L'Oise Agricole 30 janvier 2025 a 08h00 | Par Gaëtane Trichet

S'orienter vers du stockage à la ferme pour des marchés plus sereins

Lors des Hivernales de l'AGPL le 7 janvier à Laon, les responsables de l'association générale des producteurs de lin ont abordé la situation de marché, la conjoncture et les dossiers d'actualités.

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- © Réussir

Si la récolte de lin 2023-2024 n'a pas été bonne et a connu des tensions sur les marchés, celle de 2024-2025 semble bien meilleure. Les prévisions sont favorables grâce à de bons rendements. Le lin est présent sur tous les segments de marché et malgré tout, il en manque. «Le positionnement naturel du lin est le segment du «luxe abordable» et il est bien présent sur le milieu de gamme dont les volumes sont importants», s'est félicité Bertrand Gomart, président de l'AGPL. Autrement dit, de nouvelles parts de marché sont à prendre sur ces segments, même si la demande pour le marché du luxe reste confortable. Les responsables de l'AGPL (association générale des producteurs de lin) sont optimistes.

Pourquoi ? L'évolution la plus forte d'ici à 2030 va être la mutation de la classe moyenne dans le monde, en particulier en Asie. «Cette classe moyenne est aussi préoccupée par des enjeux de consommation responsable.»
Aujourd'hui, la production de fibres longues est supérieure à la demande sur toute la zone de production (France, Belgique, Pays-Bas). Même schéma pour les fibres courtes. Mais attention, «le prix des fibres longues était devenu trop élevé pour nos clients qui ont privilégié les fibres courtes, de moindre qualité, pour pouvoir faire tourner les usines de filature, ce qui a engendré une hausse importante du prix des fibres courtes», a détaillé le président de l'AGPL. La récolte 2024 est correcte, bien meilleure que la moyenne quinquennale, et sera proposée aux filateurs à des prix plus raisonnables pour toute la filière et «c'est à partir de là, nous, filière, que nous devons nous organiser collectivement pour reconquérir des parts de marché perdues à cause des prix élevés», a avoué Bertrand Gomart.


Réguler le marché
Comme l'a expliqué Vincent Courteaud, responsable des affaires techniques et réglementaires à l'AGPL, «la dynamique est là». Toutefois, les agriculteurs doivent faire face à un coût de production du lin structurellement à la hausse. De 2020 à 2022, l'inflation a atteint +50 EUR/ha et par an, principalement portée par les charges opérationnelles. Une augmentation qui se poursuit selon le prévisionnel pour 2022 à 2024.

«Aujourd'hui, la moyenne des coûts est supérieure à 3 000 EUR/hajusqu'à même 3 600 EUR/ha chez certains liniculteurs, soit 2,6 EUR/kg de fibres longues.» Aussi, selon l'intervenant, «il est important de stocker pour préserver le prix». Bertrand Gomart a, quant à lui, assuré qu'aujourd'hui face à l'augmentation des surfaces et à une bonne récolte 2024 estimée à environ 200.000 tonnes sur l'ensemble des pays producteurs européens, les ventes devraient s'échelonner sur une période de deux ou trois ans, tandis que le teillage et la transformation se feront sur 16 à 18 mois. «Les pailles et les lins teillés devront donc être stockés.

Ce stockage de paille est le premier levier à actionner pour réguler le marché, d'autant qu'on fournit pratiquement 80% du marché d'où l'importance de notre offre aussi bien chez les liniculteurs que les teilleurs», a-t-il détaillé. Pour Quentin Decock, dirigeant du teillage Le Lin Français-Jean Decock, «le marché du lin n'est pas un marché d'opportuniste. Il faut être capable de faire l'effort collectif pour l'accompagner en stockant chacun 50 % de sa récolte. Cela permettrait de tenir le marché grâce à une réflexion filière».

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