L'Oise Agricole 19 janvier 2023 a 08h00 | Par Christophe Soulard

La difficile naissance de l’affichage environnemental

La loi Climat et Résilience promulguée en août 2021 prévoit un écoscore sur les produits alimentaires. Par ailleurs, une grande majorité des Français y sont favorables. Il reste maintenant à s’accorder sur la méthode. Ce qui n’est pas le moindre des défis.

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L'ecoscore est un indicateur représentant l'impact environnemental des produits alimentaires.
Il classe les produits en cinq catégories (A, B, C, D, E), de l'impact le plus faible, à l'impact le plus élevé.
L'ecoscore est un indicateur représentant l'impact environnemental des produits alimentaires. Il classe les produits en cinq catégories (A, B, C, D, E), de l'impact le plus faible, à l'impact le plus élevé. - © Agence de presse

Selon un sondage dévoilé à la mi-janvier par BVA pour le collectif En Vérité, pas moins de 86 % des Français se déclarent «intéressés par un affichage environnemental (…) sur les produits alimentaires». Les consommateurs veulent en effet «avoir le choix» dans leurs actes d’achat et cet ecoscore à la manière du Nutriscore mis en place depuis 2017 ou du Planetscore expérimenté par l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) pourrait être une manière de leur redonner ce choix, a expliqué Sébastien Cotin, cofondateur du collectif En Vérité. Et «créer les conditions d’une information juste et loyale sur les emballages», a-t-il ajouté. Autrement dit, les consommateurs veulent de la transparence, en particulier sur les piliers informationnels que sont notamment la qualité (labels), l’origine (terroir) et les additifs (liste des ingrédients).

De nombreuses marques alimentaires, membres du collectif, souhaitent généraliser cette démarche et apporter encore plus de précisions, sur l’étiquetage, sur la manière dont les produits qu’ils achètent protègent l’environnement. Trois critères informationnels supplémentaires permettraient d’éclairer un peu plus les clients : la biodiversité, les pesticides et le climat (impact carbone). Selon le sondage BVA, 91 % des Français consulteraient un indicateur permettant d’évaluer l’utilisation de pesticides s’il existait. Pour 39 %, ce serait même «le critère le plus important pour évaluer l’impact environnemental d’un produit alimentaire». Par ailleurs, 25 % des sondés placent un mode d’élevage respectueux en tête de leurs critères de choix pour un produit alimentaire. «Il y a une réelle attente», a souligné Sébastien Cotin.

«Momentum politique»

Mais sur quelle base scientifique s’appuyer pour déterminer les critères de cet affichage environnemental ? Le très controversé Nutriscore, issu de la Loi de modernisation de notre système de santé (2017) s’appuie sur les résultats d’Agribalyse, une base de données publique élaborée par l’Agence de la transition écologique (Ademe). Agribalyse raisonne en termes d’analyse de cycle de vie (ACV) qui, selon de nombreuses organisations agricoles, à commencer par l’interprofession Bétail et viandes (Interbev), «recèle de nombreuses incohérences». Ainsi avec les indicateurs d’Agribalyse «une viande issue d’un élevage industriel américain type feedlot serait mieux notée d’un point de vue environnemental qu’une viande bio ou issue d’une production herbagère en France» ! Et comparer «de la viande et des carottes, c’est compliqué», a concédé David Garbous du collectif En Vérité.

Sabine Bonnot, porte-parole de PlanetScore ne cache pas non plus qu’Agribalyse n’est pas la panacée. Il n’en reste pas moins que, selon les organisateurs de la conférence de presse, «il existe un momentum politique», c’est-à-dire un élan concomitant entre la volonté des élus et les attentes des consommateurs. Ce qu’a reconnu Pascal Dagras, qui travaille sur ce dossier au ministère de la Transition écologique. «Cela nécessite qu’une première proposition soit mise sur la table dans les prochains mois pour qu’elle soit discutée, critiquée par tous les acteurs concernés (…), la méthode doit être robuste», a-t-il précisé. Car elle est encore loin d’être aboutie. Concrètement, une première proposition sera livrée avant la fin de l’année 2023 et débattue entre les différentes parties prenantes. «Viendra le temps des critiques et de la concertation et de la définition de critères et de méthodes supplémentaires», a indiqué Pascal Dagras.

Encore faudra-t-il que ces indicateurs qui, selon les termes de Régis Olagne, directeur de clientèle à BVA, devront être «concrets et précis», soient acceptés par tous. Simplifier des données aussi complexes et nombreuses en quelques lettres et codes couleur ne serait pas chose aisée.

 

Négociations commerciales : les distributeurs absents, la FNSEA et JA furieux

Les représentants de la grande distribution étaient absents de la réunion du Comité de suivi des relations commerciales le 16 janvier. «Cette attitude de la chaise vide est tout simplement inacceptable et nous le déplorons avec gravité», ont vivement réagi la FNSEA et Jeunes agriculteurs dans un communiqué commun. En «snobant» cette réunion, les grandes enseignes donnent le signe qu’ils «craignent la fin de leur position dominante pour imposer encore et toujours une baisse de prix destructrice pour l'économie française et les emplois dans le premier secteur employeur de main-d'oeuvre en France», ont souligné les deux syndicats agricoles qui ont dénoncé le «cynisme» et «l'attitude des distributeurs qui refusent d'admettre que toutes les charges ont augmenté». L’incompréhension semble d’autant plus grande chez les agriculteurs que «l'heure est plutôt au dialogue et à la recherche de solutions pour partager l'effort entre acteurs de la chaîne alimentaire», ont estimé FNSEA et JA.

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