Vents contraires pour l’éolien en Hauts-de-France
Le Conseil régional organisait le 13 novembre à Flavacourt la première d’une rafale de réunions pour dire stop à l’éolien.
La salle était trop petite pour accueillir les participants, maires, conseillers régionaux et départementaux, élus municipaux ou simples habitants. Il faut dire que le sujet de l’éolien passionne : une banderole «Non au parc éolien» flotte au vent à l’entrée de Flavacourt, en opposition à un projet mené par la commune voisine d’Eragny-sur-Epte. C’est Alexis Mancel, conseiller régional, qui menait les débats aux côtés de Xavier Hue, maire de Flavacourt. Il se réjouissait de la forte participation à la première d’une série de réunions qui se déroulera sur toute la région. Alexis Mancel rappelait que la loi fait obligation au préfet de signer en faveur des projets, même si les collectivités locales ou la population s’y opposent.
A partir de ce constat, depuis une dizaine d’années, les projets se sont multipliés pour en arriver à 1.577 mâts installés en Hauts-de-France, 733 projets en cours de validation et de nombreux autres à venir. Le Conseil régional a mis au point un site internet interactif www.hautsdefrance.fr/eolien qui permet de consulter sur une carte les projets réalisés, ceux en cours et qui indique leur phase d’avancement. Les Hauts-de-France sont ainsi devenus la première région, avant le Grand-Est, en termes d’éolien et, même si le Sud-Ouest de l’Oise était jusque là épargné, la Région avertit sur l’effet "boîte de Pandore» dès l’acceptation d’un premier parc éolien.
Ce qu’a confirmé Jean Cauwel, maire de Breteuil. Il n’imaginait pas qu’après l’installation du premier parc éolien il y a plus de dix ans, d’autres allaient suivre, fleurissant sur tout le plateau picard. La ville de Breteuil souhaitant s’investir dans les énergies renouvelables, d’autres solutions ont été mises en place : une chaudière bois avec un réseau de chaleur de 3,5 km desservant la piscine, le collège, l’Epad et des pavillons individuels. Une filière locale d’approvisionnement bois a été mise en place et cinq emplois créés. Bilan bien supérieur à celui de l’éolien, selon Jean Cauwel.
Des énergies renouvelables et valables
Alexis Mancel précisait que le Conseil régional des Hauts-de-France n’est bien entendu pas opposé aux énergies renouvelables, mais considère que l’éolien est la moins intéressante d’entre elles : distance de 500 m par rapport aux habitations trop faible pour éviter les nuisances (stress, troubles du sommeil, migraines, troubles chroniques selon une étude récente de l’Académie de médecine), faible impact sur l’emploi (2.000 emplois en Hauts-de-France à l’horizon 2050 selon l’Ademe), fonctionnement 25% du temps seulement, retombées économiques incertaines. Face à ce qui semble être un véritable business, la Région dit «trop, c’est trop» et mobilise élus et population. Parallèlement, elle œuvre auprès des parlementaires afin que des amendements soient déposés, qui obligent à ce que tout nouveau projet éolien ne puisse voir le jour qu’avec l’accord des conseils départementaux et régionaux.
Et surtout, parallèlement, le Conseil régional souhaite promouvoir deux sources d’énergies renouvelables jugées plus intéressantes: le solaire et la méthanisation. Par exemple, cette dernière ne représente que 3% des énergies renouvelables de la région, laquelle souhaite porter sa part à 35% en 2050. 514 projets sont en cours. De même, à condition qu’il soit installé sur des bâtiments ou des friches industrielles, le solaire est extrêmement intéressant, même en cas de mauvais temps.
La parole a été donnée aux participants qui ont majoritairement exprimé leur hostilité à l’éolien. Trop de mâts dans la région, au-delà de la feuille de route, un bilan écologique contestable, coût exorbitant, paysages défigurés, dévalorisation immobilière à proximité (moins 40 % selon certains). Beaucoup se demandaient comment s’opposer concrètement aux projets puis que l’Etat semble tout puissant en ce domaine. Toutes les options doivent être prises: médiatisation pour mobiliser la population, architecte des bâtiments de France à solliciter si une co-visibilité avec un monument classé existe, contestation du permis de construire, aider financièrement des études épidémiologiques sur les conséquences des éoliennes…
Enfin, Alexis Mancel invite la population à se regrouper en associations de défense et ensuite à adhérer au collectif anti-éolien en Hauts-de-France que souhaite lancer la Région. En Hauts-de-France, le vent a vraiment tourné pour les éoliennes.
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