Une diversification pour valoriser des terres moyennes
Le négociant Ternovéo a déjà amorcé la plantation de vignes sur le Nord de l’Aisne. C’est au tour des agriculteurs du Laonnois, et de la grande frange soissonnaise, de se lancer dans une démarche un peu différente.

Un pari fou ? Non, plutôt un projet mûri comme l’explique Benoît Davin, président de l’arrondissement de Soissons. «Lors d’une assemblée générale de l’arrondissement de Soissons, il y a deux ans, nous avions proposé trois dossiers de diversification pour les exploitants : le développement du haricot de Soissons, Campus Vert avec l’accueil d’étudiants dans les corps de ferme, ou une orientation vers la viticulture dont la présentation avait été réalisée par Patrice Bersac, président du Syndicat des vignerons d’Île-de-France, le Syvif. C’est finalement cette dernière proposition qui a fait son chemin et qui a séduit une trentaine d’agriculteurs».
D’autant qu’une très bonne vient de tomber : l’IGP (indication géographique protégée) pour les vins d’Île-de-France a été validée par l’Inao en février dernier. «Nous parlons de l’Île-de-France historique et non administrative, c’est pourquoi la zone concernée s’étend du sud de Soissons et remonte jusque Laon pour l’Aisne. Une partie de l’Oise et de l’Eure peut également produire sous IGP Île-de-France», précise Benoît Davin.
Produire des vins blancs et rosés
Cette année, 5 agriculteurs ont planté des greffons, un à Chalandry, d’autres à Mortefontaine, Oigny-en-Valois, Parcy-Tigny ou encore Braine. Le groupe qui se lance cette année a choisi des cépages allemands, résistants au mildiou et à l’oïdium : le cabernet cortis (cépage noir), le souvignier gris et le muscaris (deux cépages blancs).
«À l’origine, nous sommes tous producteurs de matières premières, blé, betteraves… Avec la vigne, nous souhaitons aller jusqu’au produit fini. Notre idée, c’est d’être de véritables vignerons, de la plantation à la vente des bouteilles de vin» assure Benoît Davin.
Car oui, il s’agit bien de produire du blanc et du rosé plutôt fruités, pas forts en alcool (9° à 12°). «Notre objectif est de fabriquer des vins tranquilles, on s’interdit de faire des vins effervescents, donc sans concurrence avec les producteurs de champagne».
Devenir agri-viti
Pour cerner et apprendre, le groupe d’agriculteurs axonais a visité en décembre 2019 une exploitation viticole en Seine-et-Marne et ils se font accompagner par une œnologue. «Nous avons prévu des formations au cours de l’hiver. Nous avons un peu de temps devant nous pour peaufiner nos connaissances car les premières vendanges sont prévues pour 2023» sourit Benoît Davin, soulignant en revanche, que «dès l’hiver prochain, il faudra que l’on soit formé pour la taille».
À la question de l’intégration de la vigne sur une structure agricole, Benoît Davin est confiant. «La taille de la vigne se fait en février-début mars avant les semis. Et puis, la plus grosse surface pour l’instant, représente 60 ares de vigne sur les 2 ha plantés en tout. Nous sommes les premiers à tester l’expérience et chacun pratique différemment.
Par exemple, pour les greffons, deux agriculteurs les ont plantés avec une tarrière, d’autres avec une bêche, et d’autres encore avec une sous-soleuse. Idem pour les écartements entre ceps qui oscillent entre 2,25 m à 4 m. Cette diversification permet aussi de valoriser des terres à potentiel moyen comme les bordures de plateau. Nous transmettrons les résultats aux agriculteurs intéressés par notre démarche. Notre but est d’insuffler une nouvelle dynamique et de lancer un nouveau débouché dans le département».
Mutualiser les investissements
Alors si l’idée est séduisante, il faut compter 15.000 euros l’hectare, poteaux, fils et plants compris. Et 15.000 autres euros pour le matériel de vinification. «Dans un premier temps, nous souhaitons acheter du matériel d’occasion en commun. Car il faut aussi penser à l’aménagement d’un bâtiment où chaque agriculteur apporterait son raisin, à l’achat d’un matériel pour désherber entre les ceps et d’un semoir pour enherber les rangs. Notre but, mutualiser les coûts». 5.000 bouteilles par hectare en moyenne seront produites par an selon les estimations de Benoît Davin, «soit une bouteille par pied».
Leur destination ? La clientèle locale pour l’instant et parisienne par la suite. «On va déjà faire nos armes, puis nous tirerons sans aucun doute vers du vin bio, demande sociétale oblige !».
En attendant les premières vendanges et les retours d’expérience, «si des agriculteurs sont intéressés, ils peuvent me contacter, je suis le représentant du Syvif (Syndicat des vignerons d’Île-de-France) pour l’Aisne et l’Oise».Plus d’info sur www.syvif.vin
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