Récoltes décevantes, Pac : un dynamisme contrarié
À l’occasion de l’assemblée générale du GIPT, les producteurs de pommes de terre destinées à l’industrie et leurs partenaires industriels, ont exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis de la nouvelle Pac et demandé qu’elle tienne compte des spécificités de la filière.
Le Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre (GIPT), organisation interprofessionnelle, représentant la filière pomme de terre destinée à l’industrie : producteurs et industriels transformateurs (frites surgelées, chips, flocons, etc.) et féculerie, tenait son assemblée générale annuelle, le 15 janvier, sous la présidence de Christian Vanderheyden. La présentation des bilans de la campagne écoulée s’est accompagnée d’un exposé et de débats autour de la nouvelle Pac, révélant les attentes et les inquiétudes de la filière. Une filière en recherche de développement constant, mais que quatre mauvaises années de conditions de culture et de récolte, au cours des cinq dernières campagnes, ont contrarié. Ainsi, l’augmentation des emblavements en pommes de terre de conservation pouvait-elle laisser prévoir une récolte abondante et de bonnes conditions d’approvisionnent des usines de transformation. En définitive, cet approvisionnement a porté sur
1,26 Mt contre 1,23 Mt pour la campagne 2017-2018. On notera toutefois que la part des pommes de terre achetées sous contrat a confirmé sa progression, avec
658 000 t, 20 000 t de mieux que la précédente campagne. Les approvisionnements hors contrat ont progressé de 58 000 t, avec
152 000 t compensant la réduction des importations tombant de
197 000 à 153 000 t. Il faut prendre ces chiffes en considérant les conditions de production impactées par la météo. Malgré les méfaits d’un temps contraire, la production de produits finis a poursuivi sa progression : + 2 %, pour atteindre 627 000 t. Dans ce tonnage, les produits surgelés (frites essentiellement) dominent, avec 64 %, enregistrant une hausse de 2,5 % dans la consommation des ménages. Mais la balance commerciale française de produits finis demeure largement déficitaire avec - 322 ME.
Féculerie : l’augmentation des surfaces n’a pas été récompensée
286 producteurs travaillent, sous contrat, pour les deux usines de féculerie françaises. Ils avaient emblavé pour la campagne 2018-2019, 24 350 hectares. Ce dynamisme n’a pas été payé en retour, le faible rendement n’ayant assuré qu’un approvisionnement de
190 000 t, en retrait sur 2017-2018. Néanmoins, la production de fécule a pu augmenter de quelque 2 350 t, pour atteindre
24 350 t. Une évolution marquante des utilisations de la fécule est sa destination alimentaire qui représente 70 % de la production, la papeterie comptant pour 24 % et la chimie-pharmacie pour 6 %. Les exportations de fécule étant placées sous secret statistique depuis 2007, on ne peut connaître de la balance commerciale que le volet import, en légère augmentation l’an dernier, avec 28 000 t.
Pac : tenir compte
des spécificités
Une table ronde réunissant des représentants de la filière autour de celui de la Commission européenne, David Laureau, venu présenter l’état des négociations de la nouvelle Pac. Les questions que se pose la profession sur la réforme et les inquiétudes qu’elle suscite, rejoignent globalement celles des autres secteurs agricoles. Mais cette filière comporte des spécificités qui devront être prises en compte, comme l’a souligné le président Vanderheyden : «notre filière ne peut être comparée à une autre culture (…), la filière et notre organisation soutiennent le fait pour un producteur de pouvoir être membre de plusieurs organisations de producteurs (OP) différentes. Nous devons aboutir, l’année prochaine, à la mise en place d’un système permettant d’entrer dans les règles de l’organisation commune de marché (OCM) unique grâce à la reconnaissance des OP». Pour la féculerie, le GIPT maintient sa demande de maintien dans la prochaine PAC d’une aide couplée spécifique. Mais un défi fondamental s’offre à la filière : la réponse aux attentes sociétales en matière de qualité des produits, de suppression des intrants et autres interventions chimiques…, autant de règles de production coûteuses, de l’ordre de 20 % que certains experts pensent pouvoir répercuter auprès du consommateur à grands coups de communication. C’est sans doute faire preuve de beaucoup d’optimisme.
Stabilité des exportations en novembre
Les exportations françaises de pommes de terre sont stables en novembre indique l’interprofession (CNIPT). 178 523 tonnes ont été exportées, soit une très légère baisse (- 1 %) par rapport à novembre 2018, mais + 8 % sur la moyenne triennale sur ce même mois. Les flux se poursuivent sur un rythme positif vers l’Espagne, où la France a exporté 60 684 tonnes (+ 4 % par rapport à 2018). «Il est observé, cependant, une exigence de plus en plus forte des acheteurs, notamment depuis la deuxième quinzaine de novembre, sur le rapport qualité-prix des produits proposés», note le CNIPT. En Italie, les ventes françaises (plus de 30 000 tonnes) sont en hausse de 14 % sur un an. La France a également renforcé ses ventes vers l’Allemagne (+ 35 %). «Au fur et à mesure de l’avancée dans la campagne» cette destination «est de plus en plus demandeuse de produits à forte qualité» qui ne se trouvent pas sur le marché local. La progression la plus importante des exportations se trouve en Europe de l’Est : + 82 % en novembre. Elle s’explique principalement par les achats vigoureux et assez inhabituels à ce stade de la campagne de la Roumanie. La France a exporté 6 559 tonnes vers ce pays, en novembre 2019, contre habituellement quelques centaines de tonnes les précédentes années. Parmi les destinations en baisse, on remarque le Portugal (- 28 %) et les États de la péninsule arabique (- 32 %). En cumul, sur la période d’août à fin novembre 2019, les exportations françaises sont stables, avec 483 262 tonnes.
«Quels modèles de production de pommes de terre pour demain ?», interroge l’UNPT
L’UNPT organise chaque année son congrès national. Après Le Havre (2018) et Strasbourg (2019), le prochain congrès de l’UNPT aura lieu le mardi 28 janvier à Paris. L’accent sera mis sur la thématique : «Quels modèles de production de pommes de terre pour demain ?»
La matinée sera essentiellement consacrée aux principaux dossiers portés par l’UNPT durant l’année écoulée, et aux orientations pour 2020. Seront également abordés les enjeux liés à la conservation des pommes de terre. Après une intervention de Philippe Bureau (Cabinet IDARI) autour de l’évolution des structures d’exploitations productrices de pommes de terre en France, le thème phare de ce congrès fera l’objet d’une table ronde l’après-midi. Tous les producteurs de pommes de terre sont invités et feront ainsi le déplacement, pour cette journée annuelle d’échanges, devenue un rendez-vous incontournable, avec la participation de tous les acteurs de la filière.
Renseignements complémentaires et inscription sur www.producteursdepommesdeterre.org (rubrique congrès).
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