Vers une hausse des primes de 10 à 25 % en 2022
Pacifica et Groupama ont confirmé la hausse des primes de l’assurance récolte pour 2022. Les cotisations vont augmenter de 10 à 25 % en fonction des cultures assurées – sauf prairies – et de la sinistralité dans les territoires. Malgré cela, les deux assureurs estiment que peu d’agriculteurs se détourneront de la MRC.
Les cotisations (dites ‘primes’) que les agriculteurs payent pour bénéficier d’une assurance multirisques climatiques (MRC, dite ‘assurance récolte’) vont augmenter en 2022. Cette hausse qui avait été annoncée par le journal Les Echos le 21 octobre, sans en préciser l’ampleur, a été confirmée le 8 novembre par les assureurs Pacifica (groupe Crédit agricole) et Groupama. «Ce n’est pas de gaieté de coeur que nous allons majorer nos cotisations, mais cela est nécessaire pour continuer de proposer aux agriculteurs des garanties qui ont du sens et qui les protègent face au changement climatique», a expliqué le directeur du marché de l’agriculture et de la prévention de Pacifica Jean-Michel Geeraert. D’après lui, sur la petite dizaine d’assureurs qui distribuent de la MRC, au moins trois ont commencé à informer leurs clients d’une hausse tarifaire depuis juin.
Moins d’options chez Groupama
Pacifica prévoit une hausse des primes «comprise entre 15 et 25 %», selon M. Geeraert. De son côté, Groupama prévoit une hausse des cotisations de «10 à 15 %», pouvant approcher 25 % pour la viticulture, a indiqué la directrice assurances Delphine Létendart. Les deux piliers de l’assurance agricole ont ajouté qu’il y aura des différences dans les territoires en fonction de la sinistralité, et que l’augmentation tarifaire ne concernera pas ou peu les prairies.
En outre, Groupama cessera d’offrir deux options trop coûteuses à financer : le rachat de franchises inférieures à 20 % et la garantie complément de rendement.
Chez Pacifica, Jean-Michel Geeraert a accepté de détailler la hausse tarifaire par type de culture. «En production de grandes cultures, cela veut dire passer de 12 E à 15 ou 16 E de l’hectare net de subvention», a-t-il indiqué. Tandis qu’en arboriculture, elle passera «de 310 à environ 370 E/ha». Malgré le changement des conditions tarifaires, Groupama pense que peu d’agriculteurs vont quitter la MRC en 2022, d’ici la grande réforme de la gestion des risques qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2023. Même constat chez Pacifica, où Jean-Michel Geeraert estime que la MRC a largement fait ses preuves auprès des agriculteurs assurés qui ont essuyé des sinistres : «Entre 2016 et 2021, nos assurés en grandes cultures ont reçu en moyenne 65 E/ha et par an; et nos assurés en viticulture ont perçu en moyenne 611 E/ha et par an.»
Objectif : 75 % de rapport sinistre à prime
À l’heure actuelle, les assureurs estiment que la MRC leur coûte trop cher. Ils pointent une «dérive» des coûts provoquée par l’accélération des aléas climatiques depuis cinq ans. Chez Pacifica, le rapport sinistre sur primes – qui mesure la rentabilité de l’assurance – est «d’environ 135 % sur la période 2016-2020», selon M. Geeraert. Chez Groupama, il est «supérieur à 110 %» sur la même période, d’après Mme Létendart. Autrement dit, le montant des sommes dépensées par les deux assureurs pour indemniser les sinistres est 1,3 à 1,1 fois supérieur au montant des cotisations perçues.
Pour atteindre «un point d’équilibre» économique, ils visent un rapport sinistre à prime aux alentours de 75 %. «C’est un rapport plutôt classique dans l’assurance qui nous permettrait de couvrir l’ensemble de nos frais de gestion, de commercialisation et nos coûts de réassurance», a affirmé la directrice assurances de Groupama.
L’assurance récolte à la mi-janvier au Parlement
Devant les sénateurs, le 23 novembre, Julien Denormandie a précisé le calendrier du projet de loi de l’assurance récolte au Parlement. Après son examen par le Conseil des ministres, le 1er décembre, le projet sera soumis en première lecture à l’Assemblée nationale, le 16 janvier 2022. La discussion au Sénat devrait intervenir dans la foulée. Le ministre de l’Agriculture estime que la nouvelle loi sera adoptée définitivement avant la fin de la mandature, c’est-à-dire d’ici le mois de juin. Si ce calendrier est respecté, elle devrait entrer en vigueur au début 2023. En tout cas, c’est ce qu’espère le ministre.
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