Une folle semaine de mobilisation dans l'Oise et en France se poursuit
Loin de s'éteindre, la colère des agriculteurs reste vive, malgré quelques annonces jugées insuffisantes. Alors qu'il sont rejoints par des collègues européens qui manifestent aussi, les producteurs attendent les éventuelles annonces que pourrait faire le Conseil européen qui devait se réunir le jeudi 1er février.
![Vendredi, sur l'A16 près de Méru, les agriculteurs attendent les premières annonces de Gabriel Attal.](https://www.oise-agricole.fr/reussir/photos/60/img/TS7EHUMW1_web.jpg)
Dans notre dernière édition du 26 janvier, à l'heure du bouclage, nous avions laissé les agriculteurs de l'Oise sur l'A16, à la sortie Beauvais Nord, où ils s'étaient installés. Ils sont descendus vers le Sud, ont dormi la nuit du mercredi au jeudi près d'Auteuil, avant de poursuivre leur parcours jusqu'à la sortie Méru où ils ont passé les deux nuits suivantes.
Vendredi 26
La qualité de l'intendance a largement augmenté : des toilettes de chantier, un mur de paille pour se protéger du vent du Nord, des tables et des chaises et toujours de la nourriture fournie par les partenaires de l'agriculture. De quoi tenir un siège.
Parallèlement, ce vendredi 26 janvier, les adhérents de l'Est du département bloquaient l'autoroute A1 au niveau du péage Chamant-Senlis. Une centaine de tracteurs et des agriculteurs décidés à rester sur place en attendant les annonces de Gabriel Attal, prévues en fin de journée, depuis une ferme du Sud-Ouest.
Un peu avant 18 heures, le Premier ministre a entamé ses annonces par une longue déclaration d'amour à l'agriculture. «Il nous dit ce que nous voulons entendre, c'est de la pommade», commençaient à ironiser les manifestants de l'A16, bien sagement assis pour écouter les annonces.
Parmi celles-ci, le renoncement à l'augmentation de la fiscalité sur le GNR, avec le remboursement en pied de facture, donc sans argent à avancer ni demande de remboursement à effectuer. C'est bien, mais pas suffisant.
Gabriel Attal souhaite aussi prendre «dix mesures immédiates de simplification» qui feront l'objet de décrets rapidement. Entre autres, «on va abroger le délai exceptionnel» de 4 mois pour déposer un recours contre les projets agricoles ; celui-ci «passera à deux mois» comme pour l'ensemble des entreprises. Par ailleurs, il a indiqué que «l'OFB sera sous la tutelle des préfets» et qu'une réflexion sera menée pour «faire baisser le niveau de pression» lors des contrôles environnementaux. Le chef du gouvernement a aussi annoncé le passage à un «contrôle administratif unique» : les préfets devront élaborer des «plans de contrôle» dans les exploitations avec un objectif de «pas plus d'un passage dans l'année».
Autre mesure concernant les haies : «On va passer de 14 réglementations à une seule», a encore promis Gabriel Attal.
D'autres mesures avaient déjà été annoncées, comme l'accélération des projets de stockage d'eau, la création d'une «présomption d'urgence», ou encore l'accélération des autorisations pour le curage des cours d'eau. Par ailleurs, le gouvernement lance un «mois de la simplification» d'ici le Salon de l'agriculture, invitant les représentants agricoles à travailler avec les préfets sur des simplifications de procédures au niveau départemental.
Si ces mesures vont dans le bon sens, elles sont loin de satisfaire les agriculteurs de l'Oise. «Vous êtes d'accord pour continuer le mouvement ?» lance Régis Desrumaux, accompagné de la présidente de JA 60 et de Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA.
Le week-end
Après une nuit sur place et tandis que ceux de Senlis levaient le camp, tous se sont retrouvés à Beauvais Nord le samedi où ils ont reçu la visite d'Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Une cérémonie à la préfecture était organisée, en même temps qu'une marche blanche en Ariège, en mémoire de l'agricultrice et de sa fille décédées.
Dimanche fut consacré à la mise au point du blocage de la région parisienne prévu le lundi 29 janvier par la Fédération régionale grand bassin parisien.
