L'Oise Agricole 13 juillet 2023 a 08h00 | Par L'Oise Agricole

Une moisson bien partie et qui va vite

Démarrée souvent fin juin et avec les escourgeons récoltés en un peu plus d'une semaine, grâce à des conditions météorologiques jusque là favorables, la moisson avance très rapidement dans l'Oise. Les résultats sont globalement bons.

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Émeric Duchesne pose avec Jonathan devant la moissonneuse-batteuse John Deere.
Émeric Duchesne pose avec Jonathan devant la moissonneuse-batteuse John Deere. - © DLC

«Une moisson bien commencée»

Émeric Duchesne et son frère Guillaume, agriculteurs à Borest, sont en panne de machine ce mardi, ils vont utiliser dans quelques heures une John Deere de courtoisie mise à disposition par leur concessionnaire, les Ets Bouchard. Le temps de faire un point sur cette moisson qui commence bien avec les orges d'hiver.

Que ce soit pour eux ou en prestation de services, les frères Duchesne ont 650 hectares à battre et 150 ont déjà été récoltés à ce jour. Les orges d'hiver sont terminées, avec des rendements tout à fait satisfaisants, «en moyenne 92 q/ha, alors que nous avons des terres un peu courtes, sableuses, mais qui ont sans doute été arrosées aux bons moments pour les orges, d'où cette bonne surprise», confesse Émeric Duchesne. Parmi les hectares récoltés, de l'orge de printemps, Planet, semée à l'automne. «On relève des problèmes de calibrage, à 45, sur des parcelles qui n'ont pas reçu de précipitations,  à Borest par exemple, alors que d'autres, plus vers Chèvreville, sont calibrées à 90 car elles ont reçu des pluies, le tout à quelques kilomètres de distance.»

Arrêt panne ou pluie
Émeric Duchesne a commencé également du colza, une vingtaine d'hectares pour un client. Rendement correct, à 35 q/ha, dans la moyenne décennale. Les autres parcelles du secteur ne sont pas mûres pour l'instant.
La machine est tombée en panne hier, alors que l'exploitant était dans une parcelle de blé, avec les variétés Garfield, Chevignon et Complice. «On a un excellent PS, à plus de 80, un taux de protéines à 12 et le rendement devrait se situer entre 85 et 90 q/ha. Sauf accident, c'est très encourageant pour la suite de la moisson.»

En tout cas pour les blés assolés, de colza ou de betteraves ; pour les blés de maïs, l'exploitant se montre plus prudent, il craint l'échaudage pour les blés de maïs. «Les anciens disaient que la moisson serait bonne si les orges d'hiver étaient bonnes. Avec le changement climatique et les sécheresses de printemps récurrentes, c'est sans doute moins vrai», sourit Émeric Duchesne. La moisson, au vu des prévisions météo annoncées pour les prochains jours, devrait bien avancer dans la semaine.

En attendant de remonter en fin de journée sur la machine, les couverts sont en train d'être semés, pour profiter de la fraîcheur résiduelle et des quelques millimètres tombés le dimanche 9 juillet : 6 mm à Senlis, 1 à Borest et 9 à Nanteuil. Il y a aussi en cours un chantier d'andainage de lin oléagineux semences, cultivé sous contrat avec Lin 2000, qui devrait être repris par la batteuse sous trois jours. Et puis des pois d'hiver, décevants, «que l'on fait grâce ou à cause de la réglementation Pac, alors que la boîte à outils technique se réduit comme peau de chagrin en termes de désherbage et qu'on n'a aucune solution contre les pigeons qui font des ravages.»

La batteuse, c'est une John Deere S7770, avec une coupe à tapis de 9 m de long, «assez inhabituelle dans la région, mais qui permet de travailler avec un flux continu». Toute la moisson est assurée par les deux frères et quatre salariés, dont trois permanents, qui travaillent aussi sur l'unité de méthanisation inaugurée à l'automne dernier. Une partie de la récolte est stockée à la ferme, le reste est livré à Valfrance, aux silos de Barbery ou de Nanteuil-le-Haudouin.

