L'Oise Agricole 12 septembre 2024 a 07h00 | Par Christophe Soulard

ZAN : l'AMF tire la sonnette d'alarme

Bien qu'ils rappellent vouloir tendre vers un objectif « de sobriété foncière garant des enjeux de protection des sols, des espaces et de la biodiversité », les élus de l'Association des maires de France réclament un éclaircissement des règles de la loi Zéro artificialisation nette (ZAN).

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Déjà en mars dernier, France Stratégie s'était inquiétée d'une application assez périlleuse de cette loi ZAN.
Déjà en mars dernier, France Stratégie s'était inquiétée d'une application assez périlleuse de cette loi ZAN. - © C.Pruilh

L'Association des maires de France (AMF) demande «l'arrêt des obligations inapplicables, un changement de méthode et plus de cohérence pour atteindre l'objectif Zéro artificialisation nette (ZAN)», a-t-elle indiqué le 24 juillet dans un communiqué de presse. L'objectif de la loi est qu'en 2050 plus aucune terre ne soit artificialisée en France, en appliquant le principe : un hectare artificialisé / un hectare renaturalisé. L'objectif est triple : préserver les terres agricoles et la souveraineté alimentaire qui en découle ; protéger et reconquérir la biodiversité et enfin réduire les effets négatifs de l'artificialisation sur la gestion de l'eau et la décarbonation notamment. L'AMF s'agace très fortement contre les manquements de la loi du 20 juillet 2023 : «délais d'application trop contraints, doctrine administrative (...) rigide, mise en oeuvre de la garantie communale disparate en fonction des régions, absence de désignation des référents territoriaux...», liste l'Association des maires présidée par David Lisnard.

Prix du foncier

Cette fronde envers les pouvoirs publics fait suite à une enquête menée au printemps (entre le 23 mars et le 7 mai) auprès de l'ensemble de ses adhérents et publiée le 24 juillet. Parmi eux, 4.754 ont répondu. Ils représentent 95  % de communes et 7 % d'intercommunalités, assure l'AMF. De cette enquête, il ressort qu'une partie non négligeable (plus de 30 %) ne se considère pas bien informée, y compris sur les échéances d'intégration dans les documents d'urbanisme. De même les élus locaux s'inquiètent du manque de moyens techniques, juridiques et financiers : «Une grande majorité des répondants constate des délais d'intégration trop courts, au regard d'un certain nombre de facteurs, notamment le coût des procédures, le manque d'ingénierie», rapporte le document. L'association des maires demande la levée des nombreux points de blocage parmi lesquels, «les modalités de décompte et de mutualisation de la garantie communale d'un hectare», la prise en compte des efforts passés dans la décennie (ou les 20 ans pour les Schémas de cohérence territoriale), et la mise à disposition des données sur la consommation (réelle) d'espaces naturels, agricoles et forestiers. Ils observent aussi que les textes actuels sont en totale incohérence entre d'un côté l'objectif ZAN et de l'autre le développement des installations d'énergies renouvelables bénéficiant de dérogations. C'est pourquoi ils demandent la création d'outils de régulation du prix du foncier et d'inclure un paramètre du type bâtiment basse consommation ou à énergie positive comme effet atténuateur du coefficient ZAN.

«Mise sous cloche »

Déjà en mars dernier, France Stratégie s'était inquiétée d'une application assez périlleuse de cette loi ZAN. Les maires ruraux par l'entremise de leur association s'étaient alarmés en juin 2023 d'une possible «mise sous cloche de leurs communes». Pour eux, la ZAN limite considérablement leur potentiel de développement économique. En s'affranchissant des enjeux majeurs que constituent notamment la rénovation et la revitalisation des coeurs de villages et de bourgs, cette ZAN obère considérablement leur attractivité. C'est pourquoi ils ont émis huit propositions parmi lesquelles un «réel "plan Marshall" en faveur de la réhabilitation du bâti vacant dans les communes»  ; «l'inversion de l'exigence», c'est-à-dire «permettre plus à ceux qui ont artificialisé moins». Ce projet doit définir l'espace à mobiliser et non l'inverse ; Il faut qu'il existe une cohérence de l'ensemble au niveau de Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET)... Aujourd'hui, pas moins de 3,5 millions d'hectares sont artificialisés en France, auxquels s'ajoutent 20.000 hectares chaque année.

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