L'Oise Agricole 14 décembre 2023 a 10h00 | Par Pierre Poulain

Que d'eau ! que d'eau !

Tous les ans depuis près de 30 ans, le centre d'information sur l'eau recueille l'opinion des Français sur l'eau à travers une grande enquête, nationale et régionale, menée par l'institut Kantar.

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Si les Français continuent à une large majorité (78 %) à avoir confiance dans la qualité de l'eau du robinet, ils sont moins nombreux qu'en 2022 (- 7 points).
Si les Français continuent à une large majorité (78 %) à avoir confiance dans la qualité de l'eau du robinet, ils sont moins nombreux qu'en 2022 (- 7 points). - © pixabay

«Les Français craignent de manquer d'eau». C'est le premier enseignement que tire Nathalie Davoisne du traditionnel coup de sonde du C.I.eau pour connaître la perception des Français métropolitains sur l'eau. «Ils sont 71  % à ressentir cette crainte, soit le double d'il y a 27 ans, quand la mesure de l'opinion a débuté.» poursuit la responsable des relations extérieures, médias et études au Centre d'information sur l'eau. Entre temps, la menace sur la disponibilité de la source s'est révélée plus prégnante. Les différents épisodes de sécheresse, de canicule, le manque de pluie, même en hiver, ont d'ailleurs amené à davantage de mesures de restriction, parfois pendant des mois sur certaines communes. Des événements que, d'après l'enquête, les Français mettent en relation avec le dérèglement climatique. «Ces effets sont de mieux en mieux identifiés et témoignent d'une prise de conscience de l'opinion».

Une inquiétude qui ne concerne pas uniquement la quantité d'eau disponible, mais également la qualité. Près des trois quarts considèrent que nos ressources en eau sont polluées et les deux tiers estiment que cette pollution va s'accentuer dans les années à venir. Une vision «assez pessimiste de l'état des ressources» selon Nathalie Davoisne. «Ils sont d'ailleurs convaincus que cette pollution a un impact sur le prix du service de l'eau et sur la qualité de l'eau du robinet. Un peu comme si l'étape de traitement de potabilisation, entre la ressource et le robinet, n'existait pas ou n'était pas suffisante.»

Les Français sont-ils pour autant prêts à changer leur mode de vie  ? L'année dernière, ils étaient 89 % à le penser. Ils ne sont plus que 77 % aujourd'hui. «Comme si la sidération de l'été 2022 passée et l'année 2023 relativement épargnée en termes de manque d'eau avaient gommé, en partie, cette nécessité d'aller vers plus de sobriété». Si les Français continuent en grande majorité à mettre en pratique des gestes simples pour économiser l'eau (prendre une douche de moins de 5 minutes plutôt qu'un bain, être attentif aux éventuelles fuites, utiliser des réducteurs de pression...), on constate cependant un léger fléchissement sur l'ensemble des écogestes déclarés. «S'ils veillent aux quantités d'eau consommées, c'est d'abord pour des raisons pécuniaires, bien avant les motivations liées à l'environnement».

Le prix au m3 ignoré ou surévalué

Quand on leur demande le prix du m3 d'eau, les deux tiers sont incapables de répondre et le dernier tiers avance un montant surévalué (4.34 EUR en moyenne / 5,80 EUR). «A contrario, ils ont une estimation plus juste de leur dépense en eau.» (434 EUR en moyenne / 356 EUR). C'est pourquoi le Centre d'information sur l'eau préfère parler «budget dépense en eau» que prix du m3. Ils sont alors plus nombreux à trouver que l'eau est chère et qu'elle le sera davantage dans les prochaines années. «C'est un pronostic qui repose sur une prise de conscience des enjeux auxquels les services d'eau devront s'adapter comme le manque d'eau, l'inflation et l'augmentation du prix des traitements.»

Les Français (95 %) savent aussi que l'eau produite au robinet est encadrée et sont 78 v% à trouver les normes suffisamment exigeantes. «L'eau au robinet fait l'objet de plus de 18 millions de contrôles par an auxquels s'ajoutent 10 millions d'analyses réalisées par les opérateurs de l'eau, ce qui en fait le produit alimentaire le plus contrôlé en France.» Une confiance des Français élevée mais qui connaît une baisse sensible (- 7 points) par rapport à 2022. Leur exigence vis-à-vis du process de contrôle s'accroît alors que se met en place un nouveau dispositif réglementaire et qu'ils perçoivent davantage les effets de la pollution. «Plus de molécules sont aujourd'hui recherchées, mais cela ne signifie pas que la qualité se soit dégradée» souligne Nathalie Davoisne. Pour autant, les Français sont toujours aussi nombreux à déclarer consommer de l'eau du robinet (66 %), soit un écart de 18 points avec les déclarations d'eau en bouteille.

Plébiscite la réutilisation des eaux usées

59 % des interrogés estiment que les actions mises en place pour préserver la qualité des ressources en eau ne sont pas suffisantes. «Ce sont d'abord des autorités publiques, c'est-à-dire du gouvernement et des communes, que sont attendues les solutions.» Seuls 13 % pensent que celles-ci devraient être portées par les particuliers. Et si les sondés ont bien compris la nécessité de protéger davantage la ressource, ils sont particulièrement en attente de solutions technologiques. «La réutilisation des eaux usées traitées est une solution largement citée (81 %), notamment pour soutenir l'agriculture ou l'industrie. Elle arrive même devant la nécessité de changer les habitudes de consommation.»

Mais les Français sont-ils prêt à payer le prix de ces innovations  ? «Sur le principe, une majorité de oui se dessine, plus ou moins forte selon les solutions». 62 % consentent à payer l'eau du robinet plus cher pour éliminer les pesticides. Ils ne sont plus que 53 % pour financer les technologies permettant de limiter les fuites sur les réseaux de distribution de l'eau (capteurs). Quant à financer des solutions de recyclage ou de réutilisation des eaux usées traitées, solution plébiscitée, ils sont 57 %. À la vôtre !

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