 

Des bons rendements pour l'instant pour Sébastien Berly.
Des bons rendements pour l'instant pour Sébastien Berly. - © DLC

«Le rendement ne suffit pas, il faut des prix»

Agriculteur à Bresles, dans un secteur assez précoce, Sébastien Berly réalise pour l'instant une récolte satisfaisante.

Il est 18 h 30 et la parcelle de blé de 11 hectares, de variété Absalon, est totalement récoltée. «Elle devrait être entre 85 et 90 quintaux», annonce en souriant Sébastien Berly, 42 ans, agriculteur à Bresles. Cultivant seulement une centaine d'hactares, il amortit son matériel en réalisant des travaux en prestation de services chez son voisin avec qui il fait tous les chantiers en commun. Ils ont donc commencé la moisson fin juin avec une quarantaine d'hectares d'escourgeon battus sur leurs deux exploitations.

Sur certaines parcelles, il atteint 98 q/ha, un record qui s'annonce de bon augure pour le reste de la moisson. Il a battu des pois de printemps le week-end dernier, entre 40 et 45 q/ha, dans la moyenne de ce qu'il fait habituellement. «On est bien loin de l'époque où tout le monde faisait beaucoup de pois et où l'on atteignait régulièrement les 60 q/ha», se désole-t-il. Pour l'heure, Sébastien Berly est dans les blés et ça démarre plutôt bien. Une première parcelle de Chevignon est sortie à 97 q/ha, avec 13 de protéine et un PS de 79, de quoi être content.

D'autant plus qu'il étrenne sa nouvelle moissonneuse-batteuse, «le prix de la liberté», une Claas achetée d'occasion à La Motoculture de l'Oise, concessionnaire auquel il est fidèle. «La coupe de 7,70 m est plus large que la précédente, mais je n'ai pas eu de mal à m'y faire. J'apprécie cette marchine et je bats à mon rythme, sans chercher à forcer le matériel, d'autant plus que la météo annoncée nous laisse à penser que la moisson pourrait être finie en ce qui nous concerne vers le 20 juillet, si tout se passe bien.» D'ailleurs, en soirée, il ne force pas dès que l'humidité se fait sentir, et c'est le cas ces jours derniers.

Pourtant, son voisin a des parcelles très disséminées, jusque Jouy-sous-Thelle, Allonne, Rochy-Condé, il faut prévoir les temps de déplacements et le passage de la machine et des tracteurs, pas toujours facile dans les villages. Heureusement, les deux agriculteurs livrent à Agora et des silos sont à proximité des parcelles, à Bresles et Jouy-la-Grange notamment.

Encore des hectares
Après les blés (il lui restait une centaine d'hectares à battre ce mardi 11 juillet), Sébastien Berly s'attquera à une trentaine d'hecatres de colza. «Nous avons pris l'habitude de les laisser mûrir tranquillement et de les battre systématiquement après les blés.» Une dizaine d'hectares d'orge de printemps attendent également leur tour.

Pour étoffer son assolement, Sébastien Berly cultive du tournesol que l'on voit au bout de sa parcelle d'Absalon, en fleurs. «Ils ont eu du mal à partir, mais ils sont beaux maintenant. C'est une culture assez économe en intrants, la seule crainte est d'avoir un automne humide qui complique la récolte.» Sinon, Sébastien Berly suit les cours du blé de près. «Avec la hausse des charges et notamment des engrais qui ont tout simplement triplé, si les cours ne remontent pas, malgré les bons rendements, ce sera difficile.» On croise les doigts.