Nouvelle semaine
Lundi matin, les responsables syndicaux ont rencontré la préfète à sa demande. Il s'agissait d'identifier les dossiers sur lesquels les agriculteurs souhaitent une forte simplification administrative. Un travail devait être mené avec la Chambre d'agriculture et rendu pour mercredi 31 janvier.
Ensuite, les actions de blocage et opérations escargot ont débuté vers midi. Côté A1, une centaine de tracteurs s'engageaient depuis Arsy et Chamant sur l'autoroute, en direction de Paris, jusqu'à l'aire de Chennevières, à proximité de Roissy.
Côté A16, les tracteurs ont quitté l'autoroute, se sont engagés sur la D 1001 au pas, dans une opération escargot jusqu'à Méru où ils ont repris l'autoroute pour remonter à leur camp de base de Beauvais Nord.
Mardi
Pendant que l'équipe de l'autoroute A1 reste à proximité de la Francilienne, les manifestants de Beauvais Nord tentent une incursion jusqu'à la Croix verte, dans le Val-d'Oise. Tous attendent le discours de politique générale de Gabriel Attal. Depuis que ce dernier a de nouveau rencontré les présidents de FNSEA et de JA le lundi soir, les équipes des ministères et des syndicats travaillent le fond des dossiers.
Dans l'après-midi, le Premier ministre prononce son discours de politique générale mais, à part l'avance du solde des primes Pac d'ici le 15 mars, rien de nouveau dans les annonces. Sans doute faudra-t-il attendre la réunion du Conseil européen extraordinaire prévu le 1er février pour avoir des mesures qui puissent satisfaire les revendications.
Mercredi
La FDSEA et les JA de l'Oise ont invité les maires qui manifestent leur soutien aux agriculteurs à venir les rejoindre sur l'A16 Beauvais Nord pour un repas partagé. Les renseignements territoriaux dénombrent 350 personnes sur place. France Bleu est également présent pour son émission en direct Ma France, animée par Wendy Bouchard. S'y expriment Luc Smessaert et Xavier Bertrand lequel réitère son soutien au mouvement agricole.
Les élus de l'Oise, dont Nadège Lefebvre, en font de même avant de partager avec les agriculteurs un repas préparé par l'équipe d'animation de la FDSEA et les JA de l'Oise. Voilà presque 10 jours que tous se démènent pour assurer l'intendance matin, midi et soir, avec presque 200 personnes à chaque repas.
D'ailleurs, les dons ne faiblissent pas. Ce jour, c'est CerFrance Picardie-Nord de Seine qui offre le dessert et du cidre. «C'est grâce aux partenaires qui fournissent nourriture et boisson que le mouvement peut tenir dans la durée», rappellent Luc Smessaert et Pascal Foucault.
En début d'après-midi, les tracteurs entament une parade dans Beauvais pour rappeler que leur action se déroule tout à côté. De quoi ravir la population toujours solidaire, mais aussi agacer quelques usagers de la route pressés.
Côté A1, rejoints par des collègues du 95 et 59, les agriculteurs de l'Oise, emmenés par Régis Desrumaux, ont circulé sur la Francilienne, à proximité de Roissy, salués par des maires en écharpe sur le bas-côté. La veille, quelques agriculteurs dissipés de la Somme les avaient rejoints et s'étaient fait sévèrement recadrer sur le thème : on respecte les règles pour rester, pas de pneus ni de déchets.
La prochaine étape de cette folle semaine sera les annonces que devrait faire Gabriel Attal, puis les réponses de l'Europe à l'issue du Conseil européen. «Nous savons que toutes nos demandes ne trouveront pas de réponse immédiatement. Ce que nous voulons déjà, c'est une pause administrative et réglementaire afin que chacun puisse s'adapter aux évolutions qu'on nous demande», espère le président de la FDSEA.
![Commémoration samedi, devant la préfecture, à la mémoire d'Alexandra et Camille Sonac, décédées en Ariège.](https://www.oise-agricole.fr/reussir/photos/60/img/TS7EHUMW2_web.jpg)
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