L'Oise Agricole 07 février 2024 a 15h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Yaël Braun-Pivet au chevet des exploitants agricoles dans l'Oise

La présidente de l'Assemblée nationale a, dès le début de sa mandature, entrepris un un tour de France dans le cadre de sa politique d'ouverture. Alors que les blocages prenaient fin vendredi dernier, elle a voulu rencontrer les responsables agricoles de l'Oise avant son programme officiel de la journée.

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De gauche à droite : Nathanaël Rosenfeld, maire d'Orry-la-Ville, Adrien Dupuy, Alice Avisse, Vincent Vecten, Bernadette Bréhon, Pascal Foucault, Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée Nationale, Régis Desrumaux, Adélie Van Butsèle, Luc Smessaert, Clarisse Van Butsèle, Éric Woerth et Claude Dulamon, sous-préfet de Senlis.
De gauche à droite : Nathanaël Rosenfeld, maire d'Orry-la-Ville, Adrien Dupuy, Alice Avisse, Vincent Vecten, Bernadette Bréhon, Pascal Foucault, Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée Nationale, Régis Desrumaux, Adélie Van Butsèle, Luc Smessaert, Clarisse Van Butsèle, Éric Woerth et Claude Dulamon, sous-préfet de Senlis. - © DLC

La visite officielle du 2 février démarrant à 11 h  15 à France Galop à Chantilly, la rencontre a eu lieu à 10 heures à Orry-la-Ville, chez Adélie Van Butsèle, exploitante agricole en polyculture sur 165 ha. «Je travaille seule sur mon exploitation dont les terres sont de qualité très moyenne, avec beaucoup de sables. Je fais appel à la Cuma de Péroy-les-Gombries dont je suis présidente pour les semis et la moisson. Je suis en fermage, avec 70 propriétaires différents et je le dis clairement : mon expploitation ne me permet pas de vivre. C'est grâce à mes indemnités de présidente de la Cuma, à laquelle je consacre beaucoup de temps, que j'arrive à élever mes deux enfants», confesse d'entrée l'exploitante à Yaël Braun-Pivet.
La faute à des prix trop bas, des charges trop élevées, une forte pression administrative et une réglementation incohérente : «Supprimer les NNI (néonicotinoïdes) tueurs d'abeillles alors qu'on n'a jamais vu une seule abeille dans un champ de betteraves !»
Et d'évoquer aussi les problèmes de voisinage qu'elle a rencontrés lorqu'elle a construit son bâtiment. Le dossier de Vincent Verschuere est alors expliqué à la présidente de l'Assemblée Nationale : les procédures, le mal-être des agriculteurs accusés de tous les maux, le vivre ensemble à la campagne, les chartes de bon voisinage, les ZNT...

Simplification
Yaël Braun-Pivet a déjà bien compris la chappe de plomb réglementaire sur les agriculteurs et la sur-transposition des textes européens. «Il y a un vrai besoin de simplification et cela va être le travail des préfets dans les prochaines semaines. La future loi d'orientation agricole va être un grand rendez-vous parlementaire. Je peux vous assurer que grâce à votre mobilisation, les députés et même le grand public ont compris les difficultés dans lesquelles se trouvent les agriculteurs», assure Yaël Braun-Pivet.
Les élus syndicaux (Luc Smessaert, Pascal Foucault, Régis Desrumaux, Adrien Dupuy et Vincent Vecten, Alice Avisse, Bernadette Bréhon) multiplient les exemples : les tas de fumier dont les dimensions sont normées (hauteur, distance...), les dates auxquelles doivent être semés les couverts, le contrôle par satellite, le dossier Pac que chacun fait vérifier par son animateur FDSEA tant il a peur d'avoir oublié de cocher une case, lourde de conséquences, cet agriculteur contrôlé cinq fois en six mois et qui fond en larmes en demandant au contrôleur de partir...
Sont abordés également les aides Pac qui ne sont que la compensation de la baisse des prix décidée en 1992 pour permettre à chacun d'avoir accès à une alimentation pas chère.
«Rappelons quand même que ces aides ont été diminuées de moitié depuis leur mise en place et qu'à la moindre erreur dans le bouclage des animaux ou le non respect de dates, l'exploitant peut se voir appliquer une pénalité de 2 ou 3 % sur l'ensemble de ses primes Pac», soulignent les élus FDSEA.

Transmission
Yaël Bran-Pivet interroge les présents : «Avez-vous des enfants qui reprendront votre exploitation ?»
«La taille de ma ferme est dans la moyenne de l'Oise, mais je ne pense pas que mes enfants continueront l'exploitation familiale», répond Adélie Van Butsèle. D'autres espèrent que oui, mais s'inquiètent de l'avenir d'un métier passion où l'on ne gagne pas sa vie en regard du temps passé. «En élevage laitier, 6 à 8 EUR/h avec un investissement très lourd à l'installation, est-ce vraiment à souhaiter ?»
Pourtant, les écoles d'agriculture font le plein, les jeunes veulent s'installer en se diversifiant plutôt qu'en s'agrandissant et il faudra trouver des passerelles pour permettre plus facilement les installations hors cadre familial et agricole. «On ne renouvellera les générations que si les retraites agricoles sont décentes, si le métier est respecté et s'il est possible de l'exercer sereinement, sans contrainte réglementaire excessive.»
La présidente de l'Assemblée Nationale, avant de poursuivre son programme, résume en trois points les sujets sur lesquels les agriculteurs veulent des résultats concrets rapidement. D'abord, un revenu décent, avec des prix protégés par une loi Egalim appliquée correctement et des charges maîtrisées.
Ensuite, le ras-le-bol de la tracasserie administrative, chronophage lorqu'il faut remplie des dossiers et souvent cause d'une charge mentale que beaucoup ont du mal à supporter (la goutte d'eau qui fait déborder le vase).
Et, enfin, la lutte contre les distorsions de concurrence vis-à-vis des pays tiers ou même de nos voisins européens à cause d'une surtransposition franco-française qui plombe la compétitivité de nombreuses filières agricoles françaises.
Après presque deux semaines de mobilisation dans l'Oise et la visite de Yaël Bran-Pivet, le message semble être passé. En attendant des actes avant le prochain Salon de l'agriculture.

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