Pressé, le travail du viticulteur se fait quand même en sécurité
Début septembre, les représentants de différents collèges de la MSA de Picardie se sont rendus dans un centre de pressage dans l'Aisne pour une journée d'échanges sur les risques professionnels en viticulture et les façons de les éviter.
Éric et Philippe Mallet sont des hommes pressés, surtout lorsqu'arrive les premières vendanges. Vignerons sur la commune de Trélou-sur-Marne (02), ils exploitent respectivement 10 et 8 ha de vignes en AOC Champagne. Depuis 1982, les deux frères disposent également d'un pressoir qui leur sert à transformer leur propre production, mais aussi celles d'autres propriétaires. «Bon an mal an, on écrase une soixantaine d'hectares chaque année pour un million de kilos de raisins», expliquait Éric Mallet le 1er septembre dernier à l'occasion d'une visite de ses installations par les élus de la MSA de Picardie membres des Comité de protection sociale des salariés (CPSS) et du Comité de protection sociale des non-salariés (CPSNS). Pour la MSA de Picardie, «la viticulture est une part non-négligeable de l'activité», rappelait son directeur adjoint, Pierre Orveillon. La Picardie compte en effet 580 exploitations viticoles affiliées à la MSA ; laquelle gère également la protection sociale d'environ 8 000 à 10 000 vendangeurs saisonniers chaque année.
Accompagner l'investissement
En période de vendanges plus particulièrement, l'activité est intense au pressoir comme dans les vignes aux alentours. Compte-tenu de l'objet de la visite des élus de la MSA, - «faire le point sur ce que l'on accompagne et que l'on finance», selon les mots de son président, Antoine Niay -, Eric Mallet détaille les «zones à risques» de son métier, en particulier en ce qui concerne la manutention au pressoir et les travaux de récolte dans les vignes. En 2019, le pressoir de Trélou-sur-Marne a ainsi investi 30 000 EUR pour l'installation de barrière-écluse en haut de sa passerelle de déchargement des caisses de raisin.
Les ouvriers chargés de faire basculer les livraisons de raisin dans des pressoirs sont logés à environ 4 m de haut, et toujours en mouvement. Pour Éric Mallet, la barrière-écluse est «un bon outil» parce qu'elle laisse plus de liberté de mouvement qu'un harnais individuel. Mais cela a un coût auquel la MSA de Picardie a participé à hauteur de 9 000 EUR. Dans la cuverie, une plateforme individuelle roulante légère (PIRL) a aussi été installée pour visiter chaque cuve en toute sécurité.
Sensibilisation et petits gestes
Pour Antoine Niay, «on peut penser que la prévention coûte cher, mais c'est un coût moins important que celui de la réparation quand un accident se produit». Et le président de poursuivre : «La prévention, on ne la compte pas toujours, mais elle permet dans certains cas de revoir l'organisation du travail dans une entreprise, d'impliquer les salariés... Mais c'est aussi cela qui fait évoluer certains matériels.» La statistique n'est pas nouvelle mais elle fait toujours autant froid dans le dos : «En moyenne, un accident par chute, c'est 80 jours d'arrêt de travail, rapporte Reynald Fraisy, conseiller en prévention. La chute de hauteur concerne tous les métiers et toutes les activités.» «Avec des installations comme celles-là, on ne peut pas se permettre d'avoir des accidents», témoigne quant à lui Éric Mallet. Autrement dit, il faut que les installations «tournent», sans accroc ni incident. «Ce type d'équipements, c'est à recommander. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on s'intéresse aux conditions de travail de nos salariés», poursuit le viticulteur qui bénéficie aussi d'un contrat de prévention.
Ainsi, quand ce ne sont pas les matériels de l'exploitation viticole qui sont «auscultés» par le service «prévention» de la MSA, ce sont les salariés employés par Éric et Philippe Maillet qui bénéficient d'ateliers de sensibilisation aux bons gestes pour être en forme au travail.
Au cours de ces ateliers, dont neuf entreprises viticoles de Picardie ont déjà bénéficié, «on parle de la problématique ostéo-articulaire, d'exercices à faire pour gagner en souplesse, de séances d'étirement et d'échauffement...», détaille Reynald Fraisy. Et de conclure la journée par une formule bien connue, et toujours efficace : «Il vaut mieux prévenir que guérir.»
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