«Semis de betteraves 2021 : prudence dans la protection»
La loi a été votée et promulguée en décembre 2020 et «l'arrêté autorisant formellement l'usage dérogatoire d'urgence de semences de betteraves traitées avec des néonicotinoïdes pour les semis 2021 vient d'être signé par les ministres de l'Agriculture et de l'Environnement», se félicite la CGB.

Cependant, l'arrêté comporte de fortes restrictions sur les cultures (dont le maïs et le colza) qui pourront être implantées les trois années suivant une betterave traitée avec des néonicotinoïdes. «C'est l'aboutissement d'un travail de fond des élus (CGB et FDSEA) et des équipes de la CGB, suivis par les autres acteurs de la filière. Néanmoins, les conditions associées, et notamment les successions culturales imposées extrêmement contraignantes», regrette Alexis Hache, président de la CGB 60. En effet, dans l'Oise, la pression virale a été extrêmement forte en 2020, entraînant des pertes conséquentes de rendements sur de nombreuses exploitations et, à l'heure actuelle, rien ne permet de penser que cette pression baisserait pour 2021. Les instituts techniques confirment que le potentiel virulifère est intact pour le semis 2021.
Dans ce contexte, Alexis Hache est pour le moins circonspect : «il convient d'être prudent au moment de choisir ses variétés et d'intégrer le risque en cas de semis de variétés non traitées avec des néonicotinoïdes. Pour le moment, aucun dispositif d'indemnisation n'est prévu pour 2021 si la jaunisse venait à se développer dans les parcelles.» Face à cela, choisir des semences enrobées semble la prudence la plus élémentaire.
Souplesse nécessaire
Néanmoins, chaque planteur doit intégrer les conséquences de ce choix de semences traitées NNI sur son assolement et dans sa rotation. «Par exemple, betteraves-blé-colza est aujourd'hui conditionné à un dispositif d'atténuation (voir encadré) qui ne serait validé par l'Anses qu'après les semis. Idem pour betteraves-maïs. Et puis betteraves-blés-légumes attractifs (pois, haricot) ou betteraves-blé-lin sont désormais interdits et nécessitent l'introduction d'une seconde céréale avant lin ou légumes attractif», détaille le responsable betteravier qui rappelle également que pas plus d'une betterave traitée néonicotinoïdes ne pourrait être semée durant les trois années 2021, 2022 et 2023 sur la même parcelle. Au regard de ces évolutions réglementaires et de la proximité des semis, il faut que chaque betteravier face le point et identifie les points de blocage. De nombreuses situations nécessiteront des ajustements de surfaces sur les différentes productions des exploitations.
Alexis Hache en appelle aux industriels : «Cet état de fait doit être pris en compte par nos industriels pour proposer des assouplissements vis-à-vis des engagements individuels si nécessaire. Il faut que chacun se rapproche de son industriel pour conforter ou ajuster temporairement ses contrats. Temporairement, le temps que nous arrivions, sur des bases scientifiques, avec l'appui de l'ITB et l'ensemble des instituts techniques, dès 2021, à obtenir des assouplissements nécessaires pour sortir de l'impasse des assolements contraints.»
Sur le fond, les semenciers travaillent au développement de variétés résistantes à la jaunisse, à l'image de Deleplanque qui vient d'annoncer la mise en place d'une plateforme de recherche jaunisse sur le site de Saaten-Union France à Estrées-Saint-Denis.
Dispositifs d'atténuation
Le premier dispositif concerne le maïs qui serait semé en N+1 derrière betteraves. Dans ce cas, 18 rangs sur le tour de la parcelle doivent être semés en betteraves non NNI et l'agriculteur s'engage à consacrer l'équivalent de 2 % de la surface de betteraves NNI en cultures mellifères en 2021 et 2022. Le second concerne ceux qui souhaitent mettre du colza en N+2. Dans ce cas, ils doivent semer au moins 10 % de la surface de colza sur une parcelle n'ayant pas eu de betteraves NNI depuis 3 ans avec un mélange de variétés contenant au moins 50 % d'une variété précoce type Es Alicia. Ces dispositifs ne sont absolument pas validés à l'heure actuelle et semblent relativement complexes à mettre en place.
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