Strasbourg s’oppose à la Commission sur les abeilles
Le Parlement européen s’est prononcé le 23 octobre contre la proposition de la Commission européenne visant à évaluer l’impact des produits phytosanitaires sur la santé des abeilles. Les critères proposés par Bruxelles sont jugés insuffisants par les eurodéputés, car ils ne prennent pas en compte les risques à long terme et pour les pollinisateurs sauvages.

Le Parlement européen s’est opposé, lors d’un vote le 23 octobre à Strasbourg (par 533 voix contre 67 et 100 abstentions), au projet de règlement de la Commission européenne sur l’évaluation des risques des produits phytosanitaires pour les abeilles communes. Un projet que les eurodéputés considèrent comme «édulcoré», car il ne prend ni en compte la toxicité à long terme des pesticides ni leur impact sur les pollinisateurs sauvages. Le Parlement européen qui dispose d’un droit de veto sur ce dossier, oblige donc la Commission européenne et les États membres à revoir leur copie. Bruxelles avait été obligée de présenter ces mesures minimales face à l’intransigeance des États membres qui refusaient depuis des années la mise en place de critères trop contraignants. «Grâce à notre mobilisation, une très large majorité du Parlement européen n’a pas voulu d’une législation au rabais pour la protection des abeilles», a salué Pascal Canfin, président de la commission de l’Environnement du Parlement européen. Ce n’est pas l’avis de la Commission européenne pour qui ces dispositions valaient mieux que rien. «Malheureusement, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les abeilles. Non, nous n’étions pas en train d’abaisser le niveau actuel de protection. Oui, nous avions réussi, difficilement, à obtenir le soutien de dix-neuf États membres. Maintenant, les abeilles de l’UE sont de retour à la case départ et c’est regrettable», a réagi sur Twitter le commissaire européen à la Santé, Vytenis Andriukaitis.
Une étude attendue en mars 2021
Les États membres avaient, en effet, mis plus de cinq ans à trouver le compromis a minima sur les lignes directrices proposées en 2013 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Ils s’étaient seulement entendus sur une mise en oeuvre partielle des recommandations de l’Efsa à qui ils avaient demandé de présenter une nouvelle étude sur les méthodes d’évaluation des risques chroniques et pour les pollinisateurs sauvages d’ici mars 2021. Sur la base de cette étude, de nouvelles propositions devraient être préparées.
Insuffisant pour le Parlement européen qui estime dans son objection que le projet de règlement ne faisait «qu’affiner les essais en ce qui concerne la toxicité aiguë, ce qui, selon une évaluation d’impact réalisée par l’industrie des pesticides elle-même, ne modifierait pas le niveau de protection» actuel. Les parlementaires invitent donc la Commission européenne à veiller à ce que le nouveau projet soit «fondé sur les connaissances scientifiques et techniques les plus récentes et propose donc de modifier les principales uniformes, non seulement en ce qui concerne la toxicité aiguë pour les abeilles, comme dans le projet actuel, mais au moins aussi en ce qui concerne la toxicité chronique et la toxicité larvaire pour les abeilles et la toxicité aiguë pour les bourdons, en particulier parce que des lignes directrices de l’OCDE existent pour tous ces paramètres».
Des ONG comme Greenpeace ou Pollinis ont salué ce vote qui aurait privé l’UE «du seul outil scientifique ambitieux et pragmatique qui permettrait d’enrayer le déclin des pollinisateurs en Europe».
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