L'Oise Agricole 29 octobre 2020 a 09h00 | Par Dominique Lapeyre-Cavé, Dorian Alinaghi

Récoltes 2020 : une année décidément à oublier

Les récentes et abondantes pluies venues tardivement n’auront que peu changé les perspectives de rendement pour les récoltes d’automne, maïs grain, tournesol et betteraves sucrières.

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La récolte de tournesol s’en sort mieux que le maïs.
La récolte de tournesol s’en sort mieux que le maïs. - © Stéphane LEITENBERGER

«55 à 60 q/ha en maïs grain au lieu des 85 habituels, voilà ce que nous constatons sur le secteur de l’Ucac», déplore Alain Ducornet, responsable d’exploitation à la coopérative. Même si toutes les surfaces ne sont pas récoltées, le constat est là : le rendement de cette culture sera aussi en baisse, à l’image de cette année qui restera exceptionnelle à bien des égards. «De mémoire d’agriculteur, on n’avait jamais vu cela», ajoute-t-il. Sans compter que 300 à 400 ha de maïs ont été détournés vers l’ensilage, les éleveurs étant à la recherche de fourrages.

Seuls les tournesols tirent leur épingle du jeu avec un rendement qui devrait approcher les 35 q/ha. Les surfaces, déjà en hausse cette année, devraient doubler sur le secteur de l’Ucac pour 2021.

Pour la coopérative ValFrance, près de 98 % du maïs et des tournesols ont été récoltés. 2020 reste une année très particulière avec une forte sécheresse, avec un démarrage des récoltes début septembre avc plusieurs semaines en avance par rapport à une année classique. «Avec des récoltes aussi précoces, cela annonce une mauvaise nouvelle pour les rendements» explique Hugues Desmet, responsable collecte de la coopérative. En effet, le rendement maïs est en baisse de 30 % sur le territoire de l’Oise et de la Seine-et-Marne. «D’habitude, on arrive à 10 tonnes en moyenne, cette année on va être autour 7 tonnes.» ajoute-t-il. Concernant le soja, le résultat est catastrophique. La baisse est également de 30 % : «si on arrive à faire 20 quintaux, ça sera le maximum…» Le tournesol, quant à lui, s’en sort plutôt bien avec 30 quintaux.

Autre point positif selon Hugues Desmet, que ce soit pour les trois cultures, les prix ont énormément augmenté. «En ce moment, la situation en plaine est assez compliquée. Mais cet été, les prix ont relativement augmenté : 80 € pour le soja et 30 € pour le maïs et le soja. De plus, le taux d’humidité est assez bas, autour de 24 %. Dès lors, l’agriculteur est moins ponctionné en frais de séchage. Cela redonne un peu du baume au cœur aux agriculteurs d’avoir des prix qui peuvent compenser les rendements faiblards de l’année.»

Du côté d’Agora, la récolte de maïs est pratiquement terminée, 85 % des surfaces concernées. À ce jour, la collecte atteint 56.000 t avec un rendement sec de près de 6 t/ha à 15 % d’humidité. «Malgré une hausse significative des emblavements de maïs dans la région (+ 15-20 %), la collecte est en baisse par rapport à 2019. Cela s’explique par un fort impact des conditions climatiques de l’année sur le rendement du maïs. De plus, la baisse du rendement a réorienté une partie du débouché grain vers de l’ensilage pour les besoins en élevage et en méthanisation», détaille Thomas Taldir, responsable céréales de la coopérative.

Concernant le tournesol, la récolte est terminée : 2.000 t. Le rendement sec est à 2,7 t/ha. «Cette culture, en développement sur notre territoire (surface doublée par rapport à 2019), a été moins pénalisée par la sécheresse, conduisant à des rendements moyens à satisfaisants. Selon nos prévisions, les surfaces emblavées par les adhérents Agora devraient continuer de progresser l’année prochaine» explique-t-il.

Pas de rattrapage

En cette fin octobre, environ 30 % des surfaces betteravières ont été arrachées, selon Henri Faes, directeur adjoint de la CGB Oise. Les premiers chantiers ont souffert de la sécheresse, obligeant parfois à l’arrêt. Puis la pluie est arrivée sans discontinuer ou presque, stoppant les chantiers et causant même des ruptures de la chaîne d’approvisionnement chez les industriels sucriers qui n’avaient parfois plus que un ou deux jours de stock de betteraves. Les cadences ont alors été réduites pour s’adapter à cette donne et aussi à la baisse des rendements, causée par la sécheresse et la jaunisse.

Tous les secteurs n’ont pas été touchés par la maladie de la même façon et un gradient Sud-Nord est observé, le Sud de l’Oise est plus touché que le Nord. Les arrachages sont difficiles dans les parcelles touchées, les betteraves sont irrégulières et, malgré des tonnages moindres, les chantiers n’avancent pas plus vite. Et puis les levées irrégulières, en trois ou quatre fois parfois, ont généré des betteraves irrégulières, souvent petites. Mais le récent répit dans les précipitations a permis aux entrepreneurs de rattraper leur retard. Au final, le rendement moyen devrait tourner autour de 50 à 55 t/ha à 16°, collet déduit, avec des variantes de 15 à 70 t/ha. 2020 restera comme une année catastrophique car, malgré le retour des pluies qui auraient pu voir les betteraves redémarrer, aucune hausse de rendement significative n’est à attendre au fur et à mesure de l’avancée de la campagne d’arrachage.

Les feuilles atteintes par la jaunisse sont incapables de photosynthétiser et la plante végète, aucune autre nouvelle feuille ne vient prendre le relais pour faire grossir la betterave, contrairement à des betteraves qui n’ont subi que le stress hydrique et qui peuvent compenser en partie sur la fin de cycle. Certaines années, le rendement peut augmenter de 30 t/ha entre les premiers et les derniers arrachages, mais 2020 ne sera pas de celles-là : la richesse en sucre a baissé, mais le rendement n’a quasiment pas augmenté depuis le début des arrachages. Les agriculteurs, déjà malmenés par ailleurs, vont subir également une mauvaise année betteravière et la campagne, prévue initialement pour durer 120 à 130 jours, risque de se terminer au bout de 100 à 110 jours, si tout se passe bien par ailleurs. Quand on voit que 10 à 15 mm de pluviométrie suffisent à stopper les arrachages...

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