Visite privée de la plateforme des Chambres des Hauts-de-France
Cette année, crise sanitaire oblige, les Chambres d’agriculture des Hauts-de-France n’ont pas organisé leur traditionnelle journée de visite ouverte à tous.
À la place, le mardi 9 juin, deux visites étaient organisées sur rendez-vous, dont une pour les responsables agricoles. Par la suite, les groupes de développement viendront sur le site de Catenoy (Oise), accompagnés de leur conseiller de secteur, ainsi que des groupes d’agriculteurs des départements voisins. Plusieurs expérimentations originales retiennent l’attention à côté des classiques essais variétés ou conduite, toujours très appréciés.
Face au réchauffement climatique, à la limitation des moyens de lutte chimique à cause de l’évolution de la réglementation ou de l’apparition de résistances, nombreux sont les agriculteurs qui recherchent de nouvelles cultures à implanter. «Avant d’imaginer que des filière entières puissent se constituer, il faut déjà que nous sachions si ces cultures, à bas niveaux d’intrant, sont possibles dans nos régions, avec des itinéraires adaptables aux agriculteurs, explique Virginie Météry, chef de projet expérimentation à la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France. Nous avons donc implanté des cultures qui présentent un intérêt : cameline, sarrasin, quinoa, lin oléagineux, lupin de printemps, lentilles, colza de printemps et soja. Après l’hiver humide que nous avons connu et le printemps sec qui semble se prolonger, nous remarquons tout de suite des différences. Le colza de printemps n’a pas poussé, les lentilles sont développées et le sarrasin s’en sort très bien. Nous avons du recul sur les lentilles que nous testons depuis 10 ans déjà. L’idéal est de les semer avec une céréale qui servira de tuteur car c’est une plante basse difficile à récolter.» Les lentilles ne représentent qu’un marché de niche, pour la vente au détail.
Pour le soja, les essais de la plateforme portent sur des variétés comparées à Obélix, la référence. À ce stade de l’année, le constat est là : le printemps a empêché le développement des nodosités et il faudra apporter une fertilisation azotée pour pallier ce manque, un comble pour une légumineuse ! Néanmoins, cette plante intéresse des producteurs qui ne peuvent plus cultiver de pois à cause de l’anthracnose et dont les surfaces betteravières sont en baisse pour des raisons économiques. Les filières sont parfois difficiles à se mettre en place car les organismes stockeurs (OS) ont du mal à traiter ces productions marginales. «La solution peut aussi être de mettre en place des cultures associées, à la condition que les OS puissent assurer le triage», détaille Virginie Météry.
Le sarrasin semble prometteur car il est adapté au changement climatique, c’est une culture peu exigeante, capable de se développer dans des conditions de sécheresse et qui résiste bien au gel.
Enfin, des essais portent sur des légumineuses africaines, le lab-lab par exemple, peu exigeantes et qui supportent le manque d’eau. Le pois chiche, le sorgho pour l’ensilage font également partie des cultures testées à Catenoy.
Résistance à la JNO
Suite au retrait des néonicotinoïdes contre les pucerons vecteurs de la jaunisse nanisante de l’orge, un essai plus traditionnel, celui sur différentes variétés d’escourgeon, tolérantes ou non à la JNO et semées à deux dates différentes : le 4 ou le 25 octobre. Par exemple, Salamandre, orge deux rangs tolérante, et KWS Tonic, non tolérante. Avec le semis du 4 octobre, les variétés non tolérantes sont visiblement impactées alors que les tolérantes ont résisté.
Par contre, pour le semis plus tardif, les variétés non tolérantes sont autant développées que les tolérantes. Un semis plus tardif évite donc les attaques de pucerons, qui ont été particulièrement fortes l’automne dernier, rendant l’essai particulièrement probant.
Céréales immatures
Autres essais de la plateforme de Catenoy, celui des céréales immatures (récoltées sous forme d’ensilage en mai), à destination des éleveurs ou des méthaniseurs. Sont essentiellement testés le seigle, l’escourgeon, le triticale ou des mélanges entre ces céréales, avec deux dates d’export : le 5 ou le 25 mai. L’idée est de trouver l’équilibre entre la productivité (valeur alimentaire ou pouvoir méthanogène en fonction de l’utilisation) et la possibilité de semer derrière une autre culture. Pour un export au 25 mai, c’est le triticale le plus intéressant, surtout la variété Tribeca (13,5 t MS/ha). Pour un export au 5 mai, le seigle, avec 10 t MS/ha est la modalité la plus intéressante, suivi par l’escourgeon.
Ensuite, un essai de double culture vise à voir quelle espèce semer, le 14 mai en l’occurrence, derrière un seigle exporté en mai. Des espèces sont comparées : maïs, sorgho, soja, tournesol, orge de printemps et sarrasin. Avec les conditions sèches de l’année, c’est le sarrasin qui s’en sort le mieux, malgré une préparation du sol grossière début mai, juste après récolte du précédent. Le maïs a aussi bien levé. Reste à attendre les résultats de récolte pour affiner la modalité la plus intéressante. Tout l’intérêt de la plateforme.
La plateforme en ligne
Les Chambres d’agriculture des Hauts-de-France vous proposent de suivre l’évolution des micro-parcelles de la plateforme de Catenoy en ligne :
- sur leur site internet : https://www.hautsdefrance.chambres-agriculture.fr/ onglet «expérimentation»
- sur Facebook : https://www.facebook.com/chambres.agriculture.HautsdeFrance/
- sur la chaîne Youtube d’Innov’actu : https://www.youtube.com/channel/UCYUy45_ZUIBdho4U7NOMElw/videos
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