L'Oise Agricole 09 juillet 2020 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

Une année de tous les excès

Covid-19, moisson précoce, récolte 2019, Thierry Dupont, président de la coopérative Agora et Thomas Taldir, nouveau responsable céréales, font le point.

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Thomas Taldir, nouveau responsable céréales et Thierry Dupont, président de la coopérative Agora.
Thomas Taldir, nouveau responsable céréales et Thierry Dupont, président de la coopérative Agora. - © D.

Pouvez-vous nous dresser le bilan de la commercialisation de la campagne qui vient de s’achever (récolte 2019 jusqu’à maintenant) pour Agora ?

Thierry Dupont : Année record pour Agora ! On est passé de un million de tonnes à avec 1 000 034 tonnes de collecte globale ce qui est donc largement au-dessus de la meilleure récolte qui devait être à 980 mille tonnes. On a passé un cap psychologique et symbolique au-delà du chiffre mais c’est plus le fait que cette récolte record est liée à des rendements qui ont retrouvé des niveaux intéressants pour nos adhérents. Pour la coopérative c’est l’aboutissement et la continuité d’un travail de fond pour être performant sur notre prix moyen et donc d’être attractif.

Thomas Taldir : Il y a une part dans ce million de tonnes qui est liée à une augmentation de parts de marché. L’augmentation du tonnage est supérieure à la progression des rendements régionaux. C’est surtout que ce volume est important parce qu’il faut bien le voir comme un diviseur. Plus on a de volume avec des charges qui sont maîtrisées et plus on arrive à valoriser le prix des céréales à l’adhérent.

Quel était l’état des stocks chez Agora avant le début de la moisson 2020 ?

T.D. : Après la moisson 2019, on a des volumes importants en blés à commercialiser et une concurrence toujours exacerbée sur le marché mondial avec le blé de la mer noire qui comprend la Russie, l’Ukraine, mais aussi en Outre Atlantique avec l’Argentine… Malgré le Covid-19, Il ne faut oublier que durant l’année on a été touché par l’incendie de Lubrizol à Rouen qui a perturbé l’activité du port pendant plusieurs semaines. Après on a eu la grève SNCF qui a paralysée les acheminements en train, pas spécifiquement dans notre filière en tout cas. Je pense que l’on a eu des planètes alignées car le blé français était compétitif. L’Algérie, qui est notre premier marché, consomme toujours notre blé. La France a exporté plus de 13 millions de tonnes de blé alors qu’une année normale on est entre 9 et 10.

T.T. : Le stock est relativement bas ce qui est un petit peu contradictoire par rapport à l’année où l’on avait fait une grosse collecte. On a fait une importante récolte au niveau français et malgré toute la crise du Covid-19 qui a eu lieu au mois de mars, l’export français était très dynamique. On a chargé énormément de blés dans les bateaux au départ de Rouen. On a une logistique assez soutenue tout au long de l’année ce qui nous a permis de finir la campagne avec des niveaux de stocks relativement bas voire quasiment à 0 pour pouvoir bien attaquer la moisson 2020.

Quelles sont les prévisions pour la moisson 2020 et les premiers résultats à ce jour ?

T.D. : C’est une moisson sous le signe de l’hétérogénéité. On a eu une pluviométrie très hétérogène depuis fin février, et des conditions automnales qui ont été aussi très particulières. C’est l’année de tous les excès ! Au sein d’une même exploitation, au sein d’une même région, la qualité du rendement va être du simple au double en fonction du type de sol, d’une date de semis, du précédent… Sans présager du bilan final tant en quantité qu’en qualité, ni en termes de prix, nous sommes encore au tout début de la moisson pour pouvoir donner un pronostic. Mais, il faut retenir deux messages importants : le premier est le maintien de la vigilance pour le Covid-19 et puis le deuxième point c’est la vigilance aussi sur mesure à prendre concernant les incendies.

T.T. : On est au début de la moisson, on est à moins de 10 % des prévisions de l’avancement. Pour l’instant, on a rentré que des orges d’hiver autour de 50 % et et les pois d’hiver. On a quasiment rentré une grande partie des orges brassicoles d’hiver. Ce qu’il faut retenir effectivement, c’est l’hétérogénéité. On a du mal à avoir une image bien fixe du rendement. C’est inférieur à l’année dernière et certainement légèrement inférieur à la moyenne des 5 dernières années. L’estimation va de 45 quintaux à 90 quintaux dans ce qui a été battu. Par contre, l’élément positif c’est la qualité des orges brassicoles d’hiver. On a rentré une marchandise de qualité avec des calibrages et un taux de protéines corrects qui vont correspondre aux attentes des malteurs. L’autre produit qu’on a rentré principalement, les pois d’hiver, le rendement est plutôt correct autour des 45 quintaux. Si la météo le permet, on va pouvoir récolter les premiers blés.

À cause du Covid19, comment la coopérative s’est adaptée lors de la récolte, de la logistique silos… ?

T.D. : On a eu la chance de pas être trop «impacté». On est sur des métiers spécifiques qui sont la collecte et la fourniture d’approvisionnement à nos adhérents. Lorsque le confinement est arrivé début mars on était en pleine période de semis, d’apport d’engrais, etc… les stocks étaient bien remplis chez Agora pour fournir nos adhérents donc on a mis en place les mesures sanitaires qui étaient préconisées à l’époque et qui ont évoluées au fil du temps et de la doctrine qui qui nous était proposée. Les agriculteurs quant à eux n’étaient pas tellement concernés parce qu’ils étaient dans leurs champs et non en contact avec le grand public donc tout ça a bien fonctionné. Il faut saluer le travail de l’ensemble des collaborateurs de la coopérative qui ont permis aussi qu’il n’y ait pas de rupture dans cette organisation. Il y a eu des procédures de mise en place comme le télétravail et des mesures de distanciation, nos adhérents ont parfaitement joué le jeu.

T.T. : On reste aussi extrêmement vigilant pendant cette période de moisson à ce que les règles sanitaires soient parfaitement contrôlées et respectées. On a également misé sur la pédagogie, c’est-à-dire, expliquer aux salariés et aux adhérents quel était l’enjeu. Aujourd’hui, ce dernier est la potentielle fermeture du site, où ils peuvent livrer ou se fournir etc… Chaque semaine tous les chefs de silo se réunissaient par téléphone et pouvaient échanger des bonnes pratiques. Ça permet de décanter des méthodes de travail plus collaboratif.

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