L'Oise Agricole 13 juillet 2022 a 17h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

VNF et la profession agricole réitèrent leur volonté d'avancer dans le respect de chacun

C'est un coup de semonce qu'ont voulu donner les agriculteurs le jeudi 7 juillet devant le siège local de Voies navigables de France, à Compiègne : la mise au gabarit européen de l'Oise, en lien avec le canal Seine Nord Europe, se fera s'ils ne sont pas la variable d'ajustement et si leurs conditions sont respectées.

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Petite démonstration de force devant le siège de Voies navigables de France (VNF). Quelques tracteurs et remorques sont venus rappeler au maître d'ouvrage que les agriculteurs ne comptent pas pour du beurre.
Petite démonstration de force devant le siège de Voies navigables de France (VNF). Quelques tracteurs et remorques sont venus rappeler au maître d'ouvrage que les agriculteurs ne comptent pas pour du beurre. - © DLC

C'est Guillaume Ribein, chef de l'unité territoriale d'itinéraires Seine-Nord qui a accueilli seul et avec calme la délégation d'une vingtaine d'agriculteurs, directement impactés par le projet ou venus par solidarité avec leurs collègues. La FDSEA de l'Oise et Jeunes Agriculteurs avaient appelé à la mobilisation face au peu de réponses fournies par Voies navigables de France alors que l'inquiétude grandit dans les campagnes.

Régis Desrumaux, président de la FDSEA, Alice Avisse-Bahu, sa secrétaire générale, Hervé Ancellin, président de la Chambre d'agriculture de l'Oise, Bernadette Bréhon, membre de Chambre en charge du suivi du chantier du canal Seine Nord Europe, et Alain Cugnet, responsable local FDSEA, se voulaient les porte-parole de ceux qui s'inquiètent pour la pérennité de leur exploitation. En effet, le projet Mageo touche directement des exploitations de taille petite et moyenne, souvent orientées vers l'élevage.

D'entrée de jeu, les agriculteurs font savoir qu'ils ne s'opposent pas au projet Mageo mais qu'ils n'entendent pas être la variable d'ajustement. «Les emprises foncières sont importantes et la terre, c'est l'outil de travail des agriculteurs», rappelle Hervé Ancellin. Un hectare de perdu doit être compensé par un autre hectare : la Safer a soumis dernièrement à VNF des propositions d'acquisitions foncières pour compenser les emprises, mais elles sont restées sans réponse et ces terres sont perdues maintenant, ce qui mécontente particulièrement les agriculteurs. Pourtant, dans le cadre du chantier du canal Seine Nord Europe, alors que la déclaration d'utilité publique n'avait pas encore été prononcée, VNF avait accepté de financer des acquisitions foncières, assez loin du tracé, pour compensation. «On ne sent pas la même volonté d'aboutir à des solutions pour Mageo», se désole Régis Desrumaux.

Autre demande des agriculteurs : que les aménagements fonciers soient réalisés avec inclusion d'emprise, «plus faciles pour ramener les réserves dans la zone aménagée et plus solidaires», mais jugés plus longs et plus coûteux par VNF. Cette procédure est la plus adaptée en cas de grand projet comme Mageo, à condition que le périmètre remembré soit 20 fois supérieur à la surface de l'emprise. En cela, et les responsables professionnels insistent, les exploitants concernés par Mageo veulent être traités selon les mêmes conditions que ceux touchés par le canal.

À l'écoute

Guillaume Ribein, bien que responsable Seine-Nord, ne gère pas le dossier Mageo, traité par ses collègues parisiens, mais il se veut à l'écoute des doléances des agriculteurs, qu'il leur transmettra. «Rassurez-vous : Voies navigables de France veut que le projet Mageo se déroule au mieux, au service du territoire, qu'il ne soit pas qu'une autoroute à péniches.»

Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir signé les conventions envoyées en août de l'année dernière, interroge Bernadette Bréhon. Et puis il reste la question des compensations environnementales dont la portée n'a pas été déterminée, mais dont la profession craint qu'elles ne représentent une double peine pour les agriculteurs impactés. Quid des dépôts de terre, provisoires ou définitifs ? Thierry Leysens, agriculteur à Beaurepaire, soulève la question de la stabilité des berges, de la gestion de l'eau et de l'accès aux parcelles.

Les agriculteurs entendent avoir rapidement des réponses à ces questions. Sans quoi, ils pourraient faire preuve d'inertie et ne pas permettre des prises de possession anticipées, que VNF réclame. Guillaume Ribein leur promet que certains points seront résolus lors une prochaine réunion qui doit se tenir le 19 juillet.

D'ici là, VNF doit faire le point avec la préfète et les agriculteurs tiennent à ce que les pouvoirs publics soient bien informés de l'état d'esprit des exploitants agricoles concernés et de leurs responsables : de bonne volonté mais fermes sur leurs positions.

Le projet Mageo

Le projet Mageo concerne la mise au gabarit européen de la rivière Oise entre Compiègne et Creil afin qu'elle puisse accueillir des bateaux d'une longueur de 180 m, d'une largeur de 11,40 m et transportant jusqu'à 4.400 tonnes de marchandises. La section de l'Oise entre Creil et Conflans-Sainte-Honorine a déjà été aménagée à ce gabarit dans les années 1970.

Le tracé du projet Mageo présente un linéaire de 42 km depuis le pont SNCF de Compiègne jusqu'à l'écluse de Creil et concerne 22 communes. Les travaux visent à élargir le lit de l'Oise, l'approfondir ou modifier le tracé du cours d'eau actuel dans certains secteurs afin d'aménager un chenal de navigation compatible avec la catégorie de bateaux attendue, protéger les ouvrages d'art existants et réaliser un site de compensation hydraulique visant l'écrêtement des crues de l'Oise.

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