L'Oise Agricole 21 mars 2019 a 09h00 | Par Dorian Alinaghi

Trouver un remède à la désertification médicale

Le mardi 12 mars 2019, s’est déroulé un colloque sur la santé, organisé par l’Union des maires de l’Oise à Bresles. Nadège Lefebvre, présidente du Conseil départemental de l’Oise, et Anne Fumery, conseillère départementale du canton de Mouy, déléguée, chargée de la santé, ont présenté le Plan Oise Santé.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
La création d’un service d’accompagnement individualisé et personnalisé, la Cellule Oise Santé, permet de faciliter les démarches professionnelles, mais aussi personnelles des professionnels de santé qui souhaitent s’installer dans l’Oise.
La création d’un service d’accompagnement individualisé et personnalisé, la Cellule Oise Santé, permet de faciliter les démarches professionnelles, mais aussi personnelles des professionnels de santé qui souhaitent s’installer dans l’Oise. - © Dorian Alinaghi

Plus d’un médecin sur deux a l’âge de la retraite. La présence de médecins, et plus généralement de professionnels de santé, est capitale pour les habitants de l’Oise. Pour lutter contre la désertification médicale, le Conseil départemental a donc lancé le Plan Oise Santé pour attirer des médecins. «Le Conseil départemental de l’Oise a fait le choix de mobiliser des moyens importants pour lutter contre la désertification médicale» affirme Nadège Lefebvre, présidente du conseil départemental de l’Oise. «Nous ne prétendons pas que ces moyens vont régler, comme par magie, un problème aussi complexe, mais grâce à ce plan, partagé avec les acteurs du territoire, nous avons essayé d’imaginer des solutions en phase avec les besoins des jeunes et futurs professionnels de santé. En effet, si notre volonté est d’accueillir, nous voulons aussi simplifier l’installation avec différents leviers : des aides financières certes, mais aussi la mise en place d’une Cellule Oise Santé et le financement de nouvelles maisons de santé ou de cabinets médicaux qui répondent aux aspirations des nouvelles générations. C’est-à-dire moins de solitude, plus de sérénité et une vie de famille préservée» poursuit-elle.

Les médecins souhaitant concilier vie professionnelle et vie familiale étaient en général attirés par les grands centres urbains et les grands centres hospitaliers, désertant les territoires ruraux où l’exercice libéral y était trop méconnu. Mais pour le Conseil départemental, l’Oise détient des atouts favorables pour l’installation.

«Le choix de l’installation est un moment fort dans la vie d’un professionnel de santé. À une heure de Paris, le territoire de l’Oise peut doublement répondre aux attentes. Que ce soit par la qualité de son réseau médical et soignant, qui n’a rien à envier à l’île-de-France, par la patientèle diversifiée portée par une démographie qui ne cesse de croître, ou par la qualité du cadre de vie grâce à un patrimoine historique et naturel riche» souligne Anne Fumery, conseillère départementale déléguée, chargée de la santé.

Un plan axé sur 4 mesures phares

Pour attirer les professionnels de santé dans l’Oise, le Conseil départemental mobilise quatre mesures concrètes. La première concerne l’aide financière à l’installation. Le deuxième porte sur le prêt à 0 %. C’est une aide aux généralistes, spécialistes, dentistes, infirmiers et kinésithérapeutes s’installant pour la première fois en zone de désertification médicale dans l’Oise. Il s’agit d’un prêt à 0 %, de 5.000 à 50.000 €, pour une durée de 2 à 5 ans et cumulable avec l’aide à l’investissement, dans la limite de 80 % du montant investi. Elle complète l’aide financière à l’installation pour permettre, par exemple, l’acquisition de locaux (patientèle non subventionnée).

Elle vise à limiter la charge pour les médecins ou professionnels de santé nouvellement diplômés, qui préféreraient exercer à l’hôpital pour ne pas s’endetter. Une enveloppe de 1,5 M€ est consacrée à ce volet pour permettre l’accompagnement des médecins à hauteur de 20.000 € au maximum (40.000 € pour les dentistes).

Le troisième consiste à un accompagnement individualisé pour les professionnels de santé et les étudiants. Ce guichet, piloté avec l’ARS en particulier, aura vocation à favoriser l’émergence de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), l’équivalent de maisons de santé multi-sites, au sein desquelles les professionnels se soutiennent dans l’exercice de leur métier. Le Conseil départemental propose dans ce cadre un accompagnement individualisé pour l’installation des médecins et leur famille.

Le quatrième axe concerne l’aide à la création de maisons de santé. Elle doit favoriser l’exercice groupé de la médecine et le remplacement des professionnels pendant leurs congés. Ces structures répondent aux attentes de nombreux médecins. Une mesure dotée de 1,5 M€ au titre de l’aide aux communes. Depuis 2015, plus de 2 M€ de subventions ont été versés aux communes de l’Oise pour la création de maisons médicales ou de cabinets pluriprofessionnels publics sur l’ensemble du territoire.

Pour le Conseil départemental de l’Oise, ce volet est indissociable du Plan Oise Santé parce qu’il permet de répôndre aux attentes de nombreux médecins au cœur de la problématique de la désertification médicale. «À Cuise-la-Motte, nous avons déjà un cabinet pluriprofessionnel, mais les médecins souhaitaient quitter la commune pour rejoindre Compiègne, et pour plusieurs raisons : la difficulté d’attirer de jeunes médecins, le besoin d’une organisation qui garantisse la qualité de vie et la mise aux normes du cabinet trop coûteuse. Nous savions que si nous ne faisions rien, nous n’aurions plus de médecins pour un bassin de vie de près de 13.000 habitants. Nous avons donc décidé, suite à la fermeture de l’école, en 2015, de réaffecter une partie des batiments à la construction d’un cabinet médical. Dimensionné pour 6 médecins, 4 ayant déjà pris l’engagement de s’y installer, ce cabinet médical devrait ouvrir ses portes en septembre 2019» annonce Renaud Bourgeois, maire de Cuise-la-Motte.

Cette expérimentation est une première en France, à l’échelle d’un territoire. L’Oise a besoin des blouses blanches et comme le disait le plus grand médecin politique, Georges Clemenceau, «le médecin, comme le politique, a la même mission : soigner. Le médecin soigne les corps, le politique soigne le corps social. Pour soigner le corps, il faut un savoir, pour soigner le corps social, il faut un courage. Soyons lucide et soyons courageux».

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,