L'Oise Agricole 13 février 2019 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

Un meilleur accès aux écoles supérieures pour les handicapés

À l'occasion du 10e anniversaire de la charte Handicap, la Conférence des grandes écoles (CGE) renouvèle son engagement en faveur de la formation et de l'insertion professionnelle des étudiants en situation de handicap.

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De gauche à droite : Sophie Cluzel, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée des Personnes handicapées, Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, et Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des Grandes écoles. (© Dorian Alinaghi)  © Dorian Alinaghi

Lundi 11 février 2019, UniLaSalle accueille un événement porté par la Conférence des grandes écoles (CGE) et labellisé «Tous concernés, tous mobilisés» par la Conférence nationale du handicap et par la Commission nationale consultative des droits de l'Homme.

«Grâce au soutien et à l'accompagnement quotidien de la CGE, les grandes écoles se sont largement emparées des problématiques d'inclusion des étudiants en situation de handicap et le chemin parcouru en dix ans est extrêmement encourageant» souligne Julien Soreau, responsable du pôle diversité-égalité des chances de l'EM Normandie.

Cependant, tous les élus de l'Oise ainsi que Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, et Sophie Cluzel, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées, sont venus à la rencontre des étudiants ayant une situation de handicap.

Les témoignages ont révélé que leur situation reste tout de même compliqué : «déjà, durant mes études au lycée, je ne pouvais pas aller à certains cours car il n'y avait pas d'ascenseur et la présence était obligatoire. Cela m'a beaucoup pénalisée et j'ai dû aller dans une école adaptée proche de chez moi, sauf qu'il n'y avait pas les matières et les options que je voulais faire... il y a un gros problème d'infrastructures» explique une étudiante d'UniLaSalle.

Un autre étudiant venant de Lyon a raconté qu'il n'y avait pas que les infrastructures comme problème : «pour venir jusqu'à Beauvais, c'était compliqué : pas de rampe, les taxis et les trains ne sont pas adaptés et pour circuler à Paris en chaise roulante, ce n'est pas simple. Les infrastructures ne ressemblent pas du tout à celles de la ville de Londres qui sont, elles, complètement adaptées. Qui plus est, je devais faire un stage à l'étranger, mais les entreprises ont encore du mal et ont encore des apriori sur les personnes ayant un handicap. Dès lors, la recherche d'un stage était très difficile et cela a pénalisé mon second semestre».

«Ces étudiants bénéficient du même accès que tous les autres. Ils peuvent aussi étudier en alternance et profiter de tous les bénéfices qu'apporte cette pédagogie. Cependant, il y a des progrès à faire. Il y a 1,08 % d'étudiants en situation de handicap dans nos établissements. Et, 1,37 % à l'université. Il reste encore des barrières à faire tomber» explique Vincenzo Esposito Vinzi, président de la Commission diversité de la Conférence des grandes écoles.

Pour une dynamique plus inclusive

La nouvelle charte s'axe sur 8 articles. Le premier a pour objectif de réaffirmer par les signataires les objectifs définis dans la précédente charte de 2008. Ainsi, la deuxième charte se donne comme nouveaux objectifs : d'améliorer le continuum études secondaires/études supérieures/ vie professionnelle ; de promouvoir la vie étudiante comme vecteur inclusif ; de garantir l'accès au sport pour les étudiants en situation de handicap.

«Surtout, cet objectif va dans la continuité de la dynamique lancée suite à la désignation de Paris pour l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024» souligne Xavier Quernin, chargé de mission handicap d'UniLaSalle ; et d'accompagner la mobilité internationale des étudiants en situation de handicap.

Le deuxième article favorise la sensibilisation et la communication sur les thématiques Handicap avant l'entrée dans l'établissement supérieur. Cela consiste à améliorer la visibilité des dispositifs d'accompagnement pour les candidats à travers des moyens de communication ; de favoriser le travail avec les réseaux de l'enseignement secondaire, notamment en développant des tutorats à destination de lycéens ou collégiens en situation de handicap pour favoriser la poursuite d'étude (programme Phare de la FEDEEH...) ; travailler en lien avec les structures d'orientation de l'enseignement secondaire (psychologues Éducation Nationale, Onisep, CIDJ...).

Le troisième article consiste à accompagner les étudiants en situation de handicap durant leur scolarité via le référent Handicap. Cela passe par un volet de communication en interne autour des dispositifs d'accompagnement spécifiques aux ESH en vigueur au sein de l'établissement concerné. Ainsi, le référent encourage les étudiants à faire connaître leur situation de handicap et leurs besoins spécifiques liés à leur cursus. Cet article permet également la participation à l'analyse des besoins de l'étudiant, en liaison avec un médecin désigné par la CDAPH ou avec un SMUPS partenaire.

De plus, l'article aide surtout à l'accueil, au suivi, à l'accompagnement et au conseil, à l'admission à l'insertion professionnelle pour les étudiants en situation de handicap. En outre, il y a une attention particulière vis-à-vis des étudiants internationaux en situation de handicap (en mobilité entrante), afin qu'ils bénéficient d'aménagements académiques adaptés à leurs besoins.

Le quatrième article concerne l'insertion professionnelle où le référent handicap travaille et accompagne la personne en situation de handicap pendant les études et après la diplomation. Pour ce faire, le référent s'appuie notamment sur des partenaires institutionnels (AGEFIPH, FIPHFP...).

Le cinquième article s'axe sur la vie étudiante. Le référent handicap de l'établissement soutient la mise en place de référents handicap étudiants au sein de chaque association et participe à leur formation. Il propose également des actions de sensibilisation autour du handicap à destination des étudiants. Il favorise aussi une pratique sportive inclusive, dans le cadre des programmes académiques, des compétitions étudiantes ou des loisirs.

Pour le sixième article, il s'agit de l'évaluation annuelle de la présente charte. Les établissements signataires s'engagent à répondre à l'enquête quantitative et qualitative annuelle Handicap, coordonnée par le groupe de travail Handicap de la Conférence des grandes écoles.

Pour le septième article, les grandes écoles s'engagent à mettre en oeuvre le projet de formation avec l'étudiant ; mettre en oeuvre les moyens nécessaires à sa réalisation avec les partenaires et prestataires adéquats (MDPH, MESR...). Pour le dernier article, cela concerne la reconduction de la charte, d'une durée de deux ans, et renouvelable par tacite reconduction pour une durée de deux ans.

«Le gouvernement vient par ailleurs de prendre une mesure de simplification. Depuis le 1er janvier, les handicapés à plus de 80 % perçoivent leur allocation (AAH) à vie et n'ont plus à se justifier en permanence» affirme Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement Supérieur.

Casser les barrières des frontières

«Nous sommes allés jusqu'à l'Onu pour défendre ce statut, poursuit Xavier Quernin. Mais, en tant qu'ONG (organisation non gouvernementale), nous ne pouvons aller plus loin et devons mener des actions de lobbying afin d'inciter un État membre à le porter». Sophie Cluzel avait annoncé en mai 2018 que la France s'était emparée de cette question.

Les trois associations précitées souhaitent donc proposer au gouvernement français de profiter du troisième cycle de l'Examen périodique universel (qui consiste à passer en revue les réalisations de l'ensemble des Etats membres de l'ONU dans le domaine des droits de l'Homme de 2017 à 2021) pour présenter cette problématique internationale et apporter des solutions concrètes. De nombreux défis restent encore à relever, mais des actions comme celles-ci sont nécessaires pour encourager les jeunes handicapés à s'aventurer sur le chemin, souvent sinueux, de l'emploi. Et, pourquoi pas, au-delà des frontières ?

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