On fait du lin pour un marché
Une réunion des producteurs de lin a eu lieu ce lundi 19 janvier après-midi à Beauvais, à l’initiative de la section lin de la FDSEA.

Le marché du lin va bien. Mais l’équilibre reste fragile sur ce marché étroit sur lequel quelques acheteurs, des Chinois essentiellement, tentent d’imposer leurs prix et leurs conditions. C’est ce qu’ont expliqué Alexandre Dugrosprez, président de la section lin de la FDSEA, et Alice Trotel, directrice de l’Association générale des producteurs de lin (AGPL), lors de cette réunion. «On fait du lin pour un marché» renchérissait Bertrand Gomart, président de l’AGPL, en demandant aux liniculteurs de chercher à reconduire les surfaces, bien que les prix actuels soient attractifs : le prix moyen français est actuellement à 2,17 € le kg de fibres longues.
Avec un rendement moyen de 1,45 t de filasse (7,74 t de paille) par hectare en 2014, cette culture permet de dégager une bonne marge qui pourrait inciter à une augmentation des surfaces.
On s’attend d’ailleurs à voir la sole française augmenter de 10 à 15 % en 2015. De plus, la demande est importante et les stocks ont baissé.
«On est dans une campagne où on démarre fort par rapport aux précédentes» disait Alice Trotel et les responsables professionnels rappelaient des années antérieures difficiles sur le marché et la forte dépendance de cette culture aux conditions climatiques.
2014 avait été de ce point de vue une année compliquée pour les liniculteurs et a donné des niveaux de qualité très différents. Or, la rémunération dépend directement de cette qualité, puisque les écarts de prix sont très importants à cause de déclassements de fibres longues qui vont parfois pour la corderie (en général, pour des lins qui ont subi un rouissage trop long) ou de lins à fibres courtes, vendus entre 60 et 70 € la tonne.
La différence de qualité à la récolte se voit aussi dans le rendement en filasse, qui baisse régulièrement sur les dernières années. Sur les lins récoltés en 2014, qui étaient généralement bons au moment de la récolte mais qui ont souffert d’une longue période de pluie après arrachage et/ou retournage, les opérations de teillages sont délicates et plus longues.
Mais les teilleurs cherchent à valoriser au maximum la filasse qui va facilement trouver acheteur. La demande est en effet très forte sur le marché, dans un contexte de stocks faibles.
Mais s’il y a une forte augmentation de surfaces ou de très bons rendements sur les prochaines campagnes, l’AGPL cherche à ce que les clients ne puissent pas voir des stocks de lins teillés et demanderait aux producteurs de stocker une partie de leur récolte en paille. Et ce ne serait qu’en dernier ressort qu’elle demanderait une diminution des surfaces, expliquait Bertrand Gomart.
Car les prix pourraient de nouveau baisser. Ils sont actuellement relativement élevés et il ne faut pas chercher une forte revalorisation : on s’approche du prix plafond en Chine, estimé à 270-280 $ la tonne, sinon les filatures vont partiellement y substituer d’autres fibres, des stocks de coton ont d’ailleurs été faits à des prix actuellement bas.
Qualité de la récolte
La qualité du lin textile n’est pas que le fait du producteur et des conditions pédo-climatiques. Il faut bien sûr chercher à produire propre, puisque la culture est très économe en intrants : inutile d’intensifier davantage. Le choix des dates d’arrachage, de retournage et d’enroulage doit être optimisé, mais on dépend là avant tout du temps qu’il fait. Mais il faut aussi veiller à la qualité de la récolte, sans écraser les plantes au sol. Or, l’AGPL constate un vieillissement du parc matériel (la plupart des machines a plus de 10 ans en Picardie) et elle cherche des financements pour aider à l’achat de nouvelles machines, dont le prix très élevé nécessite une utilisation sur au moins 200 à 250 ha par an.
Technique
Plusieurs points techniques ont été abordés lors de cette réunion par Delphine Cast, d’Arvalis-Institut du végétal. Elle rappelait la nécessité d’adapter les variétés aux conditions pédo-climatiques locales, en lien avec les teilleurs. Arvalis teste toujours les variétés en cours d’inscription et les derniers essais, dans lesquels les témoins étaient Aretha, Alizée et Eden, ont montré des gains de productivité pour certaines futures variétés, Damara en tête, suivie d’Evea, Evian, Axelle ou encore Aramis.
Le but des obtenteurs est d’améliorer le rendement et la précocité, mais aussi la résistance aux maladies (fusariose, oïdium et la brûlure, qui ne sévit pas en Picardie).
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