Vecquemont et ValFrance font leur assemblée
La coopérative féculière de Vecquemont s’est réunie en assemblée générale, à Amiens, le 13 décembre dernier. Point sur la campagne et perspectives pour 2017-2018. L’innovation était au cœur de l’assemblée générale de Valfrance, le jeudi 14 décembre à Meaux, sous la présidence de Christophe Grison.

D’un côté, un industriel, Roquette, qui veut atteindre d’ici 2020-2022 une collecte de pommes de terre féculières d’un million de tonnes à la suite de l’arrêt des livraisons de pommes de terre féculières de Vic-sur-Aisne (3 600 ha emblavés perdus, ndlr), effectif depuis la campagne 2015-2016. De l’autre, une météorologie capricieuse trois années d’affilée aboutissant à des rendements faibles, dont le plus bas a été enregistré pour cette campagne, soit 43,5 t/ha à 17°. Or si l’usine a pu être alimentée, grâce notamment à l’augmentation des surfaces (de 11 155 ha sur la campagne 2015-2016 à 12 390 ha sur la campagne 2016-2017), les volumes réceptionnés à 17°, au 6 décembre dernier, étaient de 539 049 t, soit en-deçà des volumes contractés à hauteur, eux, de 675 000 t.
Conclusion : le contrat a été honoré à 79,8 %. Certes, la campagne n’est pas encore terminée (fin prévue le 25 janvier), mais il sera cependant difficile de combler l’écart en totalité.La campagne 2017-2018, bien que pas très folichonne non plus, devrait toutefois se présenter sous de meilleurs auspices. Selon le suivi des rendements à partir de prélèvements réalisés jusqu’en décembre, le rendement moyen se situerait autour de 45 t/ha à 17° pour atteindre, au final, 50 à 51 t/ha à 17°. «On devrait faire mieux qu’en 2016, et on s’attend à mieux qu’en 2015. En fait, on devrait être au même niveau que 2010. Ce ne sera pas encore une grande année, mais on est parti de très trois loin. On sera donc dans une année pas encore satisfaisante en termes de rendements», commente Bruno Poutrain, directeur de la coopérative féculière de Vecquemont. Aussi pour ne pas démobiliser les troupes, différentes incitations ont été mises en place.
Mesures d’incitation, prix, bonus et malus
Pour maintenir l’envie des producteurs historiques et inciter de nouveaux à se lancer dans la pomme de terre féculière, Roquette et la coopérative féculière de Vecquemont ont renforcé leur partenariat avec de nouveaux accords d’exclusivité pour les dix ans à venir. De quoi garantir des débouchés. Par ailleurs, pour encourager le développement des surfaces, 100 € par hectare seront versés pour toutes surfaces supplémentaires en 2018, accompagnées de prise de participation par rapport à 2016 ou 2017 pour les nouveaux arrivants. Cette aide sera versée fin juin 2018.
De même, un complément de prix de 2 €/t à 17° sera versé fin juin 2018 à tous ceux qui maintiennent ou développent leurs surfaces depuis trois ans. «Un deuxième complément de prix est tout à fait envisageable étant donné le contexte du marché actuel, mais on ne connaît pas l’ordre de grandeur pour le moment, car on ne sait pas encore quel sera le prix de la fécule», ajoute Olivier Brasset, président de la coopérative féculière de Vecquemont. Enfin, le prix d’acompte pour 2018-2019 sera fixé à 60 €, soit un euro de plus que précédemment.
Côté prix, justement, le prix minimum pour la campagne 2016-2017 est, comme la précédente campagne, à 59 €/t net, auquel s’ajoutent un complément de prix à 1,87 € (versé fin juillet), un bonus moyen de 1,70 €, une conservation moyenne de 2,80 € et une participation au transport de 3 €, soit un prix total de 68,37 €. Avec l’aide couplée, le prix payé aux agriculteurs est en moyenne de 81 €/t net à 21,2 % de densité et de 70,2 €/t net à 17° (il était de 71,7 €/t net à 17° pour la campagne 2015-2016). Mais ce prix net moyen a toutes les chances de grimper avec la nouvelle grille bonus-malus mise en place en 2017. Pour mémoire, la tare terre et la tare cailloux sont désormais distinguées, le paiement se fait au camion et les tares faibles (< 10 %) sont valorisées. Traduction : le bonus pour une tare cailloux inférieure à 5 % est de 10 €/t net, et entre 5 et 10 %, le bonus est de 2,5 €/t net. En termes de malus, les pénalités sont raisonnables, soit 1 €/t net à 5 % de tare cailloux.
