats de la Fict. Un avis de l'Anses sur les risques associés à la consommation de nitrites et nitrates, très attendu par les professionnels, devrait sortir d'ici au début de 2022.

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