L'Oise Agricole 09 juin 2022 a 08h00 | Par Vincent Fermon

Une MSA combative pour ses ressortissants... et sa propre survie

En parallèle à la menace toujours planante de «disparaître» au profit d'un régime général, la MSA doit également composer avec une baisse de dotations publiques. En Picardie, comme à l'échelle nationale, cette perspective inquiète.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Lors de l'assemblée générale de la MSA de Picardie, Antoine Niay et Jean-François Fruttero ont rappelé leurs inquiétudes
sur le futur du régime de protection sociale des agriculteurs.
Lors de l'assemblée générale de la MSA de Picardie, Antoine Niay et Jean-François Fruttero ont rappelé leurs inquiétudes sur le futur du régime de protection sociale des agriculteurs. - © V.F.

Malgré deux années «atypiques», la MSA de Picardie est «restée fidèle à ses valeurs mutualistes», confiait son président, Antoine Niay, lors de son assemblée générale à La Faloise (80), le 2 juin dernier. Mais alors que la pandémie de Covid-19 semble appartenir au passé, d'autres défis attendent la MSA : faire face à une diminution de ses ressources et le maintien d'un régime spécifique de sécurité sociale pour les ressortissants du monde agricole. Car pour le président Niay, la MSA doit bel et bien rester un régime à part entière : «Nous sommes la protection sociale du dernier kilomètre, celle qui profite à ceux qui en sont le plus éloigné. Dans un certain nombre de territoires, s'il n'y pas la MSA et son réseau, que ferait-on ?», s'est-il interrogé, avant d'appeler les élus du réseau à «faire front». «Nous devons coûte que coûte continuer à défendre notre utilité auprès de l'État. Nous sommes un amortisseur social qui apporte aussi des services à la ruralité.» Face à plus de 300 délégués, il a insisté sur le statut particulier de la MSA : «Notre régime agricole ne peut pas être intégré au régime général. L'agriculture est un socle de notre société et à ce titre, elle doit bénéficier d'un régime particulier.»

Une future partie «pas facile»

En parallèle à la menace toujours planante de «disparaître» au profit d'un régime général, la MSA doit également composer avec une baisse de dotations publiques. Alors qu'une convention d'objectifs et de gestion (COG) pour la période 2020-2025 vient «seulement d'être adoptée», selon les termes d'Antoine Niay, il annonce «un pilotage des ressources ardu». «On se demande ce que cherche l'État, a-t-il encore défendu. On nous demande de faire plus avec moins de moyens.» Incompréhensible, déroutant sont les mots qui traduisent son sentiment : «Si encore nous avions démérité... mais ce n'est absolument pas le cas !

Le monde agricole reconnait notre efficacité. Nous sommes persévérants et combatifs. Nous ne baisserons pas pavillon.» Pour la directrice générale de la MSA de Picardie, Katie Hautot, les contraintes résultant de la nouvelle COG ne sont pas neutres. Ce sont en effet 32 postes d'ici 2025 qui sont amenés à disparaître - 750 au niveau national -, alors que la caisse picarde en a déjà perdu 65 lors de la dernière COG. Sur la même période, elle doit s'atteler à réaliser une économie de près de 800 000 EUR (sur un budget de 2,9 millions). «Autant dire que la partie ne sera pas facile, a indiqué Mme Hautot. Nos économies doivent être intelligentes.» Parmi les pistes envisagées, celle de la réorganisation des services et du parc immobilier, «même si nous voulons garder une implantation dans chaque département». Chaque mois, un comité de gestion se réunit afin de vérifier que la caisse de la MSA de Picardie ne dépasse pas son cadre budgétaire.

Des négociations ardues

Mal vécue en Picardie, la dernière convention d'objectifs et de gestion l'est tout autant à l'échelle nationale, comme l'a indiqué Jean-François Fruttero, président de la caisse de MSA de Dordogne-Lot et Garonne et administrateur de la Caisse centrale de la MSA qui était invité à La Faloise. En ce qui concerne les négociations autour de la COG 2020-2025, «elles ont été longues. On a commencé à discuter fin 2020 pour trouver un épilogue en octobre 2021. Au final, c'est la moins mauvaise version que nous avons obtenue...» Trois principaux axes en ressortent : «amélioration de la qualité de service, mise en place d'un guichet unique et pilotage de la performance». Autant de sujets sur lesquels la Caisse de MSA de Picardie, comme la caisse centrale, assurent avoir déjà travaillé. Comme Antoine Niay et Katie Hautot, Jean-François Fruttero l'assure : «Cette nouvelle convention d'objectifs, ce ne sera pas de tout repos, mais nous devons tout faire pour y arriver et tenir les engagements. Nous sommes plus que jamais regardés de près. Nous avons peut-être bouclé une COG, mais il faut avoir en tête que les négociations pour la suivante sont déjà ouvertes.»

La MSA sonne la charge contre le mal-être agricole

Depuis le 23 novembre dernier, date à laquelle le gouvernement a présenté sa feuille de route pour lutter contre le mal-être des agriculteurs, la MSA de Picardie se mobilise pour «identifier plus rapidement les situations de détresse, mieux coordonner les dispositifs d'accompagnement et accentuer la prévention». Concrètement, cela se traduit par un élargissement du dispositif à tous les salariés agricoles, et le recrutement d'un «référent mal-être». Alors que des comités départementaux de prévention du mal-être agricole seront installés par le préfet d'ici à la fin 2022 pour accompagner les situations de mal-être, depuis octobre 2021, la MSA Picardie a accueilli Alice Martinet, psychologue du travail, en qualité de référente et responsable du programme mal-être au sein de la caisse picarde et de l'Agence régionale des caisses de mutualité sociale agricole (ARCMSA) des Hauts-de-France. Ces mesures, qui interviennent en complément d'outils, existent depuis «plusieurs années», explique-t-on à la MSA, citant en vrac, «l'aide au répit, le dispositif Horizon, etc.» D'autres acteurs ne sont pas non plus en reste, explique la MSA de Picardie : «Élus, pairs, organisations professionnelles... au contact des exploitants et des salariés agricoles, peuvent par leur proximité repérer les signes précurseurs de mal-être et intervenir en amont. Ils constituent un relais entre la personne en difficulté et les structures spécialisées». Afin de structurer et d'accompagner ce réseau dit de «sentinelles», la MSA Picardie met en place des formations dédiées. Au programme : détecter la crise suicidaire, comprendre le processus de la crise suicidaire, faire tomber les idées reçues sur le suicide, présenter les solutions MSA, partager les expériences... En 2021, seize personnes ont profité de cette formation qui en appelle d'autres.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,

A LA UNE DANS LES REGIONS

    » voir toutes 1 unes regionales aujourd'hui