À l'occasion des Journées du patrimoine de septembre 2023, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé le lancement d'une collecte nationale en faveur du patrimoine religieux. Il y a quelques semaines, une première liste de 100 édifices a été dévoilée. Parmi eux, l'église Saint-Sulpice de Montiers, seul monument bénéficiaire dans l'Oise. Une bonne nouvelle pour les membres de l'association de sauvegarde et de restauration de l'église Saint-Sulpice, qui cherche à redonner vie à l'édifice en péril.

«On a réussi à démontrer qu'il y a une richesse historique ici, se réjouit Frédéric Rossinot, son président. Il nous faut 250.000  EUR pour réaliser la 4e tranche des travaux.»

Le montant alloué par la Fondation du patrimoine n'est pas encore connu, mais il devrait grandement aider au sauvetage de la nef romane, à la mise en ordre du réseau d'eaux pluviales et à l'assainissement de l'édifice.

Les habitants de Montiers sont habitués aux échafaudages sur leur église. Suite à un effondrement du choeur en 1958, le monument a même été proposé à la démolition. Un mur a depuis été édifié et sépare aujourd'hui le choeur et la nef. En 2022, débute la restauration de la couverture et du couvrement des chapelles et de la croisée, ainsi que de la nef.

«On a l'impression d'entrer dans l'histoire»

L'église est construite sur un plan en croix latine et se compose d'une nef romane datée du XIIe siècle, d'un coeur et d'un transept construits dans un style classique datés de 1646. Le clocher est accolé au bas Nord du transept. «On remarque quatre époques successives, explique Dominique Kral, bénévole et passionné d'histoire. La nef est vraisemblablement carolingienne, et les arcs brisés sont romans. Il y a plusieurs litres funéraires, dont l'emploi débute au XIVe siècle. C'est un privilège qui disparaîtra à la Révolution. Des parties restaurées laissent voir des styles gothique et baroque.»

À l'intérieur, l'édifice abrite quelques trésors : «Nous avons de remarquables statues en bois peintes. Elles sont classées. Tout comme la grande croix du Christ.» Les dalles funéraires et les murs révèlent des blasons et armoiries, encore inconnus, ou des noms célèbres comme Tarteron de Montiers ou des membres de la famille Sorel. «On découvre en permanence quelque chose en venant ici. On a l'impression d'entrer dans l'histoire.»

Et pour perpétuer l'histoire du lieu, une dizaine de bénévoles se mobilisent, cherchent des fonds et des mécènes, ou se plongent dans les archives (voir encadré). Pour faire vivre l'association, certains membres confectionnent des objets, des gâteaux, des confitures, qui sont ensuite vendus sur les brocantes ou le marché de Noël. «Notre association est récente, elle a été créée en 2022 dans la suite d'une précédente structure mise en sommeil, raconte Frédéric Rossinot. Nos efforts commencent à porter leurs fruits. On peut maintenant éditer des reçus fiscaux.»

Des dons déductibles des impôts

Pour financer ces travaux, la collecte nationale pour le patrimoine religieux bénéficie d'un taux de déduction fiscale renforcé pour les particuliers de 75 % jusqu'à 1.000  EUR, comme ce fut le cas pour la souscription nationale pour la cathédrale Notre-Dame de Paris. «L'élan de générosité suscité par l'incendie de Notre-Dame de Paris a témoigné de l'attachement des Français à leur patrimoine religieux. Aujourd'hui, ce sont toutes les églises de France qui ont besoin de cette générosité. Elle est la condition de la préservation de ce patrimoine de proximité par excellence, qui fait partie du paysage incontournable de toutes les communes de France» a déclaré la ministre de la Culture, Rachida Dati, dans un communiqué dévoilant la liste des 100 premiers édifices qui bénéficieront de la collecte nationale en faveur du patrimoine religieux des villages de France. Le besoin de financement pour sauver ces 100 édifices est de 15 millions d'euros.

Bientôt des concerts

Depuis le début des travaux en 2022, des écoles du coin sont venues voir les tailleurs de pierre en action ainsi que l'association Vieilles maisons françaises. «C'est toujours intéressant de montrer ce que l'on fait. C'est aussi pour cela que l'on est inscrit aux Journées du patrimoine. On va faire beaucoup d'affichages pour annoncer l'événement. On espère accueillir pas mal de gens qui, peut-être, feront des dons.»

D'ici le mois de septembre ou d'octobre, l'association s'attend à accueillir une cantatrice et un orchestre dans ces murs. «On a plus qu'à caler la date. Ce n'était pas possible auparavant vu l'état de l'église. C'était une forêt d'échafaudage il y a encore quelques mois, qui montait jusqu'à 11,50 mètres.» D'ici là, l'association cherche des bancs afin d'accueillir le public.