L'Oise Agricole 06 février 2020 a 09h00 | Par Agence de presse

Produire des pommes de terre, entre demande et surcoûts

Le congrès de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), qui s’est tenu le 28 janvier à Paris, constate un élargissement des débouchés et des coûts de production croissants.

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La demande de pommes de terre est dynamique, mais des surcoûts nouveaux apparaissent et la répercussion sur les prix proposés par les acheteurs ne suit pas, selon l’UNPT.
La demande de pommes de terre est dynamique, mais des surcoûts nouveaux apparaissent et la répercussion sur les prix proposés par les acheteurs ne suit pas, selon l’UNPT. - © Pixabay

À leur congrès annuel, qui s’est déroulé le 28 janvier à Paris, les producteurs de pommes de terre ont évoqué deux logiques qui se contredisent de plus en plus : les marchés s’ouvrent, mais les coûts de production augmentent toujours. La table ronde organisée par l’UNPT en seconde partie de son congrès a mis sur la table ces contradictions et les pistes, pour alimenter des réflexions ultérieures. Le premier constat est que la demande de pommes de terre est dynamique. La conjoncture sur le marché du frais est «très favorable», a indiqué Arnaud Delacour, président de l’organisation. Le rapport d’orientation présenté au congrès a rappelé la persistance d’une tendance relevée par une étude de FranceAgriMer en 2017, selon laquelle les États membres récemment entrés dans l’UE augmenteront fortement leurs importations pour la consommation en frais, à l’exception de la Pologne.

L’industrie belgo-néerlandaise est toujours moteur

En outre, l’industrie belge et néerlandaise de la frite est toujours le moteur de la demande de pommes de terre françaises, et on ne voit pas, à l’horizon, d’affaiblissement de cette tendance. L’exportation française, toutes catégories confondues (frais et industrie) est passée de 2,2 millions de tonnes (Mt) il y a moins de cinq ans à 3 Mt. Alors qu’au début des années 2000, la pomme de terre française s’exportait surtout en Espagne, Portugal, Italie et Grèce sur le marché du frais, le débouché principal est désormais l’industrie de la transformation implantée en Belgique et aux Pays-Bas. Au moins une usine de production de frites surgelées devrait être construite encore en Belgique prochainement et, fait nouveau, peut-être une en France, a-t-on appris au congrès. Cette tendance continue sur sa lancée, car les marchés des pays émergents sont loin d’avoir atteint le stade de la maturité. «Sur sept milliards d’habitants dans le monde, seulement un milliard, qui peuplent l’Europe et l’Amérique du Nord, n’augmentent plus leur consommation de frites. Il reste six milliards pour lesquels la consommation de frites peut augmenter», a précisé Bertrand Ouillon, économiste à l’UNPT. L’Amérique du Nord concurrence l’industrie européenne sur les marchés sud-américains (Colombie, Argentine, Brésil), mais l’UE est compétitive, parce que les navires qui expédient des frites surgelées ont un retour de fret tout trouvé, avec l’exportation de viande bovine sud-américaine.

L’industrie de la fécule, quant à elle, manque de pommes de terre, du fait de marchés actifs tant sur le marché intérieur qu’à l’export pour la fécule, qui se vend bien dans l’industrie alimentaire. Mais aussi à cause de bas rendements de pommes de terre féculière ces dernières années sur fond de sécheresses estivales à répétition. Les industriels cherchent des producteurs, mais ceux-ci ne se bousculent pas pour en produire, le prix de vente sortie exploitation (60 à 70 E la tonne) n’étant pas encore assez incitatif, selon l’UNPT.

Difficile de répercuter les surcoûts

Parallèlement à ces appels du marché, les producteurs font face à une «explosion des coûts», a souligné Arnaud Delacour dans son discours de clôture. Ils peinent à répercuter leurs surcoûts en aval dans leurs contrats de récolte 2020. Ces surcoûts sont dus à la fin des défanants historiques, à la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD), au développement des techniques alternatives et à la mise en oeuvre des zones de non-traitement (ZNT), selon l’organisation des producteurs. Elle mentionne aussi la hausse du coût de l’irrigation et l’augmentation des risques liée, notamment, au dérèglement climatique et à la suppression de molécules phytosanitaires. L’UNPT pointe surtout, à partir de juillet, la suppression du CIPC (antigerminatif) pour la conservation des pommes de terre. Sa suppression entraînera, selon le syndicat, un surcoût pouvant atteindre 15 E/tonne de pommes de terre, «sans compter le nécessaire nettoyage des bâtiments, ainsi que leurs mises aux normes». Sur la base des premières propositions de contrats reçues par les producteurs en ce début 2020, l’organisation constate une «non-prise en compte par certains acteurs de l’aval des hausses massives des coûts de production». «Nous demandons que les contrats proposés garantissent a minima les coûts de production», a martelé Arnaud Delacour.

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