L'Oise Agricole 11 novembre 2022 a 13h00 | Par C.S.

Quelle place pour l'agriculture dans la Cop 27 ?

La Conférence des parties sur le climat (Cop 27) se tient jusqu'au 18 novembre à Charm-el-Cheik (Égypte). L'agriculture doit y jouer un rôle important.

Abonnez-vous Reagir Imprimer
Emmanuel Macron, président de la République.
Emmanuel Macron, président de la République. - © Capture d'écran - Twitter

La Cop 27 qui est organisée par les Égyptiens sera clairement une «Cop africaine», indiquait quelques jours avant son ouverture Sébastien Trayer, directeur de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Elle doit en effet se concentrer sur les problèmes d'un continent qui va voir sa population passer à deux milliards d'habitants d'ici 2050 contre 1,4 milliard aujourd'hui. Il devrait y être question d'adaptation et d'atténuation face à des épisodes climatiques parfois déroutants comme les inondations au Tchad, mais aussi question de financements. «En cela, les attentes sont très élevées de la part des pays les moins avancés (PMA- les pays en développement (PeD) et les pays de niveau intermédiaire (PNI), c'est-à-dire émergents, qui pointent les déséquilibres entre le Nord et le Sud.»

Fossé économique

Les pays européens et les États-Unis, notamment, recourent à des plans massifs pour atténuer les effets économiques du Covid et de la guerre en Ukraine. Or, les PMA, PeD et PMI n'ont pas les moyens, ce qui aggrave le décalage et le sentiment que le fossé économique, social et environnemental s'élargit entre le Nord et le Sud. «Beaucoup de ces pays sont victimes du réchauffement des pays industrialisés», note Lola Vallejo, directrice du programme Climat de l'Iddri. Ce groupe de pays qui, par méfiance envers l'Europe et les États-Unis, n'ont pas pris part au vote pour ou contre les sanctions envers la Russie après l'invasion de l'Ukraine, vont très certainement aborder la question des «pertes et dommages». Ce à quoi l'Union européenne ne semble pas véritablement s'opposer. Déjà des pays comme l'Écosse, l'Allemagne et le Danemark ont annoncé qu'ils donneraient chacun un peu d'argent : quelques dizaines de millions d'euros, bien loin de l'enveloppe globale des coûts des pertes et dommages qui est estimée entre 290 et 580 milliards de dollars (Md$) par an dans les pays en développement d'ici à 2030, et jusqu'à 1 700 Md$ en 2050 !

Effets dominos

Ces questions financières concer- nent naturellement l'agriculture dans son volet «réduction des gaz à effet de serre» afin de contenir l'augmentation du réchauffement de la planète à + 1,5 % d'ici la fin du siècle. «Sauf que l'on s'achemine sur une courbe à + 2,5°C/+ 2,9°C», souligne Lola Vallejo. Ce qu'il faut limiter ce sont les effets dominos, a renchéri Alexandre Magnan, chercheur «adaptation au changement climatique» à l'Iddri. Pour lui, il faut partir du local, et des pratiques agricoles pour les rendre à la fois résilientes et productives.

Il restera à aborder le sujet du méthane des ruminants. «C'est un des enjeux de cette Cop mais on ne sait pas clairement où en est le dossier», ont indiqué les intervenants qui regrettent l'absence à Charm-el-Cheik «du plus grand émetteur : la Chine». Là encore, la partie n'est pas gagnée puisque deux philosophies s'affrontent : d'un côté, celle des États-Unis qui défend une vision «climato-intelligente» par la monoculture et, de l'autre, celle de l'Europe et du Farm to Fork qui veut réunir la biodiversité et le climat. «Une chose est certaine : la décennie qui vient sera critique en termes d'atténuation et d'adaptation au changement climatique», conclut Sébastien Trayer.

Réagissez à cet article

Attention, vous devez être connecté en tant que
membre du site pour saisir un commentaire.

Connectez-vous Créez un compte ou

Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Oise Agricole se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,