L'Oise Agricole 18 juillet 2024 a 08h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé

Témoignages de moisson

Ils ont commencé leur moisson et les premiers résultats sont plutôt décevants.

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Jean-Paul Legrand, son voisin, Frédéric Haustrate, son salarié, travaillent avec Xavier Desmet (à droite) pendant la moisson.
Jean-Paul Legrand, son voisin, Frédéric Haustrate, son salarié, travaillent avec Xavier Desmet (à droite) pendant la moisson. - © DLC

Dans le Valois, Xavier Desmet commence juste les blés

Agriculteur à Auger-Saint-Vincent, celui qui est aussi co-président du SEA du Valois a récolté ses escourgeons et colza. Ce mercredi, il battra du blé.

«Dans le secteur, les blés sont mûrs et avec les belles journées que la météo nous annonce enfin, nous allons faire un maximum d'hectares», déclare le jeune agriculteur. Il lui faudra environ 7 journées pour récolter 200 ha de blé, les siens et ceux de son voisin, Jean-Paul Legrand. Avec leurs deux fermes regroupées et voisines, le chantier est facilité, pas besoin de décrocher la coupe entre les parcelles.
«Je ne vais pas traîner car, ensuite, la machine va faire la moisson de mon cousin, dans le Nord. Nous l'avons achetée ensemble, une Lexion 6.700 de chez Claas. Nous en changeons tous les deux ou trois ans pour avoir une machine au top car, au fur et à mesure des années, il n'y a plus de décalage entre ma fin de moisson et le début de celle de mon cousin. Il y a trente ans que les deux exploitations travaillent ainsi et, avant, il y avait une bonne semaine de décalage», constate-t-il.
Sa moisson, il l'a commencée le 8 juillet avec 10 ha d'escourgeon. Auparavant, comme beaucoup d'exploitants du secteur, il avait contacté son expert d'assurance pour éventuellement faire jouer son assurance aléas. «On a tous eu peur de rendements très bas qui auraient déclenché l'assurance. Mais l'expert a estimé mes blés entre 60 et 90 q/ha. Ce fera sans doute une moyenne trop haute pour déclencher, mais cela m'a un peu rassuré», ajoute-t-il.
Ses escourgeons ont donné 65 q/ha, dans l'écart type du secteur qui va de 50 à 75 q/ha. Ses 15 ha de colza ont fini à 35 q/ha, ce qui semble un bon résultat pour l'année, avec des fourchettes de 25 à 40 dans le Valois.
La première parcelle de blé battue la veille, une des moins bonnes, s'affiche à 63 q/ha, «sans doute un effet variétal, du Complice, semé tôt, qui n'a pas aimé l'année humide».
20 % de sa récolte est livrée à Ormoy-Villers, chez Soufflet Agriculture et chez Agora. Le reste est stocké à la ferme. «Vu la récolte qui ne va pas être très abondante, il y aura de la place», plaisante Xavier Desmet. Pour commercialiser, il suit les cours du blé et a déjà vendu le quart de sa récolte dans de bonnes conditions. Il craint néanmoins l'effet ciseaux avec les charges qui ont augmenté et une récolte qui ne sera pas au rendez-vous. «Heureusement, pour l'instant, les cours ont légèrement remonté.»
Sitôt récoltées, les parcelles sont déchaumées pour faire lever les adventices et préparer le semis des couverts. Même s'il a toujours apporté du soin à la culture des couverts, Xavier Desmet en voit d'autant plus l'intérêt depuis qu'il développe une troupe ovine sur son exploitation, essentiellement par plaisir. «Dès septembre, je vais doubler le nombre de brebis, jusqu'à 120, des croisements Île-de-France et Caussenarde du Lot pour la rusticité car elles sont dehors presque toute l'année, juste rentrées pour l'agnelage.» Elles valorisent les pâtures de l'exploitation sous la bonne garde d'un chien de troupeau. Avec les couverts bien implantés et soignés, les brebis se régalent et fertilisent les parcelles. Une démarche vertueuse qui satisfait Xavier Desmet.

Rémi Dezutter espère que ses blés en le décevront pas.
Rémi Dezutter espère que ses blés en le décevront pas. - © dlc

«J'espère que les blés seront bons»

À 34 ans, installé en polyculture-élevage laitier à Boutencourt, Rémi Dezutter a doublé sa surface en novembre dernier. Il aura 170 ha à récolter cette année et, malheureusement, cette première moisson ne sera sans doute pas inoubliable!

Après avoir récolté ses escourgeons, s'il est à l'arrêt, ce n'est pas seulement parce que la météo se montre particulièrement capricieuse. «Il faut attendre, car ni les colzas ni les blés ne sont mûrs. Et puis, de toute façon, la machine est en panne, j'attends le concessionnaire qui doit venir demain», explique le jeune exploitant. Sa machine ? Une Claas Dominator 88, de 4,20 m de coupe qui fait figure d'antiquité. «Mais, elle respecte totalement la paille dont j'ai besoin pour mon troupeau laitier. Les brins sont intacts sortie machine, avec les feuilles et l'épi vide. Je reconnais quand même que les machines récentes font du meilleur travail dans les colzas», sourit-il. Il fera d'ailleurs appel à un entrepreneur bien équipé pour ses 30 ha de colza. L'escourgeon l'a déçu avec un rendement de 61 q/ha, mais c'est toujours mieux que les échos à 40 quintaux qui sont arrivés à ses oreilles, on se console comme on peut. Rémi Dezutter trouve que ses colzas et ses blés ne présentent pas mal au vu des conditions météorologiques de l'année. Les désherbages ont été plutôt réussis et les maladies contenues. Même s'il veut croire à une bonne surprise, il reste lucide, un miracle reste rare.
Question organisation des chantiers, il travaille avec son père Luc et des cousins de Labosse. Trois générations que la moisson et le pressage de la paille se font en commun. Rémi Dezutter livre sa récolte au silo Agora de Thibivillers, il vend au prix moyen, il n'a pas le temps de suivre précisément les cours du blé. «Comme les rendements ne seront pas les meilleurs, j'espère que les cours vont se maintenir à leur niveau actuel».
Pour lui qui doit commencer à rembourser son récent agrandissement, ce n'est pas la meilleure année. Heureusement, l'atelier laitier va amortir l'exercice. «C'était prévu comme cela. Le lait assure des rentrées régulières et je touche une prime de 12 EUR/1.000 litres au vu de la qualité que je livre. L'idéal serait quand même d'avoir des résultats normaux sur la partie végétale», poursuit le jeune éleveur.
En attendant de reprendre la moisson, sans doute dans une dizaine de jours dès que les blés seront mûrs, il pense déjà à son futur assolement. Peut-être des pois de printemps car il a dû retourner ses pois d'hiver pour les remplacer par du maïs qui sera ensilé pour le troupeau. Ou encore du tournesol, mais les ravageurs peuvent être redoutables. À moins qu'il ne se laisse tenter par du lin d'hiver. Il a encore quelques semaines pour se décider

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