Pour 2017, la moyenne bonus-malus est de + 6,05 €/t net à 17 % et le malus cailloux moyen de - 0,63 €/t net. «Le nouveau système rapporte donc en moyenne 5,42 €/t net à 17° alors qu’avec l’ancien système le gain était de 1,59 €/t net à 17°», conclut Thibaut Ricour, conseiller pommes de terre à la coopérative féculière de Vecquemont.Autre bonne nouvelle, ou méthode Couet : «Il y a de la demande pour la fécule, ce qui fait que notre ambition de collecte d’un million de pommes de terre féculières est cohérente», rappelle le directeur de l’usine Roquette, Arnaud Dupont. La preuve ? Des demandes qui n’ont pu être honorées faute de matière première, et ce, bien que l’offre sur le marché européen soit supérieure à la de-mande. Roquette demande donc de la fécule. Y a plus qu’à…

«Proximité, transparence, qualité… sont notre ADN», a rappelé le président de Valfrance, Christophe Grison, jeudi 14 décembre à Meaux, en préambule à l’assemblée générale de la coopérative. Ce rendez-vous annuel a également été l’occasion de présenter le nouveau directeur de la structure, Laurent Vittoz.
Alors que la récolte 2016 a été exécrable, la collecte de la coopérative, hors activité semences, est en chute de 43 % pour s’établir à 469.000 tonnes. De plus, les blés se caractérisaient par des taux de protéines très élevés et des poids spécifiques généralement bas.
Grâce à une prestation exceptionnelle de séchage de maïs pour le groupe Pioneer et un plan d’économie drastique, le résultat net consolidé du groupe coopératif est positif (1,3 million d’euros).
De ce fait, 1,050 millions seront redistribués aux sociétaires sous forme de ristournes sur les approvisionnements et dans une moindre mesure, de rémunération des parts sociales (238.000 euros).
Selon le président Grison, «la rigueur de gestion et les économies ont permis de dégager ce résultat». À noter que dès la récolte 2016, des mesures en faveur des sociétaires ont été mises en place. Certaines comme les offres de prêts tripartites (sociétaire, coopérative, banque) sont reconduites en 2018 et de nouvelles banques s’y ajoutent.
Côté commercialisation, Valfrance a rejoint durant l’exercice, l’union de commercialisation Cérémis, regroupant cinq coopératives (Hauts-de-France et Seine-et-Marne). À noter que sur l’exercice 2017-2018, la collecte devrait s’établir vers 795.000 tonnes, soit une année moyenne.
Mais le fil conducteur de cette assemblée générale concernait l’innovation que ce soit pour mieux servir les adhérents, mieux les accompagner et développer leur performance économique. Alors que l’agriculture est un métier en pleine mutation, «le Digital est une révolution comme l’a été le tracteur en son temps», selon l’intervenant de la société Smag.
Alors que agriculture et innovation sont indissociables, les dernières innovations au sein de Valfrance ont été mises en exergue, sans omettre la nouvelle réglementation qui oblige la séparation de la vente des produits phytosanitaires du conseil technique et la structure d’expertise, Easi'nov commune aux coopératives Valfrance, Agora et Cerena. Cette dernière se décompose en quatre pôles (agronomie, économie, agriculture de précision et innovation et environnement et réglementation).
Enfin, le médecin et explorateur français, Jean-Louis Étienne, qui a réalisé de nombreuses expéditions où il a constaté les conséquences du réchauffement climatique a conclu : «L’innovation est une façon d’arriver à la productivité sans que cela soit néfaste pour l’environnement. Soyez les explorateurs engagés de votre temps pour être les acteurs de demain».
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