 

Philippe Prieur, polyculteur-éleveur à Bitry, voit cette moisson terminer en avance.
Philippe Prieur, polyculteur-éleveur à Bitry, voit cette moisson terminer en avance. - © PP

«C'est une moisson qui sera finie de bonne heure»

Si la récolte des orges d'hiver a été satisfaisante, Philippe Prieur reste prudent avant celle des blés.

Philippe Prieur, polyculteur-éleveur installé depuis 1997 à Bitry, près de Compiègne, dans l'Oise, a terminé la récolte de ses escourgeons. «Pour les orges d'hiver, on va de bon à très bon comparé aux pois d'hiver qui ont été assez moyens, notamment à cause de la pluviométrie et des pigeons» annonce-t-il.

Mais l'orge et les pois ne représentent qu'une petite partie des surfaces à récolter, si l'on ajoute celles de la Cuma qu'il préside. «Je n'ai pas encore commencé les blés et le colza. Ce sera pour cette semaine». Une moisson qu'il envisage avec scepticisme : «Je suis en vallée et les blés ont souffert de la sécheresse, mais il est encore trop tôt pour se prononcer avec certitude.» D'autant que «les premières coupes ne sont pas forcément les plus représentatives puisqu'on attaque avec des parcelles en pente, qui ne sont pas celles à meilleur potentiel» ajoute-il.

«8 à 15 jours d'avance»

Quant aux colzas, «ils seront moins bons que l'année dernière, qui était une année exceptionnelle.» Comme beaucoup, la problématique du désherbage reste primordiale : «On est face à un phénomène de résistance et l'automne doux que l'on a eu aura un effet sur le rendement». L'exploitant ose tout de même une prédiction : «C'est une moisson qui sera finie de bonne heure, surtout avec les chaleurs annoncées. On devrait avoir 8 à 15 jours d'avance.»

 

- © Thierry Guillemot

Bons résultats en escourgeons, la suite est attendue cette semaine

Les orges d'hiver ont été rapidement récoltées. Colzas et blés devraient être tenir la corde cette semaine.

Chez Valfrance, la récolte des   d'orges d'hiver touche à sa fin et elle s'est déroulée de façon fulgurante, en une semaine, presque deux fois plus vite qu'habituellement. Par rapport aux estimations, un tiers de plus est arrivé dans les silos de la coopérative. «Beaucoup de méthaniseurs ont été construits dans notre secteur et en fonction des besoins d'approvisionnement, les agriculteurs peuvent arbitrer au dernier moment pour une livraison sur des surfaces non engagées. Nous devons faire preuve d'adaptabilité dans les silos pour gérer l'afflux», confesse Laurent Vittoz, directeur de Valfrance.

Sur les 61.000 tonnes receptionnées, une partie est en variété Planet, une orge de printemps souvent semée à l'automne par les adhérents. «Dans cette technique de conduite de culture, nous n'irons sans doute pas au delà des 10.000 t actuelles, avec cette année une qualité correcte malgré quelques lots déclassés.»

Les colzas sont commencés, attendus à 45.000 t dans les silos. Pour l'instant, la qualité et l'humidité sont dans les normes, peut-être une petite déception du côté rendements, mais à confirmer. Des blés ont aussi été battus, 23.000 t sur les 280.000 estimées. 12 d'humidité, 11,25 de protéines, une bonne surprise en termes de qualité car Laurent Vittoz craignait une baisse de fertilisation azotée due au coût élevé des engrais. Il n'en est finalement rien.
La semaine en cours sera chargée et la moisson devrait bien avancer sur la zone de collecte de Valfrance.

Sur le secteur de l'Ucac, à Avrigny, seule la récolte des escourgeons est terminée. «Avec un rendement autour de 90 à 95 q/ha, une bonne qualité avec des protéines à 10,4, un PS de 66 à 67 et un calibrage de 80-85, la moisson commence bien. Pour le reste, colzas, pois d'hiver et blés sont à peine commencés, cela devrait avancer cette semaine», témoigne Denis Grison, directeur de la coopérative.

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