L'Oise Agricole 10 avril 2025 a 09h00 | Par F.M

Trump lance ses mesures miroirs tarifaires

À l’occasion de son «Libération Day», le président américain Donald Trump a déclenché une guerre commerciale mondiale en imposant des droits de douane réciproques sur les importations de tous les pays.

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Les tensions commerciales mondiales s'intensifient avec l'instauration de nouveaux droits de douane réciproques entre les États-Unis et leurs partenaires, menaçant les échanges internationaux.
Les tensions commerciales mondiales s'intensifient avec l'instauration de nouveaux droits de douane réciproques entre les États-Unis et leurs partenaires, menaçant les échanges internationaux. - © Pexels/TomFisk

«L’accès au marché américain est un privilège, pas un droit.» Le président américain, Donald Trump, a donc, le 2 avril, franchi le Rubicon de la guerre commerciale qu’il ne cesse d’attiser depuis son arrivée à la Maison Blanche. Et cette fois-ci, tout le monde est concerné. À l’occasion de son «Libération Day», le locataire de la Maison Blanche a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, sorte de mesure miroir tarifaire. Dans le détail, elle sera appliquée en deux temps. Le 5 avril (minuit heure de Washington), l’administration américaine imposera un droit de douane général de 10 % pour les importations en provenance de tous les pays. Puis, le 9 avril (minuit heure de Washington), Donald Trump imposera des droits de douane plus élevés et réciproques pour les pays avec lesquels les États-Unis accusent les plus importants déficits commerciaux. Les pro-duits chinois seront ainsi taxés à hauteur de 34 % alors que ceux en provenance de l’UE le seront à un niveau de 20 %. Les produits des cinq grands secteurs, identifiés comme le «Big 5» par Washington ne sont pas concernés. Le bois de construction, le cuivre, les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques sont exclus du champ d’application des droits de douane réciproques alors que l’acier, l’aluminium et les automobiles sont visés par d’autres taxes de 25 %.

Combler les déficits

Le président américain justifie la mise en place de cette me-sure par la nécessité de combler les déséquilibres commerciaux, notamment en matière agricole évoquant «un déficit record de 49 milliards de dollars» en la matière. «Depuis des générations, les pays profitent des États-Unis en imposant des droits de douane plus élevés», ajoute la Maison Blanche dans un communiqué. À titre d’exemple, l’exécutif américain met en avant que «le Brésil (18 %) et l’Indonésie (30 %) imposent des droits de douane plus élevés sur l’éthanol que les États-Unis (2,5 %)». «Pour le riz en coque, les États-Unis imposent un tarif de 2,7 %, tandis que l’Inde (80 %), la Malaisie (40 %) et la Turquie (31 %) imposent des taux plus élevés» alors que «les pommes entrent aux États-Unis en franchise de droits, mais pas en Turquie (60,3 %) et en Inde (50 %)». Au-delà de la rhétorique tarifaire, Trump s’attaque également aux obstacles non tarifaires qu’il considère être destinés à limiter les importations et les exportations et à protéger les industries nationales. «L’action d’aujourd’hui demande simplement aux autres pays de nous traiter comme nous les traitons», estime la Maison Blanche. Et d’ajouter : «C’est la règle d’or de notre âge d’or».

La carotte et le bâton

De son côté, l’UE a immédiatement réagi par le biais de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Depuis Samarcande (Ouzbékistan) où elle participe au sommet UE/Asie Centrale, l’Allemande a indiqué regretter «profondément» le choix fait par Donald Trump. «Les conséquences seront désastreuses pour des millions de personnes à travers le monde», a-t-elle déclaré dans un communiqué. Et d’ajouter : «Il n’existe pas de solution claire à la complexité et au chaos qui se créent alors que tous les partenaires commerciaux des États-Unis sont touchés». Selon les premiers éléments d’analyse, l’ensemble des mesures annoncées pourrait engendrer 80 milliards d’euros de droits additionnels pour les exportations de l’UE. Conformément à sa stratégie en place depuis janvier, l’UE tente de trouver un fragile équilibre entre la menace et les velléités de trouver une solution commune. Bruxelles se dit d’ailleurs ou-verte à discuter avec Washington. «Nous avons toujours été prêts à négocier avec les États-Unis pour supprimer les obstacles restants au commerce transatlantique», rappelle Ursula von der Leyen. Le commissaire au Commerce international, Maros Sefcovic, en charge du dialogue avec les États-Unis, devait justement s’entretenir avec ses homologues américains le 4 avril. Mais l’exécutif européen n’exclut pas pour au-tant la possibilité de mesures de rétorsion le cas échéant. «Nous sommes déjà en train de finaliser un premier paquet de contre-me-sures (adoption le 9 avril pour une entrée en vigueur le 15 avril) en réponse aux tarifs douaniers sur l’acier», précise la présidente de la Commission européenne tout en se préparant à «de nouvelles contre-mesures, pour protéger nos intérêts et nos entreprises si les négociations échouent». Sur ce point, l’exécutif européen est plus flou et analyse de manière approfondie ses possibilités de réaction.

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