Portrait d'une jeune passionnée : Maya, agent de remplacement agricole
Maya, 21 ans, a choisi de devenir agent de remplacement. Un métier méconnu mais essentiel, qui lui permet de vivre sa passion des animaux.
Le ciel prenait déjà une teinte orangée. Le soleil commençait, lentement mais sûrement, à décliner et disparaître. Mais on y voyait encore clair quand Maya déboula sur la ferme d'Alexandre Pelletier, au Hameau de Bailly, près de Beauvais.
Un peu intimidée par la présence d'un micro accroché à sa combinaison, elle hésite quelques secondes alors qu'elle se dirige vers la salle de traite : «Comment je fais d'habitude ?» Cela fait une semaine maintenant que la jeune femme vient sur cette exploitation en tant qu'agent du service de remplacement de l'Oise, pour suppléer quelques heures l'exploitant en congé paternité. Après elle, d'autres agents viendront prendre le relais. «Là je mets le tank en route. Un seul moteur sur les deux pour ne pas que ça disjoncte. Et je vais remplir mes produits de trempages. Ensuite, je ferme mes pinces et je décroche les griffes.»
Une fois la salle de traite en route, accompagnée de Guillaume, le salarié de l'exploitation, elle fait rentrer les vaches, qui esquissent presque toutes un mouvement de recul en sortant de l'air d'attente à la vue d'un intrus avec son appareil photo braqué sur elles, avant de se placer en épis, comme de vieilles habituées. «Il faut les serrer un peu pour qu'elles rentrent bien à huit.» Maya commence par nettoyer méticuleusement les trayons, pour assurer une traite hygiénique, puis installe la machine sur le pis de la vache. «Pendant que le lait s'extrait, on va faire rentrer des vaches de l'autre côté.» Une centaine de Prim'Holstein vont se succéder ainsi, huit par huit sur chacun des quais, pendant un peu moins de deux heures (nettoyage de l'espace de travail compris). Un travail parfois répétitif, mais jamais monotone. «Hier soir elles n'ont pas arrêté de bouger. Des bouses du début à la fin !»
«Si on n'aime pas ça, inutile de se lancer»
Depuis un an et demi qu'elle est agent de remplacement, ses missions l'amènent à voyager très régulièrement de fermes en fermes, au grès des congés maladies, parentaux, les formations ou des vacances. «Je vais faire trois fermes en trois jours la semaine prochaine. Pour certaines je devrais aussi nourrir et pailler». Un rythme qu'elle dit lui convenir : «J'ai été salarié agricole mais je me lasse vite. Alors pourquoi ne pas faire du remplacement et changer tout le temps ? Aujourd'hui je suis en CDI intermittent, que je complète avec un temps partiel administratif. Je vois plein de choses différentes.» Reste que la traite, comme chacun sait, c'est du lundi au dimanche, matin et soir, toute l'année. «Il faut être motivé, on peut avoir des missions le week-end. Si on n'aime pas ça, ça ne sert à rien de se lancer.»
La motivation, Maya l'a. La passion aussi. «Les vaches c'est toute ma vie, j'adore ça. Je me suis découverte dans les vaches. J'y suis à l'aise, confie-t-elle. Petite, je voulais déjà être auprès des animaux. Je me suis même orientée vers les chevaux mais j'ai été déçue. J'ai eu un déclic lors d'un stage découverte dans une ferme.» Elle poursuit donc sa formation dans le milieu agricole et entre à la MFR de Songeons pour un Bac pro CGEA puis un CS lait. Un choix qui n'a pas forcément été bien vu dans son entourage, hors milieu agricole. «On m'a dit : tu ne vas tout de même pas traire des vaches toute ta vie ! Mais maintenant je suis la fierté de mes grands parents !» Pour l'agente, l'autre motivation réside aussi dans le rapport humain, «avec les agriculteurs auprès de qui on peut apprendre beaucoup. On a envie que les éleveurs soient contents de notre travail.»
À 21 ans, la Normande - elle a grandi à Ménerval (76) - n'envisage pas encore de s'installer. «J'aime ce que je fais. Je vadrouille.» Et si, un jour - qui sait ? - un projet devait se profiler : «Un élevage laitier», sourit-elle. Pour l'instant, c'est plutôt l'achat d'une maison qui la préoccupe. «Je compte m'installer dans l'Oise pour être davantage disponible pour des missions.»
En attendant, elle s'investit dans le monde agricole et adhère aux Jeunes agriculteurs de l'Oise. «Je les ai rencontrés pour la première fois lors d'un événement auquel m'a emmené mon ancien maître de stage.» Depuis elle s'active au sein de la section de Songeons. «Nous sommes un bon groupe de 45 cotisants.»
La salle de traite lavée, le son saccadé de la pompe ne rythme plus l'atmosphère. Maya part repousser le maïs dans l'étable et jette un oeil sur le troupeau «voir s'il n'y a pas eu de vêlage» avant de nettoyer ses bottes et de commencer son week-end, sans mission.
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