L'Oise Agricole 21 octobre 2021 a 09h00 | Par I.L.

Une résolution symbolique pour la défense des abeilles

Après avoir prolongé l'autorisation des néonicotinoïdes pour les semences de betteraves en 2020, les parlementaires ont adopté, le 11 octobre, une résolution pour lutter contre la disparition des abeilles. Les syndicats apicoles en attendent peu, tout en espérant que le texte pourrait conduire le gouvernement à revoir quelques aspects de l'arrêté abeille en cours, toujours pas publié.

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La résolution adoptée par les députés le 7 octobre «vise à lutter contre
la disparition de l'abeille».
La résolution adoptée par les députés le 7 octobre «vise à lutter contre la disparition de l'abeille». - © Pixabay

«Ça fait un an qu'on en parle.» Robert Théry, député LR du Pas-de-Calais, est parvenu le 7 octobre à faire adopter en séance une résolution parlementaire «visant à lutter contre la disparition de l'abeille». Avec un vote rare : 110 suffrages positifs sur 112 votants, les deux voix manquantes provenant de deux abstentions dans les rangs de la France insoumise. «Au départ, on avait pensé à une proposition de loi, mais c'était compliqué. Une résolution suppose un peu moins d'engagement, mais au moins c'est voté», se réjouit le député. La résolution de cet ancien apiculteur, désormais retraité, encourage en premier lieu à faire de l'abeille une grande cause nationale pour 2022. Une proposition sur laquelle Robert Théry redoute déjà de possibles embouteillages, alors que le gouvernement aurait déjà prévu de mettre la lecture à l'honneur. La secrétaire d'État à la Biodiversité, Bérangère Abba, lui aurait cependant promis «d'au moins communiquer sur l'abeille». Dans son discours dans l'Hémicycle, le député a dressé la liste de toutes les raisons des disparitions des ruches : utilisation «d'insecticides systémiques neurotoxiques», maladies, Varroa destructor, carence de ressources mellifères, etc. «Mais parmi toutes ces menaces, la plus grande réside dans le frelon asiatique», s'est-il ému. En conséquence, le texte adopté demande aussi au gouvernement de «réfléchir à l'élaboration d'un plan national de lutte contre le frelon asiatique». «Ce plan d'action est là, il est prêt à être mis en oeuvre», l'a rassuré Bérangère Abba en séance, rappelant aussi que le plan pollinisateur est en cours d'élaboration.

Les apiculteurs dubitatifs

«C'est une démarche courageuse de la part de M. Théry, mais le bilan des uns et des autres ne se gagnera pas que sur des annonces», prévient Franck Alétru, président du Syndicat national d'apiculture (SNA). De son côté, l'Unaf se félicite également de la résolution, tout en rappelant, par la voix de Jean-Marie Sirvins, que «les apiculteurs viennent de vivre une année particulièrement difficile, non en raison du frelon, mais des conditions climatiques».

Si les syndicats apicoles ont donc saisi la portée plutôt symbolique de cette résolution, ils espèrent cependant qu'elle pourrait encourager le gouvernement à revoir le texte de l'arrêté abeille. Ce dernier, rappellent-ils, n'a toujours pas été publié, et serait encore sur le bureau du Premier ministre Jean Castex. Principales demandes des producteurs : ajouter une notion de température à celle de la plage horaire déjà prévue, et insister sur l'absence des pollinisateurs durant les traitements.

La résolution n'a pas non plus fait oublier aux apiculteurs que les mêmes députés LR et LREM sont revenus sur l'interdiction des néonicotinoïdes, en accordant une dérogation aux semences de betterave à l'automne 2020. «Il n'est pas interdit de se repentir», ironise Franck Alétru. En tant qu'ancien apiculteur, Robert Théry rappelle qu'il avait pour sa part voté contre cette dérogation.

Dans le cadre de ses échanges avec le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie pour préparer cette résolution, le député aurait d'ailleurs souligné ses doutes sur l'horizon fixé par la loi. «Les grands responsables, ce sont les fabricants, comme Bayer, qui, durant les vingt dernières années, n'ont presque rien fait pour trouver des alternatives. Alors que la dérogation ne donne que deux ans et demi supplémentaires, j'ai prévenu le ministre que ces alternatives ne seront jamais prêtes à cet horizon.» Une analyse qui, selon le député, serait partagée par Julien Denormandie lui-même. Du côté du cabinet du ministre, on dément : «Le plan avance, et on y croit.»

Une récolte de miel entre 7 et 9 000 tonnes selon l'Unaf

Avec une récolte entre 7 000 et 9 000 t, l'Unaf considère 2021 comme «la pire année de l'apiculture française», prévient un communiqué du 18 octobre. Gelées tardives au printemps, pluie durant l'été : «Les conditions climatiques se sont révélées particulièrement défavorables», rappelle le syndicat apicole. Dans le Sud-Est, détaille l'Unaf, «la bonne récolte de miel de lavande a sauvé la saison». Mais dans la plupart des régions, la récolte de tournesol s'est, en revanche, révélée «décevante», tout comme celles de châtaignier, de colza ou ou de bruyère qui se sont avérées «médiocres», quand la récolte d'acacia a tout simplement été «anéantie». «Cette estimation est un peu prématurée en l'absence de retour complet, mais je doute que nous dépassions les 12 000 t», nuance Joël Schiro, président du syndicat des producteurs de miel français (SPMF). La chute de production pourrait avant tout venir, selon lui, du Nord et des régions de montagne, ces dernières étant «particulièrement touchées par le changement climatique». Dans une note publiée en juin 2021, FranceAgriMer avait estimé la production de miel au niveau «record» de 31 800 t pour 2020. L'Unaf, dans un communiqué envoyé à l'automne précédent, avait de son côté prévu une bonne récolte «entre 18 000 et 20 000 t».

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