Safilin va créer une filature de lin dans la région
Le producteur de fil de lin a annoncé, le 9 mars, un projet de relocalisation de son activité de filature avec la création d’un atelier à l’été 2022 dans les Hauts-de-France.

L’annonce par le président de Safilin de créer une filature de lin en France, et plus particulièrement dans la région Hauts-de-France, suscite déjà un certain enthousiasme. Le 9 mars, Olivier Guillaume a en effet présenté les contours d’un projet d’atelier 100 % français. Après l’arrêt de l’activité française de filature en 2005 et sa délocalisation vers la Pologne à partir des années 1990, ce retour «au pays» est une bonne nouvelle. En présentant son projet, Olivier Guillaume revient sans état d’âme sur cet épisode et l’échec d’avoir tenté de maintenir une activité de filature en France en parallèle à son développement en Pologne : «L’accélération de la mondialisation avec une très forte montée en puissance de la Chine, la suppression des quotas sur les importations en Europe de produits chinois qui allaient inonder le marché avec des prix de fil divisés par deux nous ont malheureusement amenés à envisager l’arrêt de l’usine de filature en France dont la dernière bobine a été filée à Sailly-sur-la-Lys (62) en 2005», explique-t-il.
Une demande pressante
Aujourd’hui, si le président de Safilin veut réinvestir en France, c’est parce que la demande pour du lin cultivé, teillé et transformé en fil en France, est pressante : «Depuis plusieurs années, certains de nos clients industriels, mais également plusieurs marques et parfois même des consommateurs, s’étonnaient qu’une fibre comme le lin ne soit plus du tout filée sur son territoire de culture. Or, nous constatons un changement de paradigme fort dans les codes de consommation et les attentes du consommateur, tant en termes d’empreinte environnementale que sociale, ainsi qu’une exigence de plus en plus affirmée d’une traçabilité et de produits locaux. De plus en plus de marques souhaitent évidemment adresser ces attentes nouvelles mais profondes, et le lin semble tout indiqué pour y répondre. Encore fallait-il compléter sur le territoire la chaîne de valeur, et Safilin étant le plus reconnu des filateurs de lin, nous avons été sollicités pour travailler ce projet et avons décidé de répondre présents», témoigne Olivier Guillaume.
Un investissement de 5 millions d’euros
D’un montant de 5 millions d’euros, le projet de filature de Safilin bénéficie d’un coup de pouce (800 000 €) de France Relance. Le choix des Hauts-de-France ne doit, quant à lui, rien au hasard : «Safilin a été et reste un acteur attaché à la région qui nous a vus naître en 1778. De surcroît, la région produit et transforme 35 % du lin français et réunit sur son territoire de nombreux acteurs de la chaîne textile, de l’agriculture au teillage, du tissage à l’ennoblissement et la confection dont certains seront contributeurs à l’activité de filature en France en tant que prestataires, fournisseurs et clients…», détaille Olivier Guillaume. Le lieu de l’implantation reste, pour l’heure, tenu secret.
30 embauches pour démarrer l’activité
L’activité française de Safilin s’étant arrêtée en 2005, c’est tout un savoir-faire qui s’est envolé. La formation des futurs salariés de la filature française devra donc venir de l’extérieur, mais elle reste interne à l’entreprise puisque ce sont les salariés des usines polonaises de Safilin qui assureront le tuilage. Toujours sur le plan social, Safilin annonce l’embauche de 30 salariés d’ici «fin 2021» pour le démarrage de l’usine. D’autres embauches - on parle d’une vingtaine d’emplois supplémentaires - interviendront «dans les trois ans qui suivront le démarrage de la filature», soit en 2024.
350 tonnes de fil par an
Construite sur 6.000 m2, la future filature devrait permettre de produire 350 tonnes de fil par an contre 4.500 tonnes actuellement en Pologne. Deux technologies y seront déployées : la filature «au mouillé» pour fabrication de fil destiné à des utilisations mode et linge de table ou de literie (200 tonnes) et la filature «au sec» permettant de fabriquer des fils plus gros et plus rustiques. Ce sont ceux, explique-t-on chez Safilin, qu’utilisent «les éditeurs de tissus d’ameublement dans leur évolution vers une offre plus éco-responsable». Le fil sorti de l’usine française sera destiné au marché national, mais pas seulement. L’ambition d’Olivier Guillaume est en effet de faire un produit «haut de gamme» pour lequel des acheteurs internationaux sont déjà sur les rangs. Pas question non plus d’abandonner la production polonaise, puisque, souligne le patron de Safilin, «l’outil nouveau en France accompagnera notre croissance». Avec la filature française, c’est donc bel et bien à un nouveau marché que Safilin compte répondre en proposant «un produit 100 % transformé en France de la plante au produit fini».
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