Quels moyens pour «restaurer la dynamique des élevages» ?
Lors du congrès de la FNB le 13 février à La Rochelle, bilan de l’ancienne Commission européenne, accords du Mercosur, négociations commerciales et future PAC ont resurgi des débats.
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D’emblée Dominique Fayel, pré-ident de la section bovine du COPA a persiflé contre «le mandat horrible» que les éleveurs ont connu avec, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans «à qui la présidente, Ursula von der Leyen a laissé les clefs du camion Green Deal». Même si ce n’était pas formellement écrit, toutes les politiques européennes ont été menées, selon lui, contre l’élevage, responsable de tous les maux.
«Ceci a été mené à contre-courant de tout ce qui se passait ailleurs, ce qui nous a amené à une impasse économique, environnementale et territoriale», a-t-il soutenu citant l’exemple de la directive sur le transport des animaux. Celle-ci prévoit entre autres, de réduire de 30 % la densité des animaux transportés, de rendre obligatoire la présence d’un vétérinaire pour les transports supérieurs à huit heures, etc. «Ce qui va à l’encontre du bon sens car on va mettre 30 % de camions en plus. Pour quel bénéfice écologique et environnemental ?», s’est interrogé le député européen et éleveur Benoit Cassard (Belgique).
Il s’est lui aussi inquiété des «dérives» d’une partie de la Commission, notamment la direction de l’environnement (DG ENVI) qui si «elle n’a jamais dit qu’elle voulait supprimer l’élevage, fait tout pour le faire». Il a d’ailleurs pointé les incohérences imposées par Bruxelles, à travers l’accord du Mercosur. «L’Europe a en effet accepté une clause dite de rééquilibrage qui imposera aux éleveurs de justifier que leurs produits ne sont pas déforestés quand, dans le même temps, les agriculteurs brésiliens pourront nous vendre leurs produits sans certificat !», a-t-il expliqué.
«Zozos»
Pointant un risque de déséquilibre, sa collègue française, Cé-ine Imart, a soulevé le problème de perte de souveraineté juri-ique et démocratique qui ré-ulterait de la scission du traité du Mercosur. En effet, Ursula von der Leyen s’apprête à séparer le volet commercial de la globalité du traité. Ce volet commercial serait soustrait de l’approbation à l’unanimité pour privilégier une adoption à la majorité qualifiée du Conseil européen. «Ce sont des méthodes opaques», a-t-elle tranché.
Rappelons que cet accord prévoit l’exportation vers l’Europe par les pays du Mercosur d’un volume de 99.000 tonnes de boeuf avec un droit de douane réduit à 7,5 % contre 40 % environ actuellement. Ce volume sera atteint par paliers répartis sur six ans. Aujourd’hui, l’Union européenne importe déjà entre 100 et 120.000 tonnes de viande en provenance du Mercosur. De même, la député européenne a-t-elle tancé les lobbys anti-élevage très présents à Bruxelles et clairement indiqué qu’ils recevaient des financements étrangers afin de déstabiliser les filières animales dont la filière bovine.
«Il ne faut pas nous prendre pour des zozos», a lancé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau pointant les incohérences de la présidente de la Commission : «On nous dit que le Mercosur n’aura pas d’impact et de l’autre, on nous présente une enveloppe de compensation d’un milliard d’euros ?», s’est-il exclamé demandant que la «durabilité qu’on soutient commence en premier lieu par l’économie. Sans cela, on ne pourra avancer ni sur le volet social ni sur le volet environnemental», a-t-il expliqué.
Négociateurs professionnels
Concernant les négociations commerciales, chacun des orateurs a convenu la nécessité d’aller encore plus loin dans le rapport de forces avec l’aval de la filière, notamment la grande distribution. Les éleveurs s’inquiètent des manoeuvres de cette dernière pour remettre en cause la matière première agricole. «L’indicateur de coût de production interprofessionnel doit être le socle. Il est intangible», a martelé le président de la FNB, Patrick Bénézit qui s’oppose, comme Arnaud Rousseau, «catégoriquement à la viande de synthèse» et qui demande de «restaurer la dynamique des élevages dans la future PAC».
L’ancienne député de Charente-Maritime, Anne-Laure Babault, a suggéré de mieux structurer la filière et de «professionnaliser les négociations». «Les représentants des éleveurs, des coopératives devraient faire appel à des négociateurs professionnels, rompus à ce type d’exercice», a-t-elle suggéré.
Valoriser le travail des éleveurs passe aussi par la mention d’origine de la viande en restauration hors foyer et dans les plats transformés, a milité Patrick Bénézit. Or depuis le 29 février 2024, cette mention n’est plus obligatoire. Un projet de décret pour renouveler cette obligation «va être publié avant le Salon de l’agriculture», a promis la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, dans une intervention vidéo. Dans les jours suivants, le Premier ministre, François Bayrou, a signé un «décret rendant obligatoire, dans les restaurants, l’affichage de l’origine des viandes» paru au JO du 18 février.
Le congrès de la FNB s’est clos par la traditionnelle transmission du bouclier. C’est le Puy-de-Dôme qui accueillera le prochain congrès en 2026.
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