Quelle est l'efficacité des Cipan ?
Pourvu qu'il soit correctement installé à l'automne, un couvert végétal à l'interculturel est le levier le plus efficace pour limiter les transferts de nitrate dans les eaux de drainage.

La technique de la Culture intermédiaire piège à nitrate (Cipan),consiste à implanter un couvert végétal en fin d'été de manière à ce qu'il soit suffisamment développer début de saison de drainage. Ce couvert vivant puise l'eau et les nutriments nécessaires à sa croissance dans le sol. Il limite ainsi les volumes d'eau percolés et, surtout, séquestre temporairement l'azote minéral du sol, réduisant ainsi les quantités exposées à la lixiviation. A la destruction de la Cipan pour implanter la culture suivante, les nutriments stockés dans la biomasse du couvert vont être progressive-ment minéralisés. Une partie de l'azote piégé, et stocké sous forme organique, sera de nouveau disponible pour la culture suivante.
Ce qu'il faut retenir
Les mesures d'efficacité réalisées dans différents milieux paléoclimatiques, montrent une réduction de l'ordre de 50 % des pertes de nitrate par lixiviation en présence d'un couvert, comparé à un sol resté nu en période hivernale. Cette technique est plus efficace que l'incorporation de résidus de cultures au sol. Toutefois, il n'est pas toujours possible de la mettre en oeuvre en pratique dans certains sols très argileux ou lors de récoltes tardives de la culture précédente.Entre une culture de blé et de maïs,un couvert de repousses de céréales correctement développé permet également de réduire les pertes de moitié en comparaison avec un sol laissé nu. En succession colza/blé,les repousses de colza détruites début octobre pour semer un blé ont atteint une biomasse de 4,4 t/ha de matière sèche et absorbé40 kg N/ha. Lorsque le sol reste nu entre la récolte du colza et le semis du blé, les concentrations en nitrates sous la parcelle atteignent des niveaux élevés. En revanche, le maintien de repousses de colza,réduit fortement le lessivage, sur-tout dans le cas d'un semis précoce.Quand semer le couvert ?Pour que le couvert joue pleinement son rôle de Cipan, celui-ci doit être correctement installé en début d'au
tomne, de manière à limiter significativement le stock d'azote minéral du sol au démarrage de la saison de drainage. Pour une interculturel longue
- par exemple entre une céréale à paille et un maïs- nous recommandons donc de semer le couvert entre la fin août
-début septembre. A cette période,le risque de sécheresse est fréquentiellement moins élevé, et il est ainsi possible de réaliser des déchaumages et faux semis au préalable pour maintenir la propreté des par-celles. Les semis plus tardifs permettent rarement au couvert de se développer suffisamment en entrée d'hiver pour piéger le nitrate avant salixiviation. Des semis plus précoces(de fin juillet à mi-août) peuvent donner de bons résultats. Ils sont même indispensables avec certaines espèces exigeantes en température ou lumière (légumineuses, niger, sarrasin...) ou dans le cas d'implantation avant une céréale d'hiver. Ces semis précoces permettent par-fois les meilleurs développements du couvert en conditions optimales,mais peuvent être plus exposés au risque de manque d'eau à l'implantation et de montée à graine rapide de certaines espèces de cou-vert (sarrasin, moutarde, caméline...). Il n'est pas nécessaire d'avoir une bio-masse très importante pour piéger efficacement le nitrate : plus que la biomasse finale, c'est l'installation homogène et suffisamment précoce du couvert sur la parcelle en début d'automne qui joue. Pour éviter les effets dépressifs du couvert sur la culture suivante (assèchement du sol,blocage des éléments nutritifs, gène mécanique à l'implantation), il est important de détruire le couvert environ deux mois avant le semis de la culture suivante.
Quelle espèce choisir ?
Plus que l'espèce, c'est la qualité de l'installation du couvert en début de saison d'écoulement qui est déterminante pour l'effet Cipan. Le choix de l'espèce à implanter doit se faire en fonction de l'itinéraire technique envisagé pour l'implantation et la destruction du couvert. Bon à savoir, les légumineuses ont aussi un effet Cipan. Du fait de leur installation plus lente et de leur système racinaire moins performant,leur capacité à réduire le stock d'azoteminéral du sol en entrée d'hiver, bien que non nulle, est plus faible que celle d'une crucifère ou une graminée. En revanche, les légumineuses,par leur capacité à fixer l'azote de l'air, présentent un atout lorsqu'il s'agit de fournir de l'azote minéral à la culture qui suit. Aussi, ces espèces peuvent s'envisager en mélange avec une non-légumineuse de manière à obtenir un double effet : Cipan en automne hiver et «engrais vert» au printemps suivant.Les légumineuses pures sont, quant à elles, à réserver aux situations à faible risque de lessivage.
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