L'Oise Agricole 13 mars 2025 a 06h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Une année 2024 malheureusement riche en actualités

2024 aura été marquée par le retour de la fièvre catarrhale sérotype 8, à laquelle il faut ajouter la variante sérotype 3 et l'arrivée de la MHE. De nombreuses sources d'inquiétudes et de pertes pour les éleveurs de l'Oise.

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Pascal Le Béguec, GDS 53, Denis Pype, conseiller régional, Davis Demarcy, président du GDS Picardie territoire de l'Oise, Olivier Thomas, vice-président, Nicolas Lucas, vétérinaire, et Aline Calligarich, vétérinaire à la DDPP (direction départementale de la protection des personnes) de l'Oise.
Pascal Le Béguec, GDS 53, Denis Pype, conseiller régional, Davis Demarcy, président du GDS Picardie territoire de l'Oise, Olivier Thomas, vice-président, Nicolas Lucas, vétérinaire, et Aline Calligarich, vétérinaire à la DDPP (direction départementale de la protection des personnes) de l'Oise. - © DLC

C'est le nouveau vice-président, Olivier Thomas, éleveur dans le Noyonnais, qui a mené cette assemblée territoriale du GDS Picardie. L'année 2024 a concentré l'arrivée ou le retour de maladies sur le territoire national, pendant que d'autres progressent sur la planète.

Une situation délicate

Pourtant, comme le détaille Léa Behaegel, conseillère sanitaire, dans le rapport d'activités, la situation de certaines épizooties s'est améliorée. C'est le cas pour la BVD (diarrhée virale bovine) qui recouvre la plupart des aides aux éleveurs distribuées par le GDS. Le nombre d'IPI a baissé, 92 en Picardie en 2024, ainsi que celui des élevages nouvellement infectés. Le taux de dépistage sur les veaux n'atteint que 95 % car, souvent, les producteurs ne dépistent pas les mort-nés alors qu'ils sont justement une des conséquences de la BVD. Il est conseillé aux éleveurs de le faire.

L'IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine) est sous le coup d'un nouvel arrêté ministériel qui vise à accélérer l'éradication du virus d'ici 2027, condition nécessaire pour que le statut de la France vis-à-vis de cette pathologie lui permette de continuer à exporter des reproducteurs. Dans l'Oise, seuls 13 troupeaux sont infectés actuellement, plus de 95 % des cheptels picards sont indemnes.

Les plans de lutte contre la paratuberculose sont en augmentation, 212, tout comme les garanties (75) et les sensibilisations (104). «Le conseil est de chercher la maladie le plus tôt possible pour essayer de limiter ses conséquences», conseille Léa Behaegel (voir encadré ci-dessous).

En ce qui concerne les maladies vectorielles, elles ont fait et vont continuer à faire l'actualité sanitaire. 937 foyers de FCO (fièvre catarrhale ovine) étaient déclarés au 31 décembre 2024. Les conséquences de la maladie sont lourdes, comme l'a montré une étude réalisée auprès d'élevages picards touchés contactés régulièrement par téléphone. Chez les bovins, une mortalité des jeunes animaux est repérée, ainsi qu'une baisse de la production laitière et des avortements. Les ovins sont plus touchés que les bovins avec une mortalité sur toutes les classes d'âge (surtout constatée dans l'Aisne), mais plus sur les jeunes animaux là-aussi. Trois mois plus tard, 83 % des élevages bovins disent être rétablis, contre 61 % chez les ovins, avec des signes de la maladie qui persistent. Les troubles de la reproduction restent difficiles à évaluer.

La MHE (maladie hémorragique épizootique) fait l'objet d'une zone régulée et les animaux issus de cette zone et introduits en Picardie sont testés PCR : 6.828 bovins ont ainsi été testés et un seul bovin positif a ainsi pu être géré.

Enfin, la besnotiose, dont quelques foyer sont apparus dans l'Aisne mais aucun dans l'Oise, fait l'objet de dépistage lors de l'introduction d'animaux. Les analyses en mélanges permettent d'en réduire le coût.

Car le conseil délivré aux éleveurs reste la prévention et la vaccination si elle est possible. David Demarcy rappelle l'investissement du GDS auprès des éleveurs, notamment pour la FCO où ils sont incités à se déclarer foyers en vue d'un éventuel futur plan d'aides. «Vous êtes les sentinelles de vos élevages, nous sommes là pour vous aider dans la prévention et la recherche de pathologies.»

Les tarifs de prophylaxie ont été harmonisés au sein du GDS Picardie, mais la région souffre d'une désertification vétérinaire, qui suit la baisse du nombre d'éleveurs.

«Les maladies ont de lourds impacts économiques sur nos élevages. Il nous faut anticiper les commandes de vaccin, les prises de sang... afin de garder nos animaux en bonne santé», conclut le président.

Paratuberculose : ne pas attendre d'être touché !

Pascal Le Béguec, conseiller au GDS 53, a présenté l'énorme travail mené sur cette maladie dans son département. La paratuberculose entraîne de grosses pertes économiques dans les élevages, jusqu'à parfois 25 % de décès des animaux par an.

C'est une maladie digestive infectieuse, due à une mycobactérie, très résistante, qui cause une inflammation chronique de l'intestin chez les bovins adultes. Perte de production laitière, diarrhées intenses, amaigrissement, poil sec... en sont les symptômes. L'animal meurt d'épuisement et il n'existe aucun remède.

«C'est une maladie insidieuse, complexe, avec une contagion sans symptôme des veaux de moins de 6 mois», précise celui qui est devenu spécialiste de cette pathologie. L'hygiène au vêlage et la séparation mère-veau, sans épandage de la litière, sont des moyens de prévention. «La paratuberculose est une maladie opportuniste qui se développe à la faveur de stress alimentaire, de stress d'élevage, d'un manque de confort et de propreté.»

Elle est difficile à dépister car des animaux sont excréteurs permanents ou d'autres temporaires. Les pertes indirectes sont lourdes : 5 à 22 EUR/1.000 l de lait et 32 à 107 EUR/vache/an en élevage laitier, 100 EUR/VA/an en allaitant.

Après expertise du troupeau, un plan d'assainissement peut être proposé. Le dépistage des animaux porteurs et leur élimination donnent de bons résultats, mais à échéance 10 ans.

Un consortium a été créé pour rechercher s'il y a un effet race et un effet génétique. Une grande étude sur plusieurs années a permis d'établir des indicateurs sur reproducteurs en Holstein et Normande avec des animaux notés sur leur sensibilité à la maladie, dans l'objectif d'améliorer par la génétique la résistance des troupeaux.

Ce travail va être élargi aux races allaitantes par de vastes campagnes de prélèvements.

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