L'Oise Agricole 02 avril 2022 a 09h00 | Par R.M.

Plants de pomme de terre : des blocages post-Brexit

Suite à l'interdiction de l'UE d'importer des semences de pomme de terre en provenance du Royaume-Uni dans le cadre du Brexit, les négociants européens de pomme de terre (Europatat) demandent à la Commission européenne de trouver un accord avec Londres pour que le commerce bilatéral puisse redémarrer.

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- © Thomas Haley

Depuis le 1er janvier 2021 (entrée en vigueur formelle du Brexit) l'UE interdit l'importation de semences de pomme de terre du Royaume-Uni. L'association européenne du commerce de la pomme de terre (Europatat) a demandé à la Commission européenne, le 16 mars, dans le cadre d'un échange de vues avec les eurodéputés de la commission de l'Agriculture, de «poursuivre le dialogue avec les autorités britanniques pour trouver des solutions à long terme permettant de reprendre le commerce bilatéral pour une période initiale de trois à cinq ans».

Avant le Brexit, l'organisation précise que «le Royaume-Uni fournissait à l'UE 25 000 t à 30 000 t de semences de pomme de terre. L'Irlande notamment importait 5 000 t chaque année, soit 79 % de toutes ses importations, en provenance d'Écosse». Et d'ajouter que «certaines des variétés de semences les plus utilisées ne sont disponibles qu'en Écosse, ce qui crée un vrai problème pour les filières européennes». En Espagne par exemple, 30 % des besoins dépendent du Royaume-Uni. «Concernant les Pays-Bas, cela pose de grandes perturbations au niveau des exportations. 50 % des semences figurant sur la liste des variétés du Royaume-Uni proviennent de sélectionneurs de l'UE, dont 90 % du commerce issus des semences néerlandaises», indique Europatat.

Une solution : l'alignement avec l'UE

La Commission européenne explique que «cette interdiction d'importer des semences de pomme de terre s'applique à tous les pays tiers, en dehors de la Suisse qui est alignée sur la législation sanitaire et phytosanitaire (SPS) de l'UE». Toutefois, elle précise qu'«une dérogation (qui prend fin dans deux ans) a été mise en place depuis 1975 pour le Canada et pour six variétés de pomme de terre à destination de six États membres». Mais de prévenir que «ce cas ne doit aucunement être utilisé comme un exemple». Pour la Commission, la seule condition pour relancer le commerce est «la mise en place par le Royaume-Uni d'un alignement dynamique à la législation européenne en matière SPS».

De leur côté, des eurodéputés appellent dès maintenant la Commission européenne à débloquer la situation et à trouver des solutions de long terme. Certains, comme Daniel Buda (Démocrates-Chrétiens, Roumanie) ou encore Luke Flanagan (Gauche, Irlande), se demandent pourquoi Bruxelles octroie une dérogation pour le Canada et pas pour le Royaume-Uni. Et dans le même temps, d'autres comme Annie Schreijer-Pierik (Démocrates-Chrétiens, Pays-Bas), ne comprennent pas la rigidité de la Commission sur cette question alors que la guerre en Ukraine oblige à plus de flexibilités au regard des enjeux liés à la sécurité alimentaire.

Panique chez les producteurs de pommes de terre européens

Début de semaine, le NEPG, qui regroupe les pays producteurs de pommes de terre du nord-ouest de l'Europe a alerté sur les conséquences de la guerre en Ukraine et l'augmentation des coûts de production. «La guerre en Ukraine fait hésiter les marchés de la pomme de terre sur la fin de cette saison et celle à venir», a ainsi souligné le NEPG. Sans noircir un tableau déjà sombre - l'activité de transformation dans la zone NEPG est bonne, fonctionne au maximum de ses possibilités actuelles et les transformateurs ont besoin de pommes de terre, note l'organisation -, «l'incertitude demeure concernant la disponibilité et les coûts de l'huile de friture, ainsi que les difficultés logistiques». Conséquence ? Des coûts de production plus élevés. Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine,

«le gaz, le pétrole et l'électricité ont vu leurs prix exploser», constate le NEPG. Et d'ajouter qu'il en est de même « pour les engrais ». Autre facteur d'inquiétude pour les organisations de représentation des producteurs de pommes de terre européens, une possible concurrence à venir avec les céréales, dont les prix s'envolent. «Des surfaces initialement destinées à la pomme de terre seront emblavées avec des céréales de printemps, du maïs grain ou du tournesol», rapporte le NEPG pour qui des hausses de prix de la part des acheteurs - qu'ils soient négociants, industriels et même consommateurs - sont indispensables.

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