Vol au-dessus d’un nid de nuisibles
Rémy Lamour, fauconnier effaroucheur, utilise des rapaces pour chasser des colonies de nuisibles. Cette technique de chasse a la particularité d’être l’une des plus anciennes pratiquées par l’homme.
«Ce n’est pas une chasse facile car elle est naturelle, la proie a ses chances. Mais qu’importe, ce que l’on veut voir avant tout, ce sont de beaux vols», explique Rémy Lamour. La fauconnerie a toujours été un passe-temps, un loisir pour cet ancien fonctionnaire.
«Cela a conditionné ma vie en parallèle car c’est un exercice très prenant. J’étais moniteur GTPI (gestes techniques professionnels d’intervention) pour les groupes d’intervention spécialisés comme pour le Raid. J’ai subi de nombreuses blessures, ce qui m’a conduit à penser à autre chose. Il y a six ans, un groupe du nom d’Avipur m’a recruté. Cette entreprise est spécialisée dans la dératisation, la désinsectisation et la dépigeonnisation. À la demande de plusieurs industriels, ils ont ouvert une spécialité fauconnerie afin de développer le secteur. Par manque de moyens pour ma spécialité, j’ai décidé de partir et de travailler avec un ami», détaille-t-il.
La fauconnerie, l’acte de chasse même, l’a amené à faire de l’effarouchement. En quelques années, il était devenu numéro un français sur l’effarouchement en milieu industriel, notamment sur les goélands.
Avec ses 30 ans d’expérience en fauconnerie, Rémy Lamour a commencé à faire son nid et a décidé de prendre son envol en ouvrant son entreprise 2L Effarouchement durant la période du confinement.
«En plus, je suis en train d’élaborer un protocole pour les aéroports civils en France. Les gens croient qu’il y a des fauconniers qui font de l’effarouchement dans les aéroports civils, mais il n’y en a pas, sauf sur les bases aériennes. Il faut savoir qu’il y a tout de même entre 2 et 300 % d’augmentation des collisions aviaires. Cela peut provoquer de gros dégâts dans un avion. Je dois rencontrer le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, ainsi que Jean-Michel Taccoen, conseiller régional délégué à l’environnement, pour développer cette protection au sein de la région, mais aussi de l’étendre au niveau national afin d’écarter tous risques sur les pistes d’aviation.» assure-t-il.
Un avenir prometteur
Comment fonctionne l’effarouchement ? «Il faut penser comme l’oiseau : il faut un bon sens de l’observation et gérer beaucoup de choses. L’approche, le vent, l’angle d’attaque… Les conditions météorologiques rentrent également en jeu, que ce soit le vent, la pluie et le ciel bas, tous ces facteurs peuvent jouer sur l’efficacité du rapace», explique-t-il.
Il existe deux types de chasse. Premièrement, le bas vol. Pour celui-ci, deux types d’oiseaux peuvent être utilisés, la buse de Harris (un petit aigle d’Amérique du Sud) ou l’autour des palombes (espèce proche de l’épervier d’Europe). Ils sont donc envoyés en poursuite de corvidés (corbeaux freux, corneilles, étourneaux, mouettes, goélands…)
«Sachant que lors d’une intervention spécifique sur des espèces protégées comme le goéland ou la mouette, on doit monter un dossier avec la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) qui prend plusieurs mois donc il faut s’y prendre en amont. Ceci dit, avec cette méthode, on démontre que les moyens de pyrotechnie ou acoustiques, enfin tout ce qui a été utilisé jusque-là, ça ne fonctionne pratiquement plus.» La chasse à bas vol est une intervention éclair ! Les oiseaux chassent en ligne horizontale très près du sol, c’est relativement court et rapide.
La deuxième méthode est le haut vol. Cette technique utilise surtout des faucons pèlerins, mais aussi des gerfauts ou des sacres. Ce dernier monte en carrières et tourne en cercle à une hauteur d’une centaine de mètres. Il effectue un piqué vertigineux sur les colonies qui déménagent en un rien de temps à plusieurs kilomètres.
«Lorsqu’il y a des attaques, on a forcément des prises. Quand on intervient sur une espèce protégée, il faut justement avoir une autorisation de dérangement intentionnelle avec un quota de prises», explique Rémy Lamour. Dans un milieu agricole, Rémy Lamour a plus de facilité à chasser dans un cadre naturel.
«D’ailleurs, j’ai rencontré Régis Desrumaux, président de la FDSEA 60, afin de participer à des colloques pour proposer des solutions. On a malheureusement peu de jeunes qui s’intéressent vraiment à cette activité. Ce métier implique une grande rigueur et des inconvénients. On doit être auprès de l’oiseau pratiquement 365 jours par an. Il faut être pointu et bien connaître ses oiseaux pour les entraîner, surveiller leur poids de forme…
Il faut aussi nettoyer les structures, avoir les infrastructures nécessaires et avoir accès à un territoire de chasse adapté. Cela implique aussi sa famille et ça devient un mode de vie. Même pour les vacances, ce n’est pas un chien que l’on transporte dans une voiture (rire). Mais cela reste une métier très accessible. Et surtout, la beauté du vol est incomparable. Les personnes qui peuvent assister à cela deviennent accro à cette méthode chasse» affirme Rémy Lamour.
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