L'Oise Agricole 11 mars 2021 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Xavier Bertrand à l’écoute du monde agricole pour un prochain mandat

Le président de la Région Hauts-de-France était en visite dans l’Oise vendredi dernier où il a tenu à rencontrer les responsables agricoles.

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Le président de région veut bâtir une politique agricole régionale qui redonne aux Hauts-de-France de grandes ambitions.
Le président de région veut bâtir une politique agricole régionale qui redonne aux Hauts-de-France de grandes ambitions. - © Dominique Lapeyre-Cave

Le rendez-vous était organisé chez Alexandre Dugrosprez, à Sainte-Eusoye, pour un barbecue en commun et à l’air libre, assez venté même, mesures sanitaires obligent. Denis Pype, conseiller régional, et, pour la FDSEA, Régis Desrumaux, Bernadette Bréhon, Alice Avisse, Éric Labarre, Grégory Blot, Luc Smessaert, Hervé Ancellin, également président de Chambre d’agriculture, Gwenaëlle Desrumaux pour les JA, composaient la délégation agricole, complétée de Pierre Dugrosprez, le père d’Alexandre, ainsi que de Jean Cauwel, maire de Breteuil, et Cyril Rousseau, agriculteur à Plainval.

Premier sujet abordé, les inondations que subissent de manière récurrente et prolongée les agriculteurs du Noyonnais en vallée d’Oise. «L’eau reste plus de dix jours sur nos parcelles de blé et endommagent sérieusement le potentiel. Nous ne sommes pas contre le fait que nos parcelles soient inondées pour que des habitations ne le soient pas mais, avec des durées qui s’allongent, cela commence à poser problème», constate Bernadette Bréhon. Éric Labarre, président d’arrondissement de Compiègne, pointe des mésententes entre les départements de l’Aisne et de l’Oise sur la gestion de la rivière, un manque de transparence sur les procédures de décision ainsi que sur le «curage», mot d’ailleurs banni du vocabulaire. «On arrive ainsi à voir des opérations de curage des cours d’eau dans des zones Natura 2000 alors que les agriculteurs n’y ont pas droit, déplore Éric Labarre. Pourtant, en 2014, une charte sur l’entretien des cours d’eau a été élaborée de façon concertée, mais force est de constater qu’elle ne fonctionne pas à cause de lourdeurs administratives. La DDT et l’OFB, Office français de la biodiversité, se renvoient la balle, personne ne veut prendre de responsabilités.»

Le président de Région fait part de son envie de créer un office régional de la biodiversité et de s’impliquer plus fortement dans la gestion de l’eau : «gérer l’eau, ce n’est pas seulement intervenir pendant l’hiver en cas d’inondations, c’est aussi stocker l’eau en excès afin de pouvoir l’utiliser l‘été quand elle vient à manquer». Et Xavier Bertrand d’affirmer sa volonté de bâtir une vraie politique régionale agricole au sein de laquelle la ressource en eau aura toute sa place : profiter des travaux du canal Seine-Nord Europe pour aménager des réserves d’eau pour la lutte contre les incendies et l’irrigation et utiliser les eaux de stations d’épuration pour arroser.

Puissance agricole

Xavier Bertrand veut faire des Hauts-de-France la première région agricole française et il ne veut pas que l’agriculture subisse ce que l’industrie a subi par le passé. D’où une politique extrêmement volontariste à bâtir. Il met en avant l’ISR, indemnité stabilisatrice de revenu, c’est-à-dire mettre de l’argent de côté les bonnes années pour en bénéficier en cas de mauvaise récolte. «J’aimerais tester un tel dispositif sur la production betteravière. Abondé par des fonds européens, ce dispositif relève d’un principe assurantiel auquel la Région pourrait participer». Le président de Région n’oublie pas qu’il a été assureur avant d’entrer en politique! À Grégory Blot qui l’interpelle sur le photovoltaïque, Xavier Bertrand répond y être très favorable, d’autant plus qu’il aimerait installer une usine d’assemblage d’unités photovoltaïques dans les Hauts-de-France, maillon d’une réindustrialisation ; il est prêt à aider financièrement cette filière, mais se montre plus réservé sur le photovoltaïque au sol : «par contre, je crois beaucoup au développement des panneaux sur des bâtiments existants ou à construire».

Enfin, aux responsables syndicaux qui lui font part de leur réflexion pour valoriser les ZNT (zones de non traitement), qui représentent potentiellement 10.500 ha sur l’Oise, par des jachères mellifères ou des cultures pérennes de biomasse, il se montre intéressé par une idée qui va dans la continuité de la politique régionale sur la plantation d’arbres et la réhabilitation de haies et de chemins.

«Il faut que les collectivités locales installent des chaudières biomasse pour valoriser ces ZNT. La Région pourrait s’impliquer dans ce cas. Si on veut garder des agriculteurs dans les dix ans à venir, il faut leur donner les moyens de produire et les soutenir afin de créer des filières vertueuses qui profitent à tout le territoire», conclut Xavier Bertrand. Un volontarisme qui ne peut que rassurer des agriculteurs en plein doute.

- © agence de presse

Succès pour le Salon régional de l’agriculture en numérique

«Avec déjà plus de 300.000 vues et des internautes qui suivent le salon régional de l’agriculture en live pendant 15 minutes en moyenne, chiffres relevés ce vendredi matin, c’est déjà un formidable succès», se réjouit Xavier Bertrand. Au point d’imaginer pérenniser ce dispositif, même si le salon reprend ses habitudes porte de Versailles les prochaines années. «Cela permettrait à ceux qui ne peuvent pas se déplacer à Paris de vivre un peu plus intensément l’évènement», analyse le président de Région. Au final, le salon régional aura reçu un million de visites, un véritable succès  !

Willy Balderacchi, éleveur ovin dans l’Oise, a participé à une émission du salon, diffusée le dimanche matin. Selon lui, la région Hauts-de-France a réalisé une belle initiative pour faire vivre l’un des plus grands événements de France : «Un an sans Salon de l’agriculture, pour nous, agriculteurs, cela fait très mal. On a appris l’annulation de cet évenement en octobre. Mes ovins étaient déjà préparés pour les concours. Mais cette initiative régionale a permis de refaire vivre le salon d’une autre manière, ce qui est très bien.» Malgré le manque de temps pour les interventions sur le plateau, Willy Balderacchi affirme que les débats ont été constructifs. «Même si je n’ai pas pu parler de la filière ovine dans la région, on m’a chargé d’expliquer le rôle des concours. Souvent, les gens viennent pour assister aux concours, mais n’en comprennent pas la finalité. De ce fait, lorsque les personnes verront les plaques dans une exploitation, elles réaliseront l’utilité que cela nous apporte.»

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