Willy Schraen : «La chasse est le reflet de la société française»
La Fédération nationale des chasseurs (FNC) a présenté, le 5 septembre, les résultats très complets d'une étude économique, environnementale et sociétale conduite par les cabinets Randea et Xerfi Spécific. Pour leur président, Willy Schraen, les chasseurs devraient être appelés à de nouvelles missions dans les prochaines années.
«L'activité cynégétique française pèse pas moins de 4,2 milliards d'euros (MdEUR) et contribue au produit intérieur brut du pays à hauteur de 3,6 MdEUR. En net, ce sont 2,9 MdEUR de valeur ajoutée qui sont créés et qui sont directement injectés dans l'économie française, pour 37.400 d'emplois équivalents temps plein (etp)», a indiqué Jérémy Robiolle, directeur du développement de Xerfi Spécific. Les 963.000 chasseurs détenteurs du permis dépensent annuellement, en moyenne, 3.260 euros par personne, somme à laquelle il conviendrait d'ajouter 1.200 euros de frais de véhicule par personne et par an. Par comparaison et toutes choses égales par ailleurs, les 4 millions de pratiquants du tennis ne génèrent que 1,04 MdEUR pour 18.130 etp et les 800.000 golfeurs (amateurs et professionnels) ne parviennent à dégager que 915 millions d'euros de CA pour 15.530 etp. Les aménités positives de la chasse se mesurent également en termes d'environnement et de ruralité. En effet, pas moins de 800.000 chasseurs en sont engagés (hors sorties de chasses) en moyenne 27 jours par an pour des activités bénévoles au profit de la collectivité. Plus de la moitié de ces 27 jours (16,5 jours) concernent l'entretien des chemins, la sécurisation de l'activité, l'animation du réseau fédéral, etc. Le restant (10,5 jours) est attribué au suivi des espèces, à la surveillance des milieux, mais aussi aux actions socioculturelles et à quelques menus services rendus à la commune. «Près de 435.000 chasseurs sont impliqués dans l'entretien des chemins. A titre de comparaison, ils ne sont que 9.000 à le faire à la Fédération française de randonnée», a expliqué Marie-Laetitia des Robert, dirigeante de Randea. L'action globale de ces 800.000 chasseurs bénévoles représente 173 millions d'heures par an, soit l'équivalent de 108.000 etp.
Le berger et le loup
«Les chasseurs sont le reflet de la société française dans son ensemble», a poursuivi Willy Schraen pour qui cette activité de passion va être appelée à remplir de nouvelles missions dans les prochaines années. Ainsi, le président de la FNC n'exclut pas que l'État puisse recourir ponctuellement aux services des chasseurs pour réguler le loup. «Aujourd'hui, le chasseur est dans la posture suivante : je chasse, je tue, je mange», a-t-il affirmé s'appuyant sur les résultats de l'étude : Pas moins de 90 % du tableau de chasse est distribué aux participants, quand 6 % de la viande est valorisée et commercialisée*.
«Même si nous restons prudents et que la régulation du loup s'affiche comme une mission de service public, il se peut qu'on fasse appel à nous pour des prélèvements ponctuels», a-t-il continué, arguant de la gratuité du service et d'un certain savoir-faire. «Entre le berger sur les estives et le loup, j'ai choisi le berger sur les estives», a-t-il insisté. Interrogé sur les dégâts de gibier, il a rappelé l'accord national auquel la FNC a abouti en début d'année, avec le monde agricole, en particulier les syndicats agricoles (FNSEA, JA, Confédération paysanne et Coordination rurale, ndlr). Il s'irrite cependant que des fédérations départementales de chasseurs «paient des dégâts pour des territoires dans lesquels il n'y a plus de chasseurs (...). Dans les trois ans qui viennent, nous devrions avoir revu le système d'indemnisation», a-t-il laissé entrevoir.
(*) 3% sont donnés aux associations caritatives et il y a 1% de pertes.
Profil démographique et sociologique
Plus de 75 % des chasseurs (77 % exactement) sont des ruraux et résident dans une commune rurale telle que définie par l'Insee. 4 % viennent des petites villes, 11 % des centres urbains intermédiaires et 7 % des communes densément peuplées (métropoles). En termes de catégorie socioprofessionnelle, une part prépondérante (32 %) sont classés dans les «dirigeants, cadres supérieurs», devant les employés (20 %), les professions intermédiaires (17 %), les ouvriers (12 %) et les agriculteurs. «Les agriculteurs chassant sont encore plus nombreux à l'être durant leur temps d'activité professionnelle», a indiqué Marie-Laetitia des Robert. Ce qui motive le plus les chasseurs, c'est «de prendre du temps en pleine nature» (53 %), «de partager de la convivialité avec des gens diversifiés (52 %), de pratiquer une activité mêlant les générations» (42 %) «et de faire partie d'un groupe, d'une équipe» (33%). Ils sont 82 % à estimer que leur activité contribue («tout à fait», 64 % et «assez» (24 %)) «à la préservation de la biodiversité». Ils sont presque tout autant (80 %) à se considérer «comme une sentinelle de la nature» et à «participer à la vie sociale et culturelle du territoire» (74 %).
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