Post-confinement : un atout pour le tourisme rural ?
Secteur fortement touché par la crise sanitaire, le tourisme retrouve peu à peu de la vivacité. Mieux encore, tout laisse à croire que la période de confinement a pu créer un intérêt certain pour passer des vacances au vert.
Et si le confinement n’était plus qu’un mauvais souvenir ? C’est ce que laisse à penser l’intérêt nouveau des Français pour les territoires reculés, moins peuplés, qu’offre le tourisme rural.
«Nous avons subi un arrêt complet et brutal durant deux mois, avec une double peine pour les départements situés en montagne dont la saison n’était pas encore terminée. Dès la fin du confinement, les demandes de réservation ont afflué pour l’Ascension et Pentecôte. Désormais, les réservations s’accélèrent pour l’été et la réouverture des sites touristiques (restaurants, musées, parcs, etc.) nous sauve. Malgré tout, nous devons encore faire face à des annulations pour ce mois de juin», explique Pascal Bos, président de l’association régionale des Gîtes de France.
Certains départements, comme la Loire, auraient cependant été moins impactés par la crise, du fait d’un attrait touristique moins important. «La saison risque d’être très hétérogène, en fonction des départements, des types d’accueil, etc. Nous remarquons un élan dans les réservations de gîtes, mais enregistrons toujours des annulations. L’agrotourisme redémarre timidement…», note Hervé Roux, représentant régional du réseau Bienvenue à la Ferme, et président de l’antenne drômoise. L’agriculteur est toutefois inquiet pour les fermes découvertes, fermes pédagogiques ou locations de salles, qui sont toujours à l’arrêt, de même que certaines piscines ou centres aquatiques : «Si des maillons manquent à la chaîne du tourisme, cela risque de porter préjudice à l’ensemble de la filière».
Depuis la réouverture des hébergements, la mise en place d’un protocole sanitaire est obligatoire. «Nous l’avons élaboré avec le conseil interministériel du tourisme. Il peut être évolutif en fonction de la propagation de la pandémie», poursuit-il. Des règles sanitaires réclament une certaine logistique. «Certains agriculteurs n’ont pas encore remis leurs biens en location», rajoute Hervé Roux. «Nous sommes tous un peu dans l’expectative quant à la saison estivale. Pour autant, on s’attend à un taux de remplissage assez intéressant. L’activité redémarre progressivement».
«Certains propriétaires proposent des randonnées avec des ânes, des accompagnements pour des balades en vélo… cela sera possible mais devra se faire dans le respect des gestes barrières», note Pascal Bos.
Vers une mise au vert ?
Pour beaucoup, le confinement a été vécu comme une période d’angoisse, avec le besoin de prendre un bon bol d’air frais. Le confinement sera-t-il donc une opportunité pour le retour des touristes en zones rurales ? «On imagine que les gens préféreront partir au fin fond de la Drôme plutôt que de faire la queue devant le Musée d’Orsay (rires). Les gens ont besoin d’espace. Il y a donc une épingle à tirer du jeu, d’autant plus qu’on encourage tous les jours les Français à passer leurs vacances sur le territoire. On espère donc un retour aux fondamentaux. Chez Gîtes de France, nous avons d’ailleurs toujours prôné un tourisme bienveillant et de proximité», poursuit Pascal Bos.
Du côté du réseau Bienvenue à la Ferme, les espérances sont semblables. «Le monde agricole s’est doté d’une nouvelle reconnaissance durant la crise sanitaire. Mais l’agriculture ne concentre pas uniquement son activité sur des produits alimentaires. Elle est multi-facette : c’est aussi des services, des accueils à la ferme, etc. J’espère donc que les Français vont privilégier l’agrotourisme pendant la saison estivale, même s’il est encore difficile de faire des prévisions», prévient Hervé Roux.
Pour autant, la concurrence s’annonce rude cette saison. «Le volume de communication va être augmenté pour redynamiser le réseau Bienvenue à la Ferme et encourager les touristes à venir dans nos territoires», indique Hervé Roux.
L’an dernier, Gîtes de France avait lancé une campagne publicitaire nationale intitulée «Partageons des moments uniques», mettant en scène des hébergements uniques, tenus par des propriétaires aux profils différents. «Nous allons relancer cette campagne en souhaitant que les bonnes résolutions du consommer local et du partir en vacances en France perdurent», avoue Pascal Bos. «2020 sera une année à oublier. Il faut savoir gérer l’après crise et trouver par quels biais nous pouvons tous communiquer ensemble, sans se faire concurrence», conclut-t-il.
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