L'Oise Agricole 26 janvier 2024 a 07h00 | Par Vincent Fermon

Pour 2024, Sodiaal espère faire aussi bien qu’en 2023

S’appuyant sur une nouvelle formule de prix depuis 2023, la coopérative Sodiaal espère sortir gagnant des négociations commerciales. L’enjeu ? Maintenir la collecte et le nombre d’éleveurs à niveau constant dans le nord de la France.

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En 2023, le prix moyen aux 1.000 litres payé par Sodiaal Nord s'élève à 448 euros.
En 2023, le prix moyen aux 1.000 litres payé par Sodiaal Nord s'élève à 448 euros. - © Costie Pruilh / Réussir

Après Aumale (76) l’an dernier, c’est à Saint-Laurent-Blangy (62) que les élus de la région Nord de la coopérative Sodiaal ont tenu leur traditionnelle réunion d’information le 19 janvier dernier. Au programme, un rappel sur l’organisation de la coopérative -pas forcément le moment le plus attendu -, un point sur les marchés, la formule de prix à la sauce Sodiaal ou encore les actualités de la coopérative.

Maintenir un prix rémunérateur

En ce qui concerne le prix du lait, Anne-Sophie Delassus le reconnaît : «Nous ne sommes pas parmi les entreprises qui payons le plus cher, mais nous subissons aussi moins les baisses quand il y en a…»

La productrice installée à Bissezeele (59) est depuis juillet 2023 la présidente de la région Nord de la coopérative Sodiaal, succédant à Olivier Gaffet. En 2023, le prix moyen aux 1.000 litres payé par Sodiaal Nord s’élève à 448 €. En 2022, il était de 414 €/1.000 litres contre 340 €/1.000 litres en 2021 et 325 €/1.000 litres en 2020.

«En l’espace de deux ans, le prix payé par Sodiaal a ainsi progressé de 31,7%», a souligné Mme Delassus.

Pour expliquer ce résultat, les responsables de Sodiaal expliquent avoir réussi à «faire passer des hausses auprès de nos clients de la GMS», et s’appuient sur une nouvelle formule de fixation du prix – les prix A et B ont été abandonnés au profit d’un prix unique – qui dépend moins des fluctuations du marché beurre-poudre.

Pour 2024, alors que les négociations commerciales ne sont pas terminées, Sodiaal espère «au moins» obtenir le même niveau de prix de la part des GMS, ce qui conditionnera pour 48 % le prix du lait ; les 52 % étant dépendants du marché BtoB (38 %) et du prix beurre-poudre (15 %).

«Le prix d’aujourd’hui est un prix normal pour rémunérer correctement les éleveurs», a défendu Jérémy Vimbert, président de la section Normandie. «En engageant un bras de fer avec la grande distribution, on prend le risque de perdre des parts de marché, mais c’est un risque que l’on assume pour ne pas perdre d’éleveurs», a de son côté rappelé Olivier Thibaut.

Travailler le volet social et environnemental

Dans un contexte de prix plus favorable que par le passé, la coopérative est-elle en capacité de proposer des volumes supplémentaires à ses adhérents, voire en accueillir de nouveaux ?

«Si un producteur vient nous voir, on étudiera son dossier en conseil de région puis en conseil d’administration, mais nous n’irons pas chasser sur les terres des autres», répond Anne-Sophie Delassus.

Quant à l’attribution de volume supplémentaire, «on fait preuve de plus de souplesse qu’auparavant, mais la condition reste de prendre des parts sociales.»

Autre sujet abordé pendant la réunion, l’empreinte carbone de l’élevage laitier. Pour Anne-Sophie Delassus, cela ne fait pas de doute : «Un producteur qui améliore son empreinte carbone améliore en même temps son revenu».

Comment expliquer alors que les éleveurs engagés se soient pas plus nombreux ? Luc Verhaeghe pense avoir un début d’explication : «Le souci, c’est que nous n’avons pas assez mis en avant les bénéfices du diagnostic Cap2'ER, notamment sur le plan économique…»

Une question de coût ? Pas forcément selon Jérémy Vimbert, «mais le temps à y passer». Selon Olivier Thibaut, «pour certains producteurs, c’est beaucoup de papiers à faire. C’est encore une démarche administrative supplémentaire…»

Pour conclure la réunion, les responsables de Sodiaal ont présenté les nouveautés de la coopérative en matière d’accompagnement des jeunes (via la Sodiaal Box), la stratégie de communication de l’entreprise, un nouvel aide pour accompagner les éleveurs sur le volet social – la Happy Box est une offre dédiée à l’emploi – et, enfin, une dégustation de nouveaux produits.

Anne-Sophie Delassus : «Nous sommes dans une région qui reste favorable à l’élevage», mais…

Alors que la collecte nationale de lait est annoncée en diminution, la région Nord de la coopérative Sodiaal affiche plutôt une stabilité des volumes collectés. Pour Anne-Sophie Delassus, cela ne fait aucun doute : «notre région reste favorable à l’élevage laitier». Quant à Sodiaal, «nous restons le premier collecteur de la région». Concrètement, l’organisation territoriale de Sodiaal repose sur quatre sections. Géographiquement la plus septentrionale, la section Côte d’Opale compte 295 producteurs pour 159 millions de litres collectés. À l’ouest, la section Normandie regroupe 321 producteurs installés dans l’Eure et la Seine-Maritime pour un volume de 189 millions de litres. À l’est, la section Nord-Ardennes rassemble 228 producteurs produisant 141 millions de litres. Enfin, entre les deux, la section Picardie et ses 317 producteurs pour un volume collecté de 177 millions de litres. Cette section, c’est celle dont dépend l’éleveur de l’Oise, Vincent Verschuere. La situation dans laquelle est empêtrée le producteur n’a pas manqué de susciter l’émoi : «Malheureusement, Vincent Verschuere n’est pas un cas isolé… C’est l’arbre qui cache la forêt», regrette Olivier Thibaut. «Pour la coopérative, comme pour les producteurs, cette affaire est compliquée et une menace pour la pérennité de nos métiers.»

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