Du champ à l’assiette. C’est le leitmotiv d’Écolience. Un projet mené par Marlène Castan et Frédéric Grünblatt, deux pionniers de la distribution et la mise sur le marché de produits bio. Et si c’est en région Champagne qu’ils souhaitaient d’abord implanter leur entreprise, le hasard des rencontres et opportunités les a conduits vers le Sud Vienne.

Et plus particulièrement vers Genouillé. «Nous avons été séduits par l’écosystème et nous avons rapidement découvert que les consommateurs de bio étaient très nombreux à l’échelon de la Nouvelle-Aquitaine», explique Frédéric Grünblatt, président d’Écolience. «Et l’accueil que nous avons reçu des élus et acteurs économiques a aussi été déterminant. C’est un projet qui se fait dans une démarche collective», ajoute Marlène Castan, directrice générale de l’entreprise.

En 2018, les deux ont acheté une exploitation de 260 ha, situés sur les communes de Genouillé et Asnois. Une ferme d’un seul tenant qui produisait à l’époque 5 cultures, 1 légumineuse et des bovins. Depuis, la ferme gérée par Frédéric Grünblatt avec deux salariés a bien évolué. Convertie en bio, elle produit désormais 22 cultures différentes et devrait prochainement accueillir des chèvres poitevines et poules pondeuses. Des productions très variées, qui vont être transformées sur place, à partir mi-2022. Le site de 36.000 m2, situé au milieu de l’exploitation agricole, va permettre de stocker jusqu’à 1.400 tonnes de produits, mais aussi de trier 8.000 tonnes de grains par an, de les conditionner, de transformer les céréales en farine, les oléagineux en huile, de brasser de la bière, de fabriquer des pains, biscuits, pâtes, Chabichou, yaourts, et même des pizzas, quiches et crêpes… Bref, un très large éventail de produits bio qui sera ensuite commercialisé dans les boutiques bio sous la marque Sans détour. «Notre objectif, c’est de vendre 65 % de ce qui sortira de l’usine en Nouvelle-Aquitaine», précise Marlène Castan.

Des achats auprès d’une centaine d’agriculteurs

Pour alimenter le site en matières premières, l’exploitation agricole ne suffira évidemment pas. «Nous aurons besoin de la production de près de 3.000 hectares bio. Nous avons besoin de 7.500 tonnes de produits, et nous n’en produirons que 500 tonnes», ajoute Frédéric Grünblatt, qui s’engage à ce que cet approvisionnement se fasse dans un rayon de 100 km autour du site, soit sur une grande partie de la Vienne, des Deux-Sèvres, de la Charente, mais aussi du Nord de la Charente-Maritime et de la Haute-Vienne. «Nous allons réaliser des contractualisations pluriannuelles avec des agriculteurs bio qui sont très nombreux dans ce secteur. Ils sont 500 dans un rayon de 40 km et 2.000 dans un rayon de 90 km», se réjouit le président du site qui a d’ores et déjà signé avec une vingtaine de producteurs. Outre l’exploitation agricole et l’outil de transformation, Écolience disposera également d’un volet pédagogique et touristique avec la possibilité de visiter la ferme, mais aussi l’usine (avec un couloir de visite extérieur), une boutique et une zone de restauration, ainsi qu’une salle de conférences.

Bref, un concept très large, qui ravit évidemment les élus locaux qui ont accompagné les porteurs de projet depuis le début. «Ce site va aider à aller vers plus d’agriculture bio, mais aussi de développer le territoire», souligne Jean-Guy Valette, le maire de Genouillé, qui rappelle qu’une soixantaine d’emplois devraient être créés lorsque le site sera en vitesse de croisière, d’ici 2027. Dès cet hiver, 17 personnes seront recrutées. «Cela devrait représenter des besoins en logements en plus», ajoute l’élu. «On sent un grand professionnalisme des porteurs de projets», estime pour sa part Jean-Olivier Geoffroy. Le maire de Champniers, président de la communauté de communes et conseiller départemental, ajoute que le Département va d’ailleurs accélérer l’accès du secteur au haut débit, et qu’un rendez-vous est déjà pris avec Agrilocal, plateforme qui permet à la restauration hors domicile de s’approvisionner en local. Écolience sera également intégré au PAT du Grand Poitiers. «Pour une fois, on met une usine près des producteurs, et pas près des consommateurs», se réjouit Pascal Lecamp, le maire de Civray.