L'Oise Agricole 27 mars 2025 a 10h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Une solide expérience et des projets plein la tête!

À 27 ans, Maxime Plasmans est double actif et en cours d'installation progressive sur l'exploitation familiale de 130 ha au Plessis-Belleville. Il s'interroge sur le devenir de la ferme dans le contexte actuel et territorial.

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- © DLC

C'est un jeune homme posé, souriant, mais qui bouillonne d'idées et de réflexions quant à l’avenir de l'exploitation familiale. «Mon père Frédéric prendra sa retraite à l’été 2026, me laissant les dernières parts de la SCEA que j’achète progressivement. Je serai alors seul chef d’exploitation, mais j’essaierai de garder mon emploi actuel», explique Maxime Plasmans.

Un long parcours jusqu’à la ferme
Le jeune homme a mené une scolarité classique : baccalauréat à Reims, puis Isa (Institut supérieur d’agriculture) Lille pendant cinq ans. «À cette occasion, j’ai suivi des stages sur des fermes de polyculture-élevage laitier et je m’étais dit que le prix payé à cette époque aux producteurs était juste en dessous de ce qui leur aurait permis de bien vivre. J’ai alors eu envie de travailler dans une start-up qui venait d’être créée, C’est qui le patron ? qui s’est bien développée depuis. J’y ai découvert le partage de la valeur et l’intérêt d’une juste répartition des marges pour que chaque maillon puisse vivre.»
Il enchaîne chez Phenix, une autre start-up, qui lutte contre le gaspillage alimentaire et particulièrement dans la grande distribution. «Le gaspillage alimentaire représente 1 à 2 % du chiffre d’affaires des GMS ; elles sont très intéressées par tout ce qui pourra leur permettre de diminuer ce pourcentage. J’ai pu constater l’opacité qui règne dans le fonctionnement de la grande distribution.»
Toujours dans une idée de préservation des ressources, Maxime trouve ensuite un emploi dans la société Les Petits Bidons, qui produit et vend des produits ménagers écologiques ; il travaille sur la stratégie de développement auprès de la grande distribution dont il connaît bien les ressorts.
«J’ai eu alors envie de revenir sur la ferme familiale mais progressivement, pour garder un emploi en lien avec l’agriculture. Je travaille ainsi depuis deux ans chez Fève-Fermes en vie, une société qui achète du foncier grâce à des investisseurs pour installer des jeunes agriculteurs. Ceux-ci sont porteurs de parts dans la SCI (société civile immobilière) créée sur l’exploitation et peuvent racheter s’ils le souhaitent. Ils doivent modifier les pratiques agricoles vers l’agroécologie ou l’agriculture biologique. Cet emploi me permet de rencontrer beaucoup de porteurs de projets et me laisse de la latitude dans l’organisation de mon travail afin que je puisse m’investir dans la ferme familiale», reconnaît Maxime. Ces expériences professionnelles variées et riches de rencontres ont permis au jeune homme de porter un regard très lucide sur la ferme familiale du Plessis-Belleville.

Des handicaps...
À toute proximité de la région parisienne et de l’aéroport Roissy-Charles De Gaulle, traversée par la nationale 2, la commune du Plessis-Belleville se développe rapidement sous la pression foncière. «Cette année, nous avons perdu 10 ha pour la construction de bâtiments logistiques. À ce rythme, la ferme, qui ne couvre plus que 120 ha maintenant, va être vite grignotée, impactant sa rentabilité. Pourtant, dans ce secteur, nous avons la chance d’avoir d’excellentes terres. Pourquoi construire ? Quid du zéro artificialisation nette ?», se désole-t-il.
Par ailleurs, le corps de ferme est maintenant totalement enfermé au centre de la ville, dans une rue passante en sens unique. «Mon père a dû bâtir un hangar à l’extérieur, de l’autre côté de la nationale, pour y stocker le matériel car il est impossible d’entrer et sortir du corps de ferme.» Mais le hangar s’avère aujourd’hui trop petit et il faudrait le doubler en surface, estime-t-il.
Les voisins n’apprécient pas non plus les tracteurs dans les rues du Plessis-Belleville, alors même que le silo de Valfrance s’y trouve. «Nous subissons toutes sortes d’incivilités : hangar tagué et depuis grillagé et sous surveillance, déchets de toutes sortes dans les parcelles. La commune s’agrandit avec l’arrivée d’une population issue de la proche banlieue parisienne qui méconnaît l’activité agricole. La cohabitation est parfois difficile», déplore Maxime.
Le corps de ferme est en SCI familiale, les grands-parents de Maxime y habitent encore. «Il faudra sans doute imaginer un avenir à cet ensemble, autre qu’agricole. Ce sera bien entendu une décision commune à prendre le moment venu, en accord avec la municipalité sans doute», prévoit-il.

... et des avantages
L’exploitation est d’un seul tenant et produit blé, colza, maïs et betteraves sucrières. Pas de cultures industrielles faute d’irrigation. Une surface de 120 ha relativement modeste au regard du secteur. «Mon père Frédéric le reconnaît lui-même : s’il a fait toute sa carrière sur cette ferme, c’est parce que, dès le départ, il a travaillé en commun avec un voisin de Montagny-Sainte-Félicité, Yves Lelong.»
Maxime Plasmans a poursuivi dans cette logique et créé avec un autre exploitant du Plessis-Belleville, Ludovic Chartier, un groupement d’employeurs. Les deux exploitations étant de taille similaire, ils se partagent un salarié et continuent à travailler en commun avec le même matériel. «C’est un avantage indéniable : une grande souplesse d’organisation des chantiers, des charges de matériel nettement diminuées et des échanges permanents qui évitent de se sentir isolé.»
Et puis son père lui laisse une exploitation en parfait état : il a toujours bien entretenu ses sols, le potentiel à 110 q/ha en blé est toujours là, et la situation économique de la ferme très saine. «C’est une immense chance, j’en ai parfaitement conscience.»
Maxime Plasmans aimerait pouvoir agrandir son hangar et y installer des panneaux photovoltaïques, mais le poste électrique n’est pas à proximité, ce qui empiète la rentabilité potentielle. «Si j’y transfère tout le matériel et ne circule plus en tracteur en ville, peut-être la municipalité pourrait-elle m’aider dans ce projet.»
Des projets, il en a plein la tête car, même si la pression foncière peut le priver d’une partie de ses surfaces, la proximité de cette immense bassin de consommateurs que représente la région parisienne est une opportunité qu’il convient de saisir. «J’aimerais pouvoir développer un atelier à forte valeur ajoutée avec une vente en circuit court. Mais il faut bien la choisir car attention aux vols ou aux dégradations possibles.» Des vergers de pommiers ? des petits fruits sous serre ? Toutes les options sont ouvertes. Ou pourquoi introduire le tournesol dans la rotation pour en faire de l’huile à commercialiser localement ? Ce qui est sûr, c’est que Maxime Plasmans aimerait modifier les pratiques vers plus d’agroécologie : limiter le labour, mettre des couverts à intérêt agronomique et allonger la rotation en introduisant quelques cultures supplémentaires, peut-être planter des haies... Le jeune homme regorge d’idées et son expérience professionnelle et les rencontres qu’il a faites lui permettront à coup sûr de choisir sa voie. Côté engagement, Maxime vient d’adhérer à JA 60. «C’est important de se faire représenter et cela permet de rencontrer d’autres jeunes comme moi ; cela relance le syndicalisme jeune dans le Valois. Je me verrais bien aussi m’investir dans la caisse locale de Crédit Agricole comme mon père, c’est très intéressant.» Si son projet lui en laisse le temps  !

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