Pac post-2020: le Parlement européen entame le débat
Un rapport du Parlement propose des outils pour lutter contre la volatilité.

Le Parlement européen a adopté le 14 décembre, à Strasbourg, par 445 voix contre 148 et 89 abstentions, le rapport d’Angélique Delahaye (France, groupe démocratechrétien, ancienne présidente de la Fédération des producteurs de légumes) sur «Les outils de la Pac permettant de réduire la volatilité des prix sur les marchés agricoles».
Un rapport qui préconise le renforcement de la contractualisation entre les différents acteurs de la chaîne alimentaire, une politique de soutien aux producteurs via des systèmes assurantiels et une amélioration de la transparence des marchés. «C’est un premier pas pour les réflexions en vue de la préparation de la prochaine Pac. C’est également un signal fort envoyé par le Parlement», a commenté la rapporteure.
Dans sa résolution, le Parlement européen juge tout d’abord «important de maintenir les aides directes découplées au titre de la Pac actuelle». Il demande, par ailleurs, à la Commission, de «faciliter la contractualisation en adaptant la politique européenne de concurrence aux besoins spécifiques du secteur agricole» et de «renforcer le pouvoir de négociation des producteurs dans la chaîne alimentaire», l’exécutif étant appelé à mettre en place un cadre législatif européen pour interdire les pratiques commerciales déloyales.
Des outils pour lutter contre les crises
Les eurodéputés recommandent aussi «le renforcement des outils de gestion des risques climatiques, sanitaires et économiques, notamment des différents types d’assurances contre les risques qui pèsent sur les productions agricoles, des mécanismes de provisions individuelles et des fonds de mutualisation ».
Selon eux, les fonds mutuels «ne doivent pas se substituer à l’aide fournie par l’Union» et «doivent pouvoir être combinés avec une aide nationale». Ils recommandent, parallèlement, «la création d’observatoires des prix agricoles européens couvrant la totalité de la chaîne, depuis le prix pratiqué par le producteur jusqu’au prix de vente final».
«La Commission doit utiliser tous les instruments d’ores et déjà en sa possession au titre de l’OCM unique pour lutter contre les crises», poursuit la résolution, qui demande aussi «la constitution d’une réserve de crise hors du budget de la Pac, qui puisse servir à financer les outils de gestion des crises».
Les parlementaires demandent aussi à l’exécutif européen «de réaliser une étude sur les moyens de mettre en place des mécanismes destinés à prévenir et combattre les crises imputables à la volatilité des prix, en faisant appel à des aides anticycliques, et de prévoir une plus grande flexibilité des budgets annuels, dans le respect de l’enveloppe financière pluriannuelle, afin de prendre en compte les aides anticycliques».
Organisations agricoles et impact du Brexit
Les interrogations soulevées par le Brexit - thème d’un dîner de travail des dirigeants des
Vingt-huit, le 15 décembre à Bruxelles -, notamment son impact sur la négociation du
prochain cadre financier pluriannuel de l’UE, ne permettront pas d’arriver dans les temps à
un accord sur la Pac post-2020. Bon nombre de présidents des organisations et coopératives
agricoles des Etats membres ont été pour le moins déçus par l’échange de vues qu’ils
ont eu le 9 décembre, au sein du Copa-Cogeca, avec le directeur général de l’agriculture de
l’exécutif européen, Jerzy Plewa.
Celui-ci s’est montré «très fermé» sur la portée du règlement omnibus, a ainsi regretté
Xavier Beulin, président de la Fédération nationale française des syndicats d’exploitants
agricoles (FNSEA), allant même jusqu’à remettre en cause la proposition de la Commission
de réduire de 30 % à 20 % le niveau de perte de revenu que doivent enregistrer les producteurs
d’un secteur donné, pour déclencher, via un fonds de mutualisation, l’outil de
stabilisation des revenus soutenu par le Fonds de développement rural européen.
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