Porc : la FNP craint une «rentrée de tous les dangers»
Si l’année 2017 a permis aux producteurs de porc de reprendre leur souffle, la Fédération nationale porcine (FNP) alerte sur les risques qui pèsent sur la filière.
Pour Paul Auffray, la rentrée 2018 est «la rentrée de tous les dangers». Le président de la Fédération nationale porcine (FNP), qui a tenu un point presse le 6 septembre, l’a rappelé : la conjoncture l’inquiète d’autant plus «que la situation est fragile depuis plusieurs années. Malgré une bonne année 2017, les producteurs n’ont pas pu faire des réserves», pour supporter une nouvelle crise. Or, plusieurs éléments menacent la filière, en premier lieu la hausse brutale des matières premières depuis deux mois (énergie et alimentation, alors que ce dernier poste représente plus de 70 % des coûts de production). En intégrant les couvertures prises par les éleveurs, cette hausse représente 4 à 5 e de surcoût par porc en septembre, mais si la situation perdure, ce surcoût risque d’atteindre rapidement 10 e par porc, redoute la FNP. Sans compter un possible «effet ciseau», insiste Paul Auffray, en cas d’orientation à la baisse des cours de la viande.
Fixer un prix conforme au marché
Car, à côté des prix des concurrents européens, notamment allemands et espagnols, les prix du porc français sont en décalage, avec en moyenne 7 centimes de moins par kilo de carcasse. Une situation qui s’explique par plusieurs facteurs. Depuis le départ des deux plus gros opérateurs, Bigard et Cooperl, du marché de Plérin, en 2015, les cours n’évoluent pas suffisamment par rapport au marché. Ainsi, quand la Cooperl a décidé de baisser ses prix de 4 centimes, «cette décision a figé le marché à Plérin depuis six mois».
L’organisation des producteurs est également en cause, détaille de son côté Mickaël Guilloux, secrétaire général de la FNP : «Il faut mutualiser l’offre, massifier, pour rééquilibrer le rapport de force face aux abatteurs.» Et si les OP et les coopératives se sont regroupées, elles se préoccupent davantage de «gérer les flux» que de développer «le volet commercial», regrette Paul Auffray, rappelant qu’il s’agit pourtant de leur principale mission. La FNP souhaite donc que tous les opérateurs participent à la construction d’un prix collectif, pour ne pas tirer systématiquement les prix vers le moins disant. Ce qui peut également passer par la construction d’indicateurs, prévus dans le plan de filière rédigé dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation. «On va pousser au niveau de l’interprofession pour prendre en compte nos coûts de production», de sorte à apporter «de l’objectivité» dans les négociations commerciales, insiste le président de la FNP.
Vigilance sur la fièvre porcine africaine
Par ailleurs, dans une conjoncture peu favorable aux éleveurs porcins, le développement de la fièvre porcine africaine inquiète la FNP, qui diffuse un certain nombre de recommandations pour éviter la propagation de la maladie en France. Ce scénario serait, en effet, catastrophique vis-à-vis des exportations, notamment vers l’Asie, gros importateur. La FNP incite donc à éviter les mouvements de personnes, de camions de transport, et à suspendre les échanges commerciaux de produits porcins, entre l’Europe de l’Ouest et les huit pays touchés par la maladie, y compris dans les zones indemnes de ces pays. L’organisation va également diffuser un document rappelant les règles et les pratiques de biosécurité auprès des éleveurs porcins.
Etiquetage d’origine
L’expérimentation de l’étiquetage de l’origine de la viande et du lait, autorisée par Bruxelles pour deux ans, touchera à sa fin en décembre 2018. D’après un suivi réalisé par Inaporc, les résultats sont positifs. Ainsi, 85,3 % des références «viandes et charcuteries» (hors plats préparés et charcuteries pâtissières) respectent l’accord interprofessionnel volontaire et/ou le décret mettant en place cette expérimentation, en indiquant l’origine de la viande. Par ailleurs, la part des produits, qui affichent le logo «Le Porc Français», est en hausse de 2,5 %, représentant un produit sur trois dans les rayons. La FNP demande donc la reconduction de cette expérimentation, qui répond à une forte demande du consommateur.
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