SRCE et désert vétérinaire : un dialogue constructif avec le préfet
A la demande de la Chambre d’agriculture et de la FDSEA, une réunion a été organisée en préfecture ce lundi 3 novembre au soir.
Les présidents de la Chambre d’agriculture, Jean-Luc Poulain, et de la FDSEA, Luc Smessaert, ont demandé de rencontrer le préfet, Emmanuel Berthier. Une réunion a pu être organisée rapidement, le 3 novembre à la préfecture, et le préfet a demandé au directeur départemental des territoires, Jean-François Turbil, et au directeur adjoint de la Direction départementale de la protection des populations, d’y participer.
Deux principaux sujets devaient être évoqués : le SRCE (schéma régional de cohérence écologique) et le désert vétérinaire qui vient d’apparaître sur une partie du département.
Sur le premier point, Jean-Luc Poulain a exprimé les inquiétudes des agriculteurs sur le zonage qu’il est prévu de mettre en place sur des surfaces importantes : les premières cartes montrent que les réservoirs de biodiversité pourraient représenter plus de 400.000 ha en Picardie, soit plus de 20 % des surfaces totales de notre région ; et viendront s’y ajouter les corridors écologiques.
Est-ce que l’on veut «mettre sous cloche» ces espaces ? ça risque d’être très impactant pour les agriculteurs» disait le président de la Chambre d’agriculture, qui rappelait les nombreux efforts faits en agriculture pour la protection de l’environnement et de la biodiversité : Gestions de territoire, mesures agro-environnementales...
Bruno Haas ajoutait que le classement de toutes les surfaces retenues dans cette trame verte et bleue n’est pas toujours justifié et d’ailleurs, contraire à la réglementation qui prévoit que les terres labourables en sont exclues. Et le schéma proposé - qui reste à discuter - fait apparaître des corridors qui ne relient aucun réservoir, ce qui est un non-sens.
L’agriculture n’est pas contre la protection de la biodiversité, précisait Bruno Haas, elle y participe activement. Il propose que la trame verte et bleue calque les cartes qui avaient été définies pour la conditionnalité, avec le même classement des cours d’eau et des zones humides.
Denis Harlé d’Ophove, président des organismes de la forêt privée de l’Oise, observe avec crainte que les bois sont souvent inscrits dans les réservoirs. Il regrette l’absence de transparence sur les raisons réelles de ce zonage qui aurait été fait sur la base d’un inventaire, mais dont les bases ne sont pas communiquées. «Un inventaire justifie toujours la mise en place d’une réglementation» disait-il, en posant la question de l’utilité de la démarche : quelles espèces cherche-t-on à protéger ? Cela nécessitera probablement de réglementer les activités économiques ou humaines dans leurs habitats ou leurs zones de migration.
Luc Smessaert a fait part de son sentiment d’un simulacre de consultation publique qui est menée par certains élus régionaux et surtout des fonctionnaires de la Dreal qui apparaissent comme «des militants écologistes». Il voudrait éviter que ce schéma ne devienne «un schéma d’incohérence économique», la démarche prévoyant pourtant la prise en compte des activités humaines, économiques et sociales dans les territoires inscrits.
Il regrette aussi l’imprécision de la carte régionale et fait une nouvelle fois la demande de la communication de cartes plus précises et du contenu des études ou inventaires qui ont conduit au zonage proposé.
Il exprimait le souhait que ce zonage ou la réglementation qui pourrait suivre ne soient appliqués que comme une recommandation et non une prescription dans les Scot et les Plu.
Une demande d’allongement du délai au-delà du 14 novembre, si possible jusqu’en janvier 2014, était exprimée par les présidents de la Chambre d’agriculture et de la FDSEA. Le préfet a accepté de transmettre rapidement cette demande au niveau régional, qui sera argumentée par le fait que la Dreal a promis, lors de la réunion du 31 octobre, de communiquer des cartes à moins du 1/100.000e.
Des éleveurs sans vétérinaire !
Un autre sujet devait être évoqué suite à un courrier reçu par des éleveurs du centre du département (secteurs de Clermont-Liancourt et St-Just) leur annonçant qu’ils n’ont plus de vétérinaire travaillant pour leurs animaux. La conditionnalité les oblige pourtant à avoir un vétérinaire référent ; il faut donc un ou des vétérinaires installés dans le secteur et qui acceptent la clientèle des ruminants.
Soit des cabinets ferment, soit les vétérinaires préfèrent la clientèle des particuliers, plus nombreux, pour les animaux de compagnie, qui ne nécessitent généralement pas de déplacements. Alain Pierrard, qui a une formation de vétérinaire, rappelait en effet qu’il s’agit d’une profession libérale, qui peut donc choisir sa clientèle. Pour les éleveurs actuellement concernés, un cabinet vétérinaire de Clairoix a proposé ses services, mais cela représentera une forte hausse de son activité et relativement éloignée. Cela fragilise les éleveurs qui ont besoin de leur vétérinaire en de nombreuses circonstances : accidents, pathologies diverses, fourniture de médicaments d’urgence...
Jean-Luc Poulain expliquait que ce n’est pas la première fois que cette absence locale de vétérinaire pour les éleveurs pose problème dans l’Oise. Cela avait déjà été subi dans le Vexin et le Noyonnais. Le problème vient de la faible densité de l’élevage dans le département, qui intéresse de moins en moins les vétérinaires, d’autant que leur nombre est structurellement très insuffisant en France. L’admission aux études médicales française est soumise au numerus clausus et les écoles vétérinaires attirent davantage de filles, moins enclines à aller travailler dans les exploitations agricoles.
Une réunion de concertation pour tenter de résoudre ce problème de désert vétérinaire est souhaitée et le préfet a accepté de l’organiser prochainement en invitant les représentants de l’Ordre et du syndicat vétérinaire et des organisations agricoles : Chambre d’agriculture, GDS, FDSEA et JA.
Emmanuel Berthier s’est en outre engagé à saisir le ministère de l’Agriculture sur ce problème qui concerne d’autres départements, dont une partie de ceux du Val-d’Oise, de Seine-et-Marne et le Sud de l’Aisne, où il y a une faible densité d’éleveurs, donc peu de clients pour des vétérinaires ruraux. Un parallèle était fait sur les déserts médicaux qui apparaissent dans certaines régions, dont la Picardie, le problème étant de la même façon lié au nombre de diplômés et au libre choix de clientèle qui privilégie donc l’installation de médecins dans les zones à forte démographie.
Une réflexion pourrait être menée pour organiser localement, peut-être avec des incitations, des maisons de santé pluridisciplinaires en zone rurale. Jean-Luc Poulain évoquait aussi l’idée d’un quota qui pourrait être affecté dans le numerus clausus pour le suivi sanitaire des bovins. Car le problème relève aussi de la santé publique, pour la réalisation des prophylaxies collectives, des épizooties et l’éradication des maladies contagieuses, dont certaines se transmettent à l’homme (les zoonoses). Et il faut soutenir l’élevage et ne pas décourager des éleveurs qui risquent de renconter une difficulté de plus dans leur métier et une hausse de leurs charges.
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