L'Oise Agricole 13 juillet 2023 a 09h00 | Par Vincent Fermon

Un avenir plein de belles promesses pour Saint Louis Sucre et ses planteurs

Lors de réunions ouvertes à ses planteurs en Picardie et en Normandie entre le 19 et 26 juin, l'entreprise Saint Louis Sucre est revenue sur le prix des betteraves qui sera payé en 2023, les conditions contractuelles des campagnes à venir et ses objectifs en matière environnementale.

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Se réjouissant de proposer à ses planteurs le «meilleur prix de France» pour les betteraves récoltées en 2022, Saint Louis Sucre propose à ces mêmes planteurs d'augmenter leurs surfaces pour la campagne 2024.
Se réjouissant de proposer à ses planteurs le «meilleur prix de France» pour les betteraves récoltées en 2022, Saint Louis Sucre propose à ces mêmes planteurs d'augmenter leurs surfaces pour la campagne 2024. - © VF

Après une réunion de la Commission de répartition de la valeur (CRV) qui s'est tenue début juin, les responsables de Saint Louis Sucre n'étaient pas peu fiers de communiquer le prix d'achat de betteraves pour la campagne 2022-2023. Fonction du critère pris en compte - betterave entière à 16° ou forfait collet, le prix s'affiche respectivement à 43,31 EUR/t et 46,57 EUR/t, soit «le meilleur prix de France», s'est réjoui Thomas Nuytten, directeur betteravier de Saint Louis Sucre, confirmant aux planteurs une décision prise le 7 juin dernier. Avec un rendement moyen de 85 t/ha à 16°, une durée de campagne de 135 jours, pas étonnant selon les responsables de Saint Louis Sucre que le prix 2022 soit «très bon». Et Thomas Nuytten de rappeler que «nous sommes les seuls à corréler le prix de la betterave au prix du sucre selon une formule gagnant-gagnant.»

Roye et Étrepagny, des usines «complémentaires»

Pour Daniel Calmejane, directeur des ventes export-import, si Saint Louis peut aujourd'hui afficher un tel niveau de prix, l'une des rai-sons est un contexte de «marché porteur» avec une «reprise de consommation de sucre partout dans le monde», la guerre entre l'Ukraine et la Russie et enfin plusieurs mauvaises récoltes dans certaines parties du monde. Président de Saint Louis Sucre, François Verhaeghe assure quant à lui que la «profonde transformation» du groupe engagée de-puis 2018 n'y est pas étrangère. Selon les plans suivis pour parvenir à cette transformation, on se souvient par exemple que deux sucreries présentes sur le territoire français (Eppeville dans la Somme, Cagny dans le Calvados) avaient été condamnées en 2020. Aujourd'hui, a-t-il rappelé, l'organisation industrielle du groupe Saint Louis Sucre est «finalisée» et se concentre autour des usines de Roye (80) et Étrepagny (27). Les deux usines étant «complémentaires», elles sont spécialisées pour l'une dans le produit vrac en gros volumes tandis que l'autre est capable de répondre à des marchés spécifiques, produit des sucres tamisés et palettisés. Enfin, selon François Verhaeghe, «être adossé à Südzucker, qui est un groupe important et diversifié est un atout et une force».

Mais est-ce que cela peut durer ? Le directeur des ventes import-export de Saint Louis Sucre est plutôt confiant : «Peu d'indicateurs nous font penser qu'il y aura une baisse brutale des prix du sucre. Les experts tablent sur un équilibre de l'offre et de la de-mande, avec une production pour la campagne 2023-2024 légère-ment excédentaire, de l'ordre de 0,2 million de tonnes.» Si on ajoute à cela la volonté confirmée de la maison-mère de Saint Louis Sucre, Südzucker, de concentrer sa stratégie sur le marché européen, «les perspectives sont bonnes» a déclaré M. Calmejane. Dans ces conditions, «Saint Louis Sucre sera en mesure de payer la betterave à ses planteurs à un prix intéressant», a-t-il encore ajouté.

2024 dans la ligne de 2023

Le prix des betteraves 2022 étant désormais connu, les regards se portent sur ceux de 2023, voire 2024. Du côté de la direction de Saint Louis Sucre, on explique que le prix minimum garanti pour les betteraves récoltées en 2023 sera de 32 EUR/t à 16° avec le versement d'un premier acompte de 20 EUR/t à 16°. C'est déjà plus que l'an dernier puisque l'acompte était de 14,5 EUR/t. Un deuxième acompte de 12 EUR/t devrait ensuite être versé fin mars 2024, avant que le versement du solde (30/06) n'ait lieu après la réunion de la Commission de répartition de valeur. Pour la campagne d'après, les responsables de Saint Louis Sucre annoncent d'ores et déjà inscrire le contrat 2024 «dans la droite ligne du contrat 2023», a résumé Thomas Nuytten. «Bien entendu, a-t-il poursuivi, pour la campagne 2023, nous ne pourrons aller au-delà du prix minimum garanti que dans l'hypothèse où les marchés restent porteurs et à condition que nous ayons vendu du sucre à un bon prix...» En réalité, il s'agit surtout pour Saint Louis Sucre de ne pas trop se dévoiler par rapport à des entreprises concurrentes.

Mille hectares en plus recherchés

Ce qui n'est en revanche pas un secret, c'est la volonté du groupe Saint Louis Sucre de poursuivre l'accroissement des surfaces destinées à alimenter ses deux usines françaises. Pas moins de mille hectares sont en effet re-cherchés pour la campagne 2024. «Ainsi, a dit Thomas Nuytten, cela nous permettrait d'aller au bout de notre stratégie industrielle.» Dans cette stratégie, figure aussi la réduction de la consommation d'énergies dans le process de fabrication au sein des usines de Roye et Étrepagny (décarbonation) ainsi que l'amélioration de l'itinéraire cultural de la betterave et des pratiques des agriculteurs.

Une stratégie basée sur la conquête de valeur

Bien qu'il fasse partie des acteurs majeurs de la fabrication de sucre en France, le groupe Saint Louis Sucre n'est pourtant pas présent dans les rayons de toutes les enseignes françaises de distribution alimentaire. La raison ? «Il n'est pas question pour nous de brader nos produits», a répondu Camille Bouclier, responsable marketing, à l'un des planteurs de SLS qui l'interrogeait sur le sujet à Villequier-Aumont (02). Et d'ajouter que «si on estime que le prix n'est pas suffisant, on préfère ne pas y aller...» La raison de l'absence de Saint Louis et de ses marques chez certains distributeurs est donc affaire de négociations commerciales. Pour sa responsable marketing, «Saint Louis Sucre continue de défendre une stratégie de valeur». En ce qui concerne le bio, «cela reste un petit marché. Le marché du sucre bio a progressé pendant de nombreuses années, mais aujourd'hui, le consommateur fait d'autres choix...» Enfin, a assuré Thomas Nuytten, en ce qui concerne certaines démarches «qualité» reconnues par un label, «nous ne nous intégrerons pas à ce genre de démarches s'il n'y a pas un gain de valeur ajoutée à la clé